Le Casablanca fait un peu figure d’exception dans l’univers des boitiers et cartes de numérisation. Outil exclusivement dédié au montage vidéo, sa simplicité d ‘utilisation est remarquable. Il inaugure la catégorie des magnétoscopes de montage virtuel.
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Sylvain Pallix – avril 1997
Avec son look de magnétoscope, Casablanca entend s’installer dans le tabernacle des loisirs familiaux : le meuble télé. De fait, une simple TV suffit pour l’affichage de la vidéo et des données de montage. Après la station DraCo, MacroSystem entend réduire la fracture entre les solutions traditionnelles éprouvées et les fanas de vidéo sur ordinateur. Jamais système de montage virtuel n’avait été aussi simple.
« Je branche et ça marche ». Sans manuel, avec quelques explications sommaires, l’appareil se révèle immédiatement opérationnel. Des « néophytes absolus » présents lors des essais y ont pris un réel plaisir. Jusqu’à présent le montage virtuel c’était une carte à loger dans l’unité centrale – PC ou Mac – et beaucoup de matière grise pour se familiariser avec un nouveau mode de pensée. MacroSystem fait table rase de la relation usuelle avec l’ordinateur. Il y a bien une base informatique dérivée des technologies Amiga sous le capot, mais cela reste transparent pour l’utilisateur. Rien à démonter, d’ailleurs un scellé décourage le bricoleur. Défense de toucher sous peine d’annulation de la garantie. C’est l’anti-culture du PC et de son côté Meccano.
La connectique arrière propose des entrées/sorties composite Y/C pour les sources vidéo non stabilisées (magnétoscopes sans TBC). Des prises RCA sont disponibles pour l’audio traité en stéréo. Une Din est aussi prévue pour ajouter un clavier optionnel type PC (à moins de 100 F). Une prise parallèle, inexploitable pour l’instant, pourrait accueillir une imprimante, voire de nouvelles extensions. A noter, le connecteur pour raccorder les disques durs SCSI. Il est possible de lui adjoindre plusieurs disques durs externes en complément du disque interne d’une capacité maximum de 9 Go. La prise Péritel relie le téléviseur et Casablanca.
Derrière la trappe de façade se cache une seconde entrée vidéo composite et Y/C pour les caméras en direct et les magnétoscopes à sortie stabilisée. La façades s’ouvre pour découvrir un tiroir amovible et un lecteur de disquettes. Le premier accueille le disque dur SCSI, jusqu’à 9 Go sur les modèles actuellement disponibles. Le lecteur sert à injecter des effets spéciaux supplémentaires disponibles sous la forme de bibliothèques, de polices de caractères et les mises à jour du programme de montage. Attention, le volet frontal a tendance à tomber sur la table.
Une minute d’attente, et pour peu qu’un camescope ou magnétoscope soit raccordé, l’appareil est immédiatement opérationnel au montage. Quatre menus clairs, simples et accessibles. Multilingue, Casablanca parle le français à la demande. Pour préparer son matériel : c’est la case Vidéo-réglages, pour enregistrer : Enregistr. ; et pour monter : Editer… Rien de sorcier.
Seconde étape : paramétrer le signal vidéo en entrée, contraste, luminosité, colorimétrie… Des réglages affectables à la vidéo via les entrées arrières ou avant. Réglage suivant : la qualité de compression en MJPEG pour un débit maximal de 3 Mo/seconde (environ 200 Mo la minute d’images), avec affichage du temps de stockage correspondant à la qualité choisie. Lors des essais, le disque de 2 Go pouvait engranger de 15,9 mn à 10,7 mn d’audio-vidéo. Cerce dernière durée de stockage est obtenue avec le taux de compression le plus bas. La qualité sonore peut atteindre 44 kHz 16 bits stéréo à la capture, soit le rendement d’un CD audio.
Première étape du travail, la numérisation de la cassette est simple à réaliser. Le camescope en position lecture, la vidéo vient naturellement occuper tour l’écran derrière le menu de capture. Par défaut, les menus s’affichent en bas mais on peut les envoyer vers le haut de l’écran. Pour avoir choisi les taux les plus élevés tant pour le son que l’image, il semble que le système capture sans perte d’images mais rien ne le confirme à l’affichage. Un tableau égrène minutes et secondes de vidéo capturées tout en mentionnant, c’est bien pratique, l’espace disque restant.
Le chutier occupe le centre du plan de travail. Chaque séquence peut être relue, réajustée (In/Out) voire ralentie ou accélérée. L’affichage en façade du Casablanca mentionne si l’appareil est en lecture ou en pause. Une seule piste accueille montage et effets spéciaux. Elle permet de mixer deux sources d’images, de réaliser des effets de volets 2D et 3D, d’appliquer des effets et des titrages. L’inconvénient par rapport aux logiciels classiques comme Premiere ou Video Editor : l’absence de pistes supplémentaires permettant de gérer les transparences (hors titrage) et de gestionnaire de trajectoires.
L’avantage : une clarté d’assemblage adaptée aux néophytes. Le mode Preview est inexistant et inutile en Cut dans la mesure où tous les plans posés sur la piste de montage s’enchaînent sans heurts en lecture directe. Seuls les effets impliquent un mode Preview. S’ouvre alors une petite fenêtre dans laquelle s’exécute l’ effet en rem ps réel en très basse résolution. Si le résultat convient, on lance le calcul de cette zone d’effets, qui se comportera ensuite comme un élément Cut, autrement dit, restera toujours fluide en lecture.
