Le Hi-8 n’en finit pas de nous surprendre. Avec ce camescope hi8 non stabilisé, Canon marque un point. Les ingénieurs l’ont doté d’un système ATF: Auto Tracking Focus. Ce procédé permet de conserver la mise au point sur un sujet en déplacement quel que soit le cadrage. Une première dans le domaine. Un prix attractif.
Christian Dartevelle – septembre 1990
Camescope de poing particulièrement compact, le Canon E-800 est le deuxième Hi-8 de la marque. Outre un prix particulièrement attractif, il se distingue par un système de mise au point à suivi automatique du sujet principal. Cette innovation, baptisée ATF, pour « Auto Tracking Focus », s’inspire du principe des radars de l’aéronautique.
On sélectionne dans le viseur une zone délimitée par un rectangle collimaté correspondant au sujet choisi. Le système mémorise alors les déplacements qu’il suit, à condition d’être positionné sur une zone suffisamment contrastée. L’exemple type ? Un personnage en premier-plan évoluant devant un arrière-plan fixe. D’où la quasi-nécessité de sélectionner le cadre initial par un zooming avant destiné à obtenir un contraste et un positionnement adéquats. Pour les focales inférieures au 20 mm, le cadre se transforme en rectangle de périmètre réduit ; pour les focales inférieures, il prend la forme d’un carré plus largement dimensionné. Dans le viseur, le suivi est matérialisé par le déplacement du cadre autour du sujet.
La seconde innovation du Canon E-800 concerne le dispositif d’incrustation numérique destiné au titrage et à la création de génériques. Contrairement aux systèmes habituels qui se contentent de superposer sur une image un fond coloré (qui sert à titrer), ici le fond de couleur est transparent et l’image initiale reste visible dans la découpe opérée. On peut également inverser le processus et revenir au mode traditionnel d’incrustation.
Huit teintes sont disponibles, par appel séquentiel : rouge, vert, bleu, jaune, cyan, violet, noir et blanc. Les images restituées sont monochromes, sauf le noir qui reproduit un noir et blanc. Pour rendre la colorisation uniforme, il convient de laisser le bouchon protecteur sur l’objectif, lors de la mise en mémoire de la page de titre.
On peut aussi procéder à une mémorisation classique de titres, dessins et silhouettes se détachant sur le fond de couleur et les images monochromes, un peu à la manière d’un filigrane. Il est possible, également, de réaliser une superposition normale de ces titres, dessins ou silhouettes sur les images enregistrées. Les tracés correspondants seront à la fois « pastellisés » et transparents pour les images cadrées. L’utilisateur dispose donc de quatre possibilités d’incrustation numérique, avec dàns chacun des deux modes, l’affichage en direct ou en inverse des titres dans les images.
La troisième et très intéressante innovation consiste dans la mise en oeuvre d’un tout nouveau capteur CCD immunisé contre l’effet « Smear » qui se traduit principalement par des lignes verticales brillantes en présence de sources ponctuelles lumineuses intenses. Or, il faut bien le reconnaître, jusqu’à maintenant les capteurs montés sur les différentes versions de camescopes de la marque n’étaient pas toujours pleinement convaincants.
Cette fois, un progrès décisif a été accompli avec l’adoption d’un capteur de type FIT (Frame lnterline Transfert) fort peu sensible à ce genre de défaut. Conséquence pratique : les images cadrées, contenant dans leur champ des zones à haute luminosité, ne sont pratiquement plus marquées par les raies verticales. Mieux, l’effet de rideau lumineux que l’on pouvait constater dans certaines prises de vues à contre-jour a maintenant totalement disparu.
Comme il se doit pour un modèle High-Band, le capteur utilisé est un modèle à résolution élevée. La surface active de sa cible (il s’agit d’un modèle ¾ pouce) est constituée de 420.000 pixels, dont 390.000 utilisés directement à l’élaboration des images. Mesurée en sortie de la section caméra, la définition horizontale des images atteint sans difficulté 400 points/ligne, avec des contrastes et un rapport signal/bruit tout à fait satisfaisants.
Après enregistrement et lecture, et dans le cas de l’utilisation du camescope en mode Hi8, la définition horizontale demeure encore très convenable, aux environs de 380 points/ligne. L’heureuse surprise est créée par les résultats obtenus en mode d’utilisation mixte. C’est-à-dire avec un enregistrement effectué en composantes séparées (mode Hi-8) suivi par la lecture des signaux composites disponibles en sortie par la prise cinch.
Dans ce mode d’utilisation, la définition horizontale est de l’ordre de 340 points/ligne, soit davantage que celle du tube-image d’un téléviseur classique. C’est dire que les images apparaîtront nettement mieux définies que celles observées en mode de fonctionnement standard. A l’enregistrement, la sélection du mode Hi8 ou du mode standard s’opère par commutation automatique. Il est donc impossible d’effectuer des enregistrements standard sur une vidéocassette « ME». Sage décision, l’expérience ayant amplement démontré qu’une telle utilisation se soldait par de pauvres résultats.
Le rôle du capteur ne se limite pas à fournir des images de haute qualité. Certaines de ses sections constitutives sont également affectées à la mesure de l’exposition et à la correction de la température de couleur qui s’exercent sur 25 zones significatives. En ce qui concerne la mesure de l’exposition les résultats obtenus sont véritablement excellents en toutes circonstances.
