Certains cinéastes comme Jean Renoir à la fin de sa carrière flirtent avec la télévision. Fin 1958, il tourne en extérieur-nuit à Marnes-la-Coquette Le Testament du docteur Cordelier en utilisant les techniques du « direct » et du multicaméra (entre 4 et 8) en enregistrant continûment et simultanément les scènes.
Fritz Lang pour Le Diabolique Docteur Mabuse (1960) utilise un réseau de caméras de surveillance et une régie de contrôle. Dans la France des années 50, la télévision reste un hobby rare (1.406.240 postes en 1959), inspiré par la trilogie du slogan fameux « Informer, éduquer, divertir » qui fait les beaux jours des dramatiques de l'« école » des Buttes-Chaumont.
A l'instar d'un Ernie Kovacs réalisant dès 1957 aux Etats-Unis des programmes de télévision expérimentaux, Jean-Christophe Averty fait ses premières gammes.
Fils d'un employé quincaillier, le fameux conteur des Cinglés du Music-Hall a fréquenté le Cercle surréaliste de la place Blanche à la fin des années 40. Sorti de l'IDHEC, il entre à la RTF en 1952. Averty fait preuve d'une remarquable curiosité : pour Dada et Duchamp, le jazz New Orleans et Fragson, avec Méliès en majesté. Sa technique se base sur un découpage très précis des storyboards, avec une équipe très « multimédia » (graphiste, scénariste, chorégraphe, décorateur, truqueur). Utilise tous les outils de collage, magie, illusion qui lui seront disponibles, studio numérique, palette graphique, TVHD. Palmarès en raccourci : la fameuse série, Les Raisin verts qui lui vaudra les cries d'orfraies de la presse (le poupon en Celluloïd passé à la Moulinette) et un Grand Prix international de la TV en 1964. Puis Méliès le magicien, Ubu Roi. Enfin, la première émission en couleurs (1967), Montand d'Hier et d'Aujourd'hui. Il peut déclarer sans forfanterie en 1975 : « L'image électronique est une image de synthèse ».