Les transitions paramétrables sont de belle qualité avec, d’origine, certaines en 3D. Le traitement d’images, baptisé filtres sur d’autres logiciels, offre une gamme classique et éprouvée d’effets : filtre couleur, noir et blanc, vagues, flash photo, fondu, miroir, relief, négatif, adoucisseur. Les temps de calcul d’un effet sont ceux des cartes type miro ou Fast sur un Pentium. Comme quoi, même avec 8 Mo de Ram, un système optimisé peut se jouer de la course à l’armement du PC et du Mac… De nouveaux effets sont déjà disponibles sur disquettes, les mêmes que pour la station Draco, proposés entre 400 et 600 F pour des jeux de 10 à 25 paramétrables.
Titrer avec le Trackball, agaçante gymnastique qui consiste à aller cliquer sur chaque lettre. Exercice d’autant plus rédhibitoire que le Trackball fourni pour les essais butait régulièrement sur les fenêtres. Mais puisque les accessoires sont les mêmes que pour un PC, il a suffi d’emprunter un clavier et une souris pour travailler en souplesse. A noter qu’il semble n’exister aucun raccourci clavier pour les opérations de montage. Le titreur est complet pour les fonctions traditionnelles mais l’antialiasing sur certains caractères laisse un peu à désirer.
Deux pistes disponibles en complément du son associé dès la capture à la vidéo. Les portions d’audio se déplacent à volonté sous les segments de vidéo et un niveau peut leur être affecté ainsi qu’un fondu en ouverture ou fermeture.
L’absence de prise micro sur le Casablanca renvoie l’utilisateur au rayon des trucs et astuces. Notre trouvaille pour contourner cet obstacle : relier le camescope et utiliser son micro, voire un modèle extérieur. Un VU-mètre signale l’ intensité du volume d’enregistrement.
Le monteur peut lancer une fabrication finale du film mais aussi purger le système des rushes inutilisés dans le plan de montage. Un avantage majeur pour désengorger un disque saturé puis relancer une session de capture complémentaire. Les séquences et films peuvent être sauvegardés pour libérer la machine si on relie un lecteur DAT au Casablanca (non testé). Cette unité de sauvegarde coûte entre 4.000 et 7.000 F selon la capacité de stockage.
Après quelques plantages système et remises en route, j’ai eu l’agréable surprise de retrouver le projet de montage en l’état. Seul un projet retors m’a régulièrement adressé un désagréable message d’erreur sur fond vert, sans toutefois m’empêcher de terminer mon travail.
Le Casablanca est proposé autour de 12.000 F sans disque dur. Mais rien n’interdit d’acheter une machine route équipée avec des disques de 2 à 9 Go ou de lui associer n’importe quel Fast SCSI II AV du monde PC ou Mac. L’implémentation DV est prévue. Les informations fournies par l’importateur laissent entendre une disponibilité rapide du produit pour fin avril début mai. Pour faire évoluer Casablanca, de nouvelles versions du logiciel seront rechargeables sur la Rom (Read Only Memory) par disquettes avec un code propre à chaque machine.
Il faut reconnaître l’extrême simplicité d’emploi et le réel plaisir d’utilisation. Capturer ses séquences, une plaisanterie : camescope ou magnétoscope en lecture, point d’entrée et de sortie, il n’en faut pas plus. Et cela, autant de fois que désiré. Chaque séquence porte alors un numéro d’ordre et vient s’afficher dans le chutier central. On peut affiner les In/Out de chacune d’entre elles en un tournemain. Maintenant, j’assemble. Je pose mes icones-images sur la piste de montage, et lance la lecture. Pas une saccade : c’est fluide. En ce qui concerne d’autres opérations, comme les transitions, les effets ou l’ajout d’une musique, d’un commentaire, c’est tout aussi simple, mais nécessite parfois un peu d’astuce.
En revanche, quelques points faibles que devrait améliorer MacroSystem : le Trackball, le système de saisie des titres peu pratique et la trappe frontale. Celle-ci s’ouvre trop facilement, le bouton de mise en route se trouvant dessus, la machine s’éteint au contact de la table. Rien de grave, aucune des séquences ou travail en cours ne se perdent. Bref, c’est très agréable à utiliser.
PC ou Casablanca ? Pour une simplicité sans égale, les défenseurs d’un système de montage dédié trouveront là une machine idéale. Les amateurs d’applications variées préféreront l’ordinateur même si parfois Plug and Play rime avec Bugs and Pay… Une tendance masochiste à laquelle le Casablanca entend bien échapper.
Pas vraiment de concurrence en terme de facilité d ’emploi. C’est la seule console de montage actuellement disponible. En revanche, les solutions de montage virtuel, notamment autour du PC, ne coûtent pas plus cher (voire moins) et permettent de disposer de toutes les potentialités qu’offre un ordinateur en dehors du montage. Sur le Casablanca, un scellé interdit d’ouvrir la machine, pas question de la bricoler ou la confier à un spécialiste local de la vidéo ou de l’informatique. En l’absence d’un réseau de distribution, il faudra retourner son Casablanca à l’importateur en région parisienne. A l’inverse, pour un PC en panne, il est facile de trouver des solutions en province.