Le Vidéocut 222 apparaît comme l’éditeur le plus abouti du célèbre constructeur allemand. Riche en possibilités, cet tables de montage Hama permet le montage de 150 plans à partir de 250 cassettes aux time code RCTC et VITC, ou au compteur. Il assure le pré-visionnage, les inversions de plans, la copie, la sauvegarde sur cassette vidéo ou disquette PC (option). La correction des temps de Préroll et Postroll s’effectue automatiquement. Enfin, l’appareil procure le fondu audio et/ou vidéo, jusqu’à 20 pages de titres, 30 effets de volets, un menu en huit langues dont le français… Tout cela en Pal composite et/ou Y/C.
Par Pierre Carella – Juillet 1995
Avec une table de montage aux possibilités jusque-là inexistantes à ce niveau de prix, Hama s’adresse à des vidéastes éclairés.
Cela dit, son point fort tient sans conteste dans sa faculté à gérer deux lecteurs, un peu à la manière d’un Vidéopilot V330, mais plus souplement. Attention, le Vidéocut 222 tient compte des lecteurs successivement et non simultanément. Il n’est donc pas capable de réussir un montage dit A/B Roll (avec mélange de sources), comme la Sony RME1000. Le passage d’un lecteur à l’autre est manuel et s’opère pendant la sélection des plans : une pression sur une touche Lecteur 1 ou 2 et le tour est joué. Pendant l’édition finale du montage, l’éditeur Hama commute automatiquement de l’un à l’autre sans exiger la présence du monteur sauf si plus d’une cassette de rushes est utilisée par lecteur.
Un modèle du genre. La logique de la table est informatique et il appartient au monteur de suivre les menus sur l’écran de contrôle, de choisir les programmes à partir de la bague Shuttle et de valider avec la touche Enter, le retour arrière s’effectuant avec la touche Cancel ou Menu. C’est clair et immédiatement accessible. Seule partie complexe, celle traitant de la configuration des matériels. On trouve alors des différences pour les références de cordons entre le texte et les illustrations.
Le Vidéocut 222 détecte automatiquement la marque des lecteurs et enregistreurs dotés de câble de télécommande Sony ou Panasonic. Inutile de traquer la référence exacte de votre magnétoscope NVFS100HF, dans le menu Réglages alors que s’affiche déjà Panasonic Edit. Loin d’être stupide, le Vidéocut 222 ne comprend pas pourquoi vous lui demandez un code déjà identifié, il pense s’être trompé et va en chercher un autre… qu’il ne trouvera jamais.
Les appareils non Sony, Panasonic ou clones se pilotent par infrarouge. On doit donc les configurer en mode Manuel. Pour cela, il suffit de placer le curseur en face de la marque de son matériel (lecteur et enregistreur) et valider. Un sous menu apparaît. On y précise la référence de ses équipements. II faut ensuite apprendre à la table les caractéristiques (lecture, avance et retour rapide, enregistrement, etc.) de ses appareils, via le menu Programme apprentissage IR. Cet apprentissage s’effectue à l’aide des télécommandes à infrarouge des lecteurs et/ou enregistreurs à placer en face du sensor du Vidéocut.
Hama a également pensé aux magnétoscopes au fonctionnement « étrange ». Certains appareils de la gamme Philips disposent, par exemple, d’une touche combinée pour les fonctions Pause et Stop ainsi que Pause et Enregistrement. La fonction Adaptation manuel permet de programmer le Vidéocut pour qu’il tienne compte de ces particularités.
