A l’heure où quelques magnétoscopes et caméscopes haut de gamme s’équipent d’un TBC, nous étions curieux de tester ce matériel de post-production allemand. Le TBC-Enhancer est le seul correcteur de base temps grand-public existant sous la barre des 8.000 F.
Pier-Yves Menkhoff – mai 1996
Dans le domaine de la post-production vidéo professionnel, le TBC est un outil couramment utilisé depuis de nombreuses années pour la resynchronisation des signaux vidéo lors d’une duplication. Le plus souvent numérique, il se place entre le lecteur et l’ enregistreur. La présence d’un signal de référence permet de comparer la synchro trame, nommée aussi synchro verticale (V) avec la synchro ligne dite aussi synchro horizontale (H) par rapport à sa propre horloge interne.
Le TBC analyse ligne par ligne et trame par trame le décalage temporel (inférieur à une microseconde) pour enfin le remettre en phase et conforme aux normes. Les meilleurs TBC possèdent une mémoire vive (RAM : Random Access Memory) de grande capacité qui assure le rôle d’un compensateur de Drop grâce à une mémoire de trame d’une durée variable. Dans cette situation, le TBC remplacera la demi-image défectueuse par celle immédiatement précédente qui aura été mémorisée en temps réel. Bien entendu, meilleur est le signal en amont et meilleure sera la qualité de reproduction. Quel qu’il soit, un TBC ne fait pas de miracle. Il ne restaure pas des rushes de mauvaise qualité mais réduit au maximum les pertes à la duplication d’un master.
A l’opposé, il est des situations où un TBC est totalement inefficace et d’aucun secours. Pour exemple, les possesseurs d’un magnétoscope Sony EV-S9000 ou Panasonic NV-HS 1000 (AG- 4700) ne pourront cumuler la fonction TBC incluse dans leur lecteur et celle de ce correcteur de base temps fabriqué par l’Allemand Electronics Design, l’un annulant l’autre. Idem avec le camescope Sony DCR-VX1000 à la fois « 100 % » numérique avec TBC d’origine. Pas question non plus de restaurer un signal Secam et/ou composite de par leur structure interne.
L’architecture du TBC-Enhancer est typique d’une certaine école moderne allemande. C’est un pupitre incliné aux fonctions parfaitement réparties et ergonomiques avec des touches sensitives. La partie gauche Image Control s’occupe de la correction des couleurs tandis que le côté droit ou Image Effects se consacre aux différents effets numériques. Le bas de l’appareil inclut la mise en fonction, la sélection des entrées vidéo ainsi que l’ajustement du signal de phase. Le mode d’emploi est très détaillé et bien illustré mais il faudra se contenter dans un premier temps d’un livret anglais/allemand. Electronics Design s’est engagé à équiper ses TBC d’une version française dès les prochaines commandes. L’essai a été effectué avec un magnétoscope S-VHS Panasonic NV-FS100HF. Avec le premier lecteur et un master de qualité standard, le signal est sauvegardé et les Drops résorbés sous réserve qu’ils ne soient pas très importants. A la différence d’un TBC pro, à mémoire de trame se limite à deux demi-images.
Côté Image Effects, on trouve le gel d’image ou Freeze pour la numérisation vidéo sur ordinateur. Dans l’hypothèse d’une oscillation, les Pic 1/2 ou Pic 1 + 2 affichent deux fois la première demi-image ou la seconde pour rétablir l’équilibre. Fonction tout aussi intéressante, le T-Code qui permet la duplication d’une vidéo sans altération du rime code inscrit sur les rushes ou le master. En effet, les TBC, en général, ne reconnaissent pas le time code lors de la transmission du signal vidéo.
Les couleurs sont trop ternes, les images trop sombres, la balance des blancs défectueuse ? Aucune inquiétude, c’est là que le TBC-Enhancer prouve son efficacité. Un chapitre du mode d’emploi nous rappelle que toutes les couleurs proviennent d’un mélange des composantes primaires : rouge, vert et bleu. En agissant sur chacun de ces paramètres par pas variable de 2 %, la robe de tante Hermine retrouvera sa belle couleur écarlate. Attention toutefois à l’intensité couleur, l’excès pouvant entraîner au pire une détérioration de l’enregistreur, au mieux un déséquilibre chromatique. A noter que pour comparer les signaux, la touche Bypass permet la sélection entre l’image d’origine et celle corrigée.
Si le TBC arbore une seule prise composite et Y/C en entrée, il dispose en contrepartie de deux sorties RCA et Ushiden pour l’enregistrement simultané sur deux magnétoscopes. En cas d’inutilisation de l’une des deux sorties, le constructeur recommande surtout de ne pas brancher l’une d’entre elles sur la prise antenne d’un téléviseur mais bien sur son entrée vidéo. Une SubD 23 broches permet la connexion à un moniteur de contrôle RVB de type professionnel ou compatible Amiga. Précisons qu’il existe des câbles RVB-Scart pour le branchement sur la Péritel d’un téléviseur. Les moniteurs Multi-Synchro utilisés sous PC ne sont pas pleinement accordables sauf adaptation spécifique. Une option permet la connexion à un moniteur analogique YUV pour un signal avant traitement. Un signal Blackburst externe In peut servir de référence pour la synchronisation du TBC à la configuration du studio vidéo. Une seconde prise Out est présente pour le signal de sortie.
Le TBC-Enhancer de Electronics Design n’a pas vraiment de rival. Concurrents très lointains, les MSP 1000 (16.000 F) et MSP 2000 (20.000 F) de Satellite & Télévision. Mais leurs performances ne sont pas réellement supérieures, mise à part une mémoire de quatre trames au lieu de deux pour le correcteur de base temps allemand. Rappelons qu’un TBC, même professionnel, n’effectue aucune correction efficace face à une bande vidéo de mauvaise qualité. Il vaut mieux se donner les moyens d’un bon tournage.
Malgré quelques réserves concernant la capacité de ce TBC à gérer un signal d’entrée saturé, ce modèle est un vrai correcteur de base temps doublé d’un amplificateur vidéo qui réduira sensiblement les pertes lors d’une duplication. Il s’adresse avant tout aux particuliers et aux semi-professionnels sans pouvoir toutefois rivaliser avec un TBC professionnel.
CV 94