Deux mois après la sortie de la régie de mixage Roll Master à moins de 6.000 F. Voici pour un prix à peine supérieur, un matériel de post-production Hama. Le Hama DVM-1000 est un mélangeur audio-vidéo équipé d’un TBC et d’une connectique de type GPI. Un modèle conçu notamment pour les possesseurs d’éditeur de montage VideoCenter 230.
Pier-Yves Menkhoff – mai 1997
Le DVM-1000 intervient comme un matériel de post-production vidéo essentiel : les effets de transition. D’aspect similaire à l’éditeur de montage Video-Center 230CTI qu’il vient compléter, le mélangeur se présente sous la forme d’un pupitre avec peu de commandes. On a affaire à du basique, constat qui n’a rien de péjoratif, loin de là. Le DVM-1000 se divise en trois éléments : un mélangeur vidéo pour des volets (environ 64) et fondus ; un processeur d’effets pour intervenir sur les images elles-mêmes (Chroma Key, Luminance Key, Peinture, Inversion de polarité d’image, Stroboscope) ainsi qu’un pupitre de mixage audio pour les deux entrées. Le Hama s’intercale entre le(s) lecteur(s) et l’enregistreur pour un mixage manuel. En cas de montage synchronisé avec des effets programmés, rien n’empêche de connecter le DVM-1000 à une table de montage autre que Hama. Une seule condition : la présence sur ces matériels d’une connectique GPI (General Purpose Interface). Chez Hama, la prise GPI se nomme Remote. Rappelons que le dispositif GPI permet le déclenchement d’un effet (titre, fondu, etc.) à partir d’un éditeur sur la séquence choisie. Sans avoir pu le vérifier, Hama assure que le mélangeur fonctionne parfaitement avec tous les éditeurs possédant une prise gérant le protocole GPI.
Les effets, peu nombreux, peuvent néanmoins se cumuler. Nombre d’entre eux se gèrent indépendamment sur chacun des Bus A et B ; toutefois, attention à l’overdose d’effets.
Parmi les effets numériques, on retrouve le Stroboscope réglable en vitesse pour passer du gel d’images Still à la vitesse nominale du lecteur (×1). Autre effet digital, le mode Paint appelé aussi effet d’isohélie. Plus amusant, la fonction Invert intervient sur les valeurs de luminance et/ou chrominance en les inversant. Ainsi, le DVM-1000 permet de convertir des images négatives en images positives et réciproquement. Une solution adaptée au transfert sur vidéo de négatifs photo.
Mieux, si on inverse la luminance sans coucher à la chrominance, on transforme les gens en « Schtroumpf » (visage ou corps bleu) sans affecter le reste de l’image.
Plus sérieusement, le monteur dispose des classiques fonctions Chroma Key et Luminance Key. Appelés aussi effets Météo, ceux-ci ne diffèrent que par leur gestion de la couleur de fond. Avec le Chroma Key, le fond doit être impérativement bleu, vert ou rouge. Avec le Luminance Key, la découpe ne s’effectue plus sur une couleur mais sur des niveaux de luminance du plus faible (le noir) au plus fort (bleu, rouge, magenta, vert, cyan, jaune et blanc). Attention toutefois, ce procédé ne se prête pas à toutes les images. Lors des essais, j’ai regretté de ne pouvoir régler la netteté des contours à l’inverse des régies Panasonic WJ-AVE55 ou Roll Master DVR-300.
En multipliant les huit effets verticaux et les huit horizontaux, on obtient soixante-quatre effets de transition sans compter le fondu au noir et les fondus-enchaînés. Tous les effets fonctionnent à partir de deux ou d’une même source. Pour autant, pas question d’obtenir un fondu avec une source colorée, même noire. On peut cependant créer un effet de Cinémascope (bandes noires en haut et en bas de l’image) en utilisant une petite astuce qui consiste à mettre hors circuit l’un des lecteurs pour obtenir un noir parfait.
Si on utilise un seul lecteur, celui-ci sera branché sur l’entrée A tandis qu’un commutateur placé sur la prise B substituera le Bus A au Bus B. Dans ce cas, les deux Bus utilisent le même signal et autorisent des effets intéressants comme un fondu de type A/X Roll. On peut créer ainsi un fondu-enchaîné à partir d’une image gelée vers une séquence animée. On peut aussi inverser une image sur un canal et garder celle-ci d’origine sur le second. La liste n’est pas limitative.