Une pression sur Définition des plans et la table est parée pour le montage, une autre pression sur Player 1 ou 2 détermine le lecteur sur lequel aura lieu la sélection des séquences. Celui-ci se place automatiquement en Pause/Lecture. A partir de là tout devient très simple, les fonctions des lecteurs (Pause, Lecture, Retour, Avance, etc.) sont pilotables à partir de la bague Jog, tandis que les points d’entrée et de sortie se valident avec la touche Cut. Détail intéressant, il est possible d’effectuer un montage avec deux lecteurs fonctionnant, l’un au VITC, l’autre au RCTC. Cent cinquante plans peuvent être retenus à partir de 250 cassettes différentes et la liste de montage est sauvegardable sur une cassette vidéo. On peut même associer un titre à cette liste. Pour le reste, les performances de la table sont étonnantes. Après avoir effectué la sélection des plans, il est possible de déplacer une séquence, de la supprimer, de la copier ou même d’en modifier les points d’entrée et de sortie.
L’éditeur gère l’ensemble des time code grand public (RCTC, VITC). Ajoutez, le Rapid Time Code, qui permet de time coder directement un original VHS ou S-VHS sur un magnétoscope Mitsubishi S-VHS PC-VCR E82 à la manière d’un EVS-9000 ou EV-C2000 pour une cassette 8 mm. Le mode d’emploi rappelle que les rushes doivent impérativement posséder une amorce noire de 30 secondes pour une gestion précise du time code. La précision observée avec notre configuration était de ± 3 images avec le cumul des RCTC et VITC. Cette dernière se composait de trois magnétoscopes : un Panasonic S-VHS AG-4700 plus un Sony Hi-8 EVC2000 en lecture et un Panasonic S-VHS NV-FS100HF en enregistrement. Signalons au passage que le décalage étant constant lors d’un montage au time code, il suffit d’en tenir compte pour obtenir une précision parfaite à l’image près.
Mais rien n’interdit de monter au compteur ou au nombre de tours. Dans ce cas, pour obtenir une meilleure précision et éviter les phénomènes de glissement de bande, Hama conseille de mémoriser un petit nombre de plans à la fois, de les enregistrer sans Preview, d’effacer la liste et de recommencer. Excellentes précautions qu’il fallait rappeler.
Si le camescope est pilotable par infrarouge ou par câble JVC et ne dispose pas de générateur de time code VITC, rien n’interdit de créer une copie de travail time codée. On repique alors l’original sur l’enregistreur en transitant par le Vidéocut 222. Le générateur inclus inscrit un time code VITC pour la sélection des plans, qui s’effectue à partir de la copie que l’on place dans le lecteur. Pour le montage définitif, il suffit de remplacer la cassette copie par une cassette originale et de lancer le montage à partir du menu Montage. Résultat : une précision quasi absolue. A l’inverse de certains modèles comme la GSE MPE- 200SX, le Vidéocut 222 ne génère pas de noir en début de cassette et utilise toujours comme référence la première image de la bande. Par conséquent, le monteur doit définir les plans dans l’ordre où ils se présentent sur la bande originale sous peine de constater des glissements. De plus, le Vidéocut 222 ne rembobine pas la cassette lectrice si le second plan choisi se trouve placé avant le plan précédent. Naturellement, ces deux restrictions valent uniquement pour la méthode copie de travail.
Sur les appareils grand public, la prévisualisation ne montre pas l’enchaînement des plans entre eux. Le monteur visionne d’abord le premier plan de sa liste, puis il attend que le lecteur aille chercher le plan suivant avant de le regarder à son tour, etc.
Le Vidéocut 222 ne fait pas exception à la règle. Cela dit, il offre la possibilité de prévisualiser l’intégralité d’un montage, une partie du montage ou un plan particulier. Entre les plans, apparaît à l’écran le numéro du plan suivant. La recherche s’effectue en lecture accélérée quand un plan est éloigné du suivant de plus de 3 minutes ou en avance rapide si la distance excède 3 minutes. Une touche Cancel permet d’interrompre le prévisionnage à tout moment.
Trois modes sont proposés : Automatique, Repositionnement et Manuel. Automatique pour un montage classique et automatique à partir du Vidéocut 222, Repositionnement si l’on effectue un montage plan par plan ou si l’on reprend un montage interrompu. Dans ce cas, un repère invisible s’inscrit à la fin du montage final, qui permet le repositionnement automatique sur le point de sortie du dernier plan validé. Le mode Manuel est identique mais avec intervention active du monteur.
