Avec ce modèle, Fuji gagne un ambitieux pari : produire un camescope Video8 de moins d’un kilo, complet et doté de fonctions encore inédites dans la gamme des camescopes 8 mm Fuji de poing. Le « scrolling », par exemple, soit le défilement vertical du bas vers le haut de titres ou dessins mémorisés et numérisés. La réduction de poids et de taille tient en partie à l’utilisation d’un tambour d’analyse de 26,66 millimètres de diamètre. Un banc d’essai qui a enthousiasmé notre spécialiste ès caméras, Christian Dartevelle. Le Fuji M-680, appareil de haut niveau, crée une véritable surprise parmi les vidéastes.
Christian Dartevelle – mai 1989
Il pèse moins d’un kilo et ne cède en rien aux performances des autres modèles haut de gamme. C’est le Fuji M-680. Macrozoom puissant à commande électronique, autofocus, fonctions avance et retour rapides, visualisation accélérée AV/AR, arrêt sur image, incrustation de titres, commande manuelle du diaphragme, arrêt automatique, insertion de séquences ; mais aussi : datation, contrôle et lecture des séquences enregistrées… Une panoplie à laquelle ne peuvent prétendre certains « poids plume » qui se contentent de fonctionner dans le seul mode enregistrement et sont dépourvus de viseur électronique.
Neuf cents grammes sur la bascule : un record auquel ne sont pas étrangers certains perfectionnements techniques. Notamment un tout nouveau tambour d’analyse qui, malgré ses cinq tête rotatives, est à la fois plus léger et compact que dans les précédentes versions. Avec seulement 40 mm de diamètre, les tambours d’analyse des appareils Vidéo-8 s’avéraient déjà on ne peut plus compacts (62 mm pour le VHS « full size » et 41,33 mm pour le VHS-C) . Aujourd’hui, avec le camescope M-680, doté d’un tambour d’analyse de 26,66 mm de diamètre, le gain d’encombrement avoisine 50 %. Merveille de compacité et de légèreté, ce modèle mesure seulement 10,6 × 11,2 × 30 cm hors-tout et pèse, batterie NP-55 comprise, 1.050 g.
Comme pour les camescopes VHS-C, le nombre des têtes vidéo d’analyse a été porté à quatre. Ainsi, les cassettes restent compatibles avec les appareils comportant les deux têtes traditionnelles. L’enroulement de la bande magnétique sur le mini-tambour s’effectue sur 292° (au lieu de 221° pour le tambour classique de 40 mm), cette valeur correspond au seul balayage des pistes vidéo.
Autres modifications, toujours en préservant la compatibilité entre ancienne et nouvelle générations, la vitesse de rotation du mini-tambour a été portée à 2.250 tours/minute, au lieu des traditionnels 1.500 tours/minute. Le nombre de commutations des têtes a doublé par rapport aux appareils à deux têtes, mais sans qu’il en résulte le moindre bruit apparent.
Le principe de la tête d’effacement volante (la cinquième tête du tambour) demeure, de façon à pouvoir réaliser des insertions de séquences sans bandes parasites. Celles-ci subsistent toutefois durant les arrêts sur images, la technique des têtes jumelées à azimuts croisés, qui pallie cet inconvénient, n’ayant pas été retenue.
Au vu de ses ambitions, le M-680 se devait de proposer un capteur haute résolution. C’est bien le cas avec son CCD qui totalise 495.000 pixels (440.000 pixels utiles) disposés sur une cible 2/3 de pouce associée à un macrozoom × 6 (12-72mm ; f:1,6). L’ensemble affiche une sensibilité minimale de 7 lux, ce qui est excellent. Ce capteur – commun à d’autres réalisations haut de gamme – ne mérite que des éloges : excellente définition (près de 400 points/ ligne), grande fidélité dans la restitution des couleurs, mais aussi totale indifférence à l’éblouissement.
On ne peut en dire autant du système autofocus. En effet, celui-ci fonctionne par détection des contrastes (TCL). Il exige donc, à la fois, un seuil minimal d’éclairement, des contrastes marqués et, surtout, un temps certain d’intervention lié aux « hésitations » de la mise au point. Dommage que le constructeur n’ait pas jugé bon de prévoir un bon vieil infrarouge, à défaut d’un autofocus plus performant, travaillant par détection de phase, par exemple. Fort heureusement, ce regret est en partie compensé par la possibilité d’agir manuellement sur la commande du diaphragme et la balance des blancs. Ces interventions ne sont toutefois possibles qu’après déverrouillage. Le mécanisme de blocage étant couplé au sélecteur de vitesse d’obturation.
Fait rassurant, toutes ces interventions sont signalées dans le champ du viseur électronique. S’y inscrivent en surimpression : « Iris », pour le diaphragme et « Indoor » ou « Outdoor » pour la balance des blancs, lorsque l’on passe en mode manuel.
L’indication « Hold » avertit l’utilisateur que la correction automatique de température de couleur a été mémorisée. Une possibilité fort intéressante si la source d’éclairage se modifie et pour fabriquer une ambiance.