Avec le DVM-1000, on peut commander les effets de fondus et de volets grâce à la fonction Automix, équivalent de l’Auto Fade ou de l’Auto Take chez Panasonic. Une pression sur cette touche et l’effet s’effectue à la vitesse constante présélectionnée (1 > 6 ou Max). Si le mélangeur est relié à un éditeur par la prise Remote (GPI), le même effet peut être déclenché par un ordre provenant de celui-ci.
Le pire, comment Hama, spécialiste des « mixettes audio », a pu oublier la gestion d’un son externe. Ni prise casque, ni micro, ni entrée source auxiliaire confirme la vocation première du DVM-1000 : il s’utilise en priorité avec un éditeur de montage de type VideoCenter 230CTI et confrères. En effet, la marque allemande est l’une des rares à intégrer une fonction mixage audio à ses tables de montage. Compensation, les curseurs A et B permettent de doser le mélange du son original et des sources A et B. Le contrôle des niveaux passe par le moniteur connecté au magnétoscope enregistreur. Le son des Bus A et B peut être ainsi réglé indépendamment et piloté automatiquement. De même, on peut asservir le fondu sonore au fondu image grâce à la fonction : Audio Follow.
Pour notre essai, nous avons utilisé comme lecteurs un camescope DV Sony VX1000 et un magnétoscope S-VHS Panasonic NV-HS900, l’enregistreur étant un magnétoscope DV Sony DHR-1000.
A l’inverse du mélangeur Roll Master, le DVM-1000 présente une meilleure définition d’image à l’enregistrement. Hama annonce une résolution de 720 × 576 pixels avec une définition de 420/460 lignes (-3 dB). Ce que semble confirmer nos essais : la copie d’un signal DV transitant par un câble Y/C est de bonne facture . Il convient cependant de relativiser cette qualité de reproduction avec certains effets. On note des scintillements avec le Chroma Key et les inversions de polarité d’images. On peut supposer à juste titre que ces défauts de l’image sont dûs à la présence d’un TBC sur l’entrée A (numérique) alors que l’entrée B est analogique. Cette impression est renforcée lors de la lecture simultanée d’une même séquence en mode A/X Roll et/ou avec des fonds très lumineux. Pour les enregistrements composites, il est recommandé de soigner ses tournages afin de réduire la perte à la copie, visible sur le master et beaucoup plus flagrante qu’avec de l’Y/C. Précisons à ce propos que cette régie donnera surtout satisfaction aux possesseurs de matériel S-VHS et Hi-8. Par ailleurs, les détenteurs de matériel Secam passeront leur chemin. A l’instar des autres mélangeurs, le DVM-1000 n’accepte que le standard Pal.
Une nouvelle fois, comme pour l’éditeur VideoCenter 230CTI, Hama fait bande à part avec des Péritels pour l’entrée A et la sortie Recorder, pas de prise Ushiden donc. Toutefois, pas de panique, ces deux mêmes prises sont commutables manuellement en composite ou Y/C selon le signal reçu en amont. Seule la voie B est équipée en série de prises Ushiden pour les signaux Y/C et RCA pour le composite et l’audio.
La prise Remote ou « GPI » permet le branchement du DVM-1000 à tout éditeur de montage gérant le protocole GPI. Il faudra cependant acquérir le câble de télécommande Hama 40417 ainsi que le câble adaptateur Jack 3,5 mm Hama 43371. Pour le branchement à une interface RS-232, le câble Hama 40409 sera nécessaire avec éventuellement l’adaptateur Hama 41962.
Le Roll Master DVR-300, importé par Master Trade, se présente en concurrent sérieux. Les deux mélangeurs ont de nombreux points en commun et ciblent un même public : celui qui recherche une régie de mixage à un prix raisonnable sans une trop grande déperdition à l’enregistrement.
Parmi les avantages du DVR-300, la présence d’un genlock pour la synchronisation des sources A et B et des effets plus nombreux. En contrepartie, le Roll Master ne possède pas de prise GPI, ce qui gêne la gestion du mélangeur avec un éditeur de montage externe. Côté qualité du signal, la définition semble légèrement supérieure chez Hama.
Hama réalise une performance avec cette régie de mixage vidéo dont la définition d’image est correcte en Y/C. Les effets (fondus, volets) sont peu nombreux mais largement suffisants pour offrir un film digne d’un monteur créatif.
CV 105