La fonction Preview est assez sommaire puisqu’elle ne permet pas l’enchaînement des plans avec les fondus ou volets programmés. On pourra aussi regretter l’absence de mode Insertion, même si le magnétoscope enregistreur en possède un. Mais il faut reconnaître le caractère rarissime de cette fonction parmi les éditeurs grand public.
Signalons enfin la présence d’une prise Extern servant, entre autres, à connecter le Vidéocut 222 à un PC pour le transfert de la liste de plans sur le disque dur.
Le Top S-Vidéo est une particularité Hama qu’il convient d’applaudir chaleureusement. Certains magnétoscopes S-VHS, comme le JVC HR-S4700 par exemple, ne possèdent qu’une prise Péritel utilisable en entrée ou sortie en mode S-Vidéo. Quand on travaille en Y/C, il en résulte, avec bon nombre d’éditeurs, un affichage en noir et blanc sur le moniteur. Grâce au Top S-Vidéo et après acquisition du câble spécial Hama 42399 (option), il est possible d’utiliser le magnétoscope en lecteur et enregistreur. Par conséquent, inutile, de déplacer les connexions vidéo pour conserver une image couleurs en permanence.
Le Vidéocut 222 intègre un titreur favorisant la création de 20 pages de titres qui s’insèrent entre les scènes ou en incrustation. Chaque page peut compter 12 lignes contenant chacune un maximum de 24 caractères. Ceux-ci défilent, on valide le signe de son choix par une pression sur Enter. Parmi les possibilités : l’insertion d’une ligne ou d’une page, leur effacement, les quatre tailles et le clignotement des caractères. On regrette l’unique couleur (blanc) des caractères et l’aliasing (lettres en escalier). La table permet d’habiller les transitions entre plans avec pas moins de 30 effets de volets en noir ou blanc ou des fondus image et/ou audio d’une durée variable, entre 0,5 et 3,2 secondes. C’est amusant et à utiliser à discrétion.
Très simple mais on peut se demander pourquoi Hama a implanté une prise Ushiden pour le lecteur 1 et Péritel pour le lecteur 2 ! Le reste est typique d’outre-Rhin avec une Péritel composite Y/C pour l’enregistreur et une autre pour le moniteur.
Sur le menu, il est important de préciser l’origine du signal et si les lecteurs et enregistreurs fonctionnent en composite ou Y/C. A défaut, le signal de sortie sera en noir et blanc. Parenthèse, comme nombre de ses frères, le Vidéocut 222 n’accepte pas le Secam.
Côté commandes des appareils, notons que le pupitre est livré avec deux câbles de type B Panasonic (Edit), un de type H Sony (Lanc) et un autre C de type infrarouge. Il est également possible d’utiliser les anciens cordons Sony 5 broches, JVC Remote et PC-VCR pour magnétoscope Mitsubishi.
Notez pour finir la prise Extern, sorte de GPI spécifique à la marque. Elle permet le câblage avec l’ordinateur et le pilotage de certains périphériques (correcteurs, titreurs…) de Hama, qui en sont équipés.
Hama a voulu frapper fort avec ce modèle destiné aux vidéastes exigeants et qui rejoint le club des meilleurs éditeurs grand public. Il offre en outre une particularité attendue depuis longtemps, la gestion de deux lecteurs au format Pal ou S-Vidéo.
Le Vidéocut 222 se rapproche des GSE MPE-200SX et Vivanco 5055VRT en termes de possibilités générales : travail au time code, titreur, effets, etc. Il se démarque surtout par sa faculté à gérer deux lecteurs à l’instar du Vidéopilot V330 (qui en pilote jusqu’à trois) mais sans l’exigence d’être connecté à un ordinateur.
CV 85