A l’exemple d’autres réalisations, le Fuji M-680 dispose de la fonction INCRUSTATION, réalisée par numérisation – ou « digitalisation » – de caractères, tracés, dessins, silhouettes… présentant des contrastes élevés. Cette formule permet de réaliser aisément, même sur le terrain des titres susceptibles d’agrémenter les images au cours des. prises de vues. Deux pages de titres mémorisables peuvent être appelées à tout moment. Les huit couleurs disponibles (violet, jaune, noir, blanc, bleu, vert, cyan, et rouge) donnent aussi la possibilité de réaliser des caches colorés pour peu que l’on prenne la précaution de tracer les fenêtres en blanc sur fond noir. Un procédé déjà connu. La grande nouveauté, c’est ici l’effet de SCROLLING qui permet de faire défiler, verticalement et du bas vers le haut, les caractères, dessins, tracés… préalablement mémorisés et numérisés. Une opération actionnée par la touche COLOR/MODE.
Le « scrolling » régit d’autre part la mise en couleurs du titre choisi et se manœuvre séquentiellement. Le passage au mode d’incrustation fixe ne peut intervenir qu’une fois le défilement en cours achevé.
Confiées à un large écran de contrôle à cristaux liquides, disposé sur le côté gauche du camescope, toutes les informations concernant le fonctionnement de l’appareil se retrouvent dans le viseur électronique. Un véritable tableau de bord où viennent s’inscrire, en surimpression, tous les paramètres à connaître : le type de mise au point, la commande de diaphragme, la balance des blancs, le compteur de bande, la fonction mémoire, le mode de défilement, la vitesse d’ obturation, la date, l’heure, le titre choisi, la couleur d’accompagnement, le mode d’incrustation, l’état de la batterie, la fin ou l’absence de cassette, la pause, le ralenti et l’arrêt sur image. Sans oublier la présence d’humidité ou l’encrassement des têtes vidéo ! L’indication de ra vitesse de défilement choisie s’affiche elle aussi (SP ou LP). La sélection dépend d’un petit curseur linéaire, placé dans le compartiment de la pile au lithium qui alimente l’horodateur et maintient en mémoire les signaux destinés à l’incrustation des deux pages de titres. Une nouveauté : le sélecteur de vitesse n’est pas combiné avec la fonction « Edit », dont le rôle est de compenser les pertes affectant les signaux au montage. En effet, cette correction est assurée à partir d’un curseur séparé dont l’usage n’est toutefois conseillé que pour la copie car elle souligne le contour des images.
Le viseur électronique du M-680 ne détient pas l’exclusivité de l’affichage. Le camescope comporte en effet une touche DATA SCREEN qui permet de transférer toutes ces indications sur l’écran du téléviseur de contrôle. Très pratique lorsque l’on doit procéder à la recherche de séquences, au montage. On peut alors suivre aisément le défilement du compteur de bande (dont les données sont affichées en temps réel) ; ce qui n’est pas le cas lorsque l’on conserve l’œil rivé sur le viseur. Une remarque qui s’applique tout autant au contrôle de la vitesse d’obturation qu’à la sélection de la balance des blancs. Ces fonctions étant appelées séquentiellement, on doit s’en remettre au rappel alphanumérique de leur mise en œuvre. Les paramètres vérifiés, il suffit de solliciter à nouveau « Data Screen » pour effacer toutes les informations de l’écran, à l’exception de l’heure ou de la date.
Tranchant sur bon nombre de réalisations actuelles, on constate le judicieux équilibre de la balance des blancs obtenu en mode automatique. Un progrès à porter au crédit du procédé TCL utilisé, qui ne fait pas appel à un capteur d’analyse annexe, mais à certaines cellules spécialisées de la cible semi-conductrice du CCD.
Il réagit donc uniquement à la lumière qui éclaire le sujet. Une excellente formule qui ignore la lumière ambiante lorsqu’elle diffère de la source principale. En outre, elle offre des couleurs très naturelles, sans la dominante bleutée qui caractérise la plupart des dispositifs traditionnels de balance automatique.
Mais toute médaille possède son revers. Cette balance TCL réagit mal à certaines situations.
Lorsque, par exemple, le sujet cadré se détache sur un vaste arrière-plan monochrome. Dans ce cas, la couleur du fond étant prédominante, l’automatisme du dispositif aura tendance à la compenser par une dominante complémentaire. D’où la nécessité de passer alors en mode manuel et de choisir l’un des deux pré-réglages de référence : 5.800 K (OUTDOOR), ou 3.200 K (INDOOR) ; ou encore de mémoriser au préalable (position HOLD), lorsque l’on est en mode automatique, la correction de température de couleur correspondant à une ambiance considérée comme normale.
On le voit, le M-680 est armé pour des situations délicates en matière de colorimétrie. Même constatation en ce qui concerne l’adaptation de la mesure automatique de l’exposition. Pour la corriger, en toutes circonstances (contre-jour ou hautes lumières par exemple), il suffit d’agir sur la commande manuelle du diaphragme. C’est elle qui permet de réaliser des fondus à l’ouverture (FADE IN) ou à la fermeture (FADE OUT).
Reste à évoquer l’obturateur électronique à vitesse variable. Il ne comporte pas moins de six paliers de réglage s’échelonnant entre le 1/50 set le 1/4.000 s. D’ordinaire, la sélection des vitesses, lorsqu’elle est obtenue séquentiellement, commence par appeler les vitesses d’obturation les plus élevées. Pour le M-680, c’est le contraire. En procédant de la sorte on mesure mieux la réduction progressive de sensibilité opérée par les vitesses rapides et l’assombrissement qui l’accompagne. Un bon point supplémentaire à porter à l’actif de ce camescope.