Y compris dans le cas de contre-jours, dès lors que le sujet principal occupe une certaine surface de l’écran de visée. Pour la balance des blancs – automatique -, le bon équilibre des couleurs est réalisé dans la très grande majorité des cas. Compte tenu que la correction de la température de couleur s’effectue à travers l’objectif. Attention aux gros plans ou aux cadrages de zones monochromes importantes. Dans cette double éventualité, il convient de passer en mode manuel qui correspond à la mémorisation d’une valeur de correction de la balance des blancs. Celle-ci doit s’effectuer à partir d’une surface blanche éclairée par la lumière ambiante, couvrant si possible la totalité de la surface de l’écran de visée. Une opération grandement simplifiée si le bouchon d’objectif avait été translucide.
Le retour à la normale s’obtient par une deuxième pression sur la touche BAB (Balance automatique des blancs). Dans la très grande majorité des situations rencontrées, les circuits de correction automatique de la température de couleur remplissent fort bien leur rôle et ne sont guère pris en défaut. Il n’empêche que les couleurs restituées sont légèrement froides en lumière du jour et, à l’inverse, un peu chaudes en lumière artificielle.
Reprenant à son profit les techniques de l’enregistrement FM sur deux porteuses, développées sur les modèles haut de gamme Canon A1 et Canon A1-Hi, l’E-800 Hi procède à l’enregistrement en stéréophonie des signaux audio. Deux prises de sortie cinch permettent à la lecture de retrouver ies informations correspondant aux voies gauche et droite.
Une troisième prise cinch est disponible pour les signaux monophoniques. Un modulateur UHF, proposé en option peut s’enficher directement sur cette prise et son homologue affectée à la sortie des signaux vidéo composites, l’alimentation étant assurée par une mini-prise standard. Le microphone stéréophonique, amovible, disposé sur le dessus de l’E-800 Hi est connecté par l’intermédiaire d’une mini-prise stéréo. Il peut donc être remplacé par un microphone externe mieux adapté à certaines conditions de prise de son. Une sortie tension continue est prévue pour l’alimentation de ce microphone auxiliaire.
La poignée-viseur orientable a conservé l’astucieux verrouillage apparu pour la première fois sur le Canon E-50. Au total, 11 positions (5 vers le haut, 5 vers le bas, plus une position médiane). Pour accéder à tous les types de prises de vue : en plongée comme en contre-plongée, la poignée-viseur pouvant pivoter sur 180° dans un plan vertical. Le grand viseur sportif est un autre élément de confort, il offre une observation de l’écran de visée à une certaine distance de l’oculaire.
Ces nombreuses indications concernent tous les paramètres nécessaires à la surveillance du fonctionnement du camescope : compteur de bande (en temps réel), charge de la batterie, absence ou fin de vidéo-cassette, vitesse de défilement (SP ou LP), date et heure, texte (2 × 16 signes) composé à partir du générateur de caractères intégré.
Les autres indications concernent, en premier lieu, l’affichage des 10 premières secondes correspondant au début de toute séquence enregistrée, ainsi que des 10 secondes requises pour le fondu à l’ouverture (au blanc) déclenché à partir de la télécommande en synchronisme avec le démarrage de l’enregistrement. L’affichage d’un « Menu » de sélection des fonctions retardateur et intervallomètre offre le choix entre 5 modes de fonctionnement. On peut opter pour un déclenchement retardé de 10 secondes. Le décompte apparaît dans le viseur et enchaîne avec le démarrage de l’enregistrement en continu. Ou bien décider de le limiter à 30 secondes. Les trois autres options concernent la fonction intervallomètre, pour l’enregistrement automatique de brèves séquences (0,5 seconde, soit 25 trames d’image), se répétant toutes les 10, 20 ou 60 secondes.
Le passage de l’un à l’autre de ces différents modes s’effectue en amenant, par les touches ( + et -), une flèche de repérage en face de la fonction désirée, le processus étant déclenché par la touche d’enregistrement. Les enchaînements multiples de séquences présentent une caractéristique commune : la perfection des divers raccords entre plans successifs vierges de tout parasite. Cette qualité se retrouve dans le montage de séquences, par assemblage, ou par insertion. Dommage que dans ce dernier cas, l’E-800 Hi ne permètte pas la réalisation automatique de cette opération, avec arrêt déclenché par le compteur. Force est donc de surveiller tout particulièrement les points de sortie si l’on ne veut pas empiéter inopinément sur la durée d’un plan enregistré. L’affichage sur l’écran du téléviseur des indications du compteur, précis à la seconde près, s’effectue à partir de la touche « Aff. Infos » de la télécommande.
Le retour automatique au zéro du compteur est également commandé à partir du seul camescope. Sur ce dernier, en revanche, figure une touche « Montage » qui a pour effet de revigorer les signaux vidéo lus par le camescope, et destinés à être enregistrés sur un autre appareil. Enfin, une touche de fondu peut être déclenchée à n’importe quel moment de la prise de vues, et pas seulement en début ou en fin de séquences comme cela est prévu pour la télécommande.