On ne change pas une équipe qui gagne : le JVC GR-DVM1 se démarque peu du JVC GR-DV1. JVC a surtout renforcé son caractère multimédia : la station de post-production fournie avec ce camescope numérique miniDV permet désormais le pilotage informatique et la capture d’images fixes sur PC. Mais, toujours pas de prise DV.
Danielle Molson – mai 1997
Au vu de ses caractéristiques, le JVC GR-DVM1 apparaît comme une copie presque conforme du modèle miniature JVC GR-DV1. Les différences : un écran de 6,35 cm de diagonale, qui remplace le viseur et une batterie Li-Ion, dont les capacités et le volume doublent. Il en résulte quelques millimètres supplémentaires en hauteur (plus 8 mm par rapport au DV1) et autour de la taille (plus 16 mm de largeur et 6 mm de profondeur). Ces rondeurs, auxquelles s’ajoute la nécessité de filmer écran déplié, nuisent à la discrétion du JVC GR-DVM1, si appréciable avec le prédécesseur. Inutile d’espérer se rabattre sur le viseur, inexistant. En revanche, relativisons la difficulté de filmer avec une lumière ambiante trop vive. D’abord parce qu’avec 180.000 pixels la définition s’avère supérieure à ce qu’on rencontre habituellement ; ensuite parce que le système de cristaux liquides poly-silicone exploité ici se montre très lumineux. Ainsi l’image, quoique pâlie, reste identifiable sous un halogène de 300 W. Voilà qui limite le handicap de l’écran lors de tournages en extérieur. Mais, par grand beau temps, l’emploi du pare-soleil fourni s’impose.
On retrouve celui du DV : un mini zoom optique ×10 correspondant à un 40-400 mm photo, relayé par un zoom numérique ×20 et ×100 disponible en mode Manuel.
Le capteur n’est pas insensible à l’effet de Smear (traînée verticale avec une source lumineuse intense), mais le phénomène reste circonscrit dans des proportions acceptables.
Rappel : les 670.000 pixels du capteur servent à exploiter le stabilisateur électronique. L’image quant à elle se forme toujours sur environ 440.000 pixels utiles. Efficace, et nécessaire, surtout en longue focale, le stabilisateur n’altère pas le piqué de l’image, sauf en basse lumière.
Un avantage indiscutable de l’écran : il facilite l’accès aux différentes fonctions. Disparue l’exaspérante molette de menus et réglages, si prompte à induire en erreur (plus de risque de confondre le bouton Marche/Arrêt et celui de réglage Set). Dans la nouvelle version, les touches situées sous l’écran permettent de débrayer mise au point et exposition, d’accéder aux effets, ou encore d’afficher un menu des options disponibles : stabilisateur, puissance du zoom, balance des blancs, innombrables effets et volets, etc. Cela dit, certains défauts du DV1 demeurent. D’abord le zoom ×20, mais surtout le stabilisateur s’avèrent inopérants en mode Tout automatique. Passons en manuel, direz-vous. Après tout l’utilisateur n’est jamais obligé d’opter pour les nombreux débrayages proposés ! C’est compter sans l’inconvénient majeur de ce mode : tous les réglages et effets spéciaux restent mémorisés, quand bien même on éteint le camescope. Résultat : il faut les dévalider un à un pour éviter de les retrouver lorsqu’on réactive le mode Manuel. Une possibilité de réinitialisation automatique de l’appareil figure donc toujours parmi les desiderata.
L’autofocus se débrouille correctement, il réagit rapidement, et se montre peu sujet au pompage, sauf si on le pousse dans ses retranchements : longue focale ou basse lumière.
En cas de problème, la solution est simple, il suffit de verrouiller la mise au point réalisée par l’automatisme en pressant le très accessible bouton Focus. La retouche manuelle du point peut ensuite s’effectuer par paliers en pressant les touches + et -. Un système moins hasardeux et plus précis que la traditionnelle molette, voire la bague, car il permet de comparer très facilement les différences entre une image nette et une image floue (une simple pression les sépare). Aucun phénomène de défaut de tirage optique (perte d’un point verrouillé) n’a été constaté. L’exposition se règle sur plus ou moins six paliers, par pressions successives, suivant le même principe que la mise au point. L’écart chiffré par rapport à un paramétrage moyen s’affiche sur l’écran. A signaler un phénomène de pompage (rapide éblouissement) quand une personne ou un objet sombres passent fugitivement dans le champ qu’ils occultent complètement. A noter en revanche, le verrouillage possible de l’iris, pour choisir la zone sur laquelle la mesure de l’exposition doit être privilégiée, un visage par exemple.
Parmi les autres fonctions utiles que l’on appréciait déjà sur le DV1, l’option Gain Up. Elle éclaire une scène sombre en exploitant une vitesse d’obturation lente. Contrairement à une classique augmentation du gain, on n’observe pas de bruit dans l’image. En revanche, mouvements de caméra et sujets en mouvement sont à proscrire.
La balance des blancs offre pour sa part l’embarras du choix. Outre l’automatisme et le réglage manuel, le JVC GR-DVM1 propose trois préréglages : Lumière artificielle, Ciel couvert, Plein soleil. De plus, le passage intérieur-extérieur (ou inversement) s’effectue sans douleur.
Un point fort des camescopes DV. Y contribuent des couleurs flatteuses et bien circonscrites à commencer par les rouges, particulièrement stables en gros plan. La définition du JVC GR-DVM1 atteint environ 420 points/ligne. Elle s’avère supérieure à celle des modèles S-VHS/Hi-8, même si elle reste en deçà des meilleures performances du DV. En résulte une impression de piqué et de belle image si l’on n’abuse pas des plans larges. En pinaillant un peu, on reprochera un manque de détail dans les hautes lumières que seuls les tri-CCD parviennent à gérer au mieux.
Très intéressant, car innovant par rapport au DV1, le mode d’enregistrement lecture longue durée. Il augmente de 50 % la durée normale d’une cassette. Ainsi une 30 minutes passe à 45, tandis qu’une 60 minutes se mue en 90 minutes. Le modèle de présérie ne restituait pas les images enregistrées en mode Longue durée. Cela dit, avec le Sony PC7 doté de cette fonction, la qualité d’image reste identique dans les deux modes. Par conséquent, on peut supposer qu’il en va de même avec les DVM1 commercialisés.
Côté audio, la poignée fournie empêche de serrer le camescope dans ses mains. On évite ainsi un phénomène de caisse de résonance qui amplifie les bruits de fonctionnement inévitables en DV. Pour le reste, on bénéficie toujours de l’enregistrement en 12 ou 16 bits au choix. La différence s’avère très peu sensible avec le micro intégré, travailler en 16 bits ne se justifie donc qu’avec un micro externe d’excellente qualité, pour des concerts par exemple. En revanche, si l’on choisit à l’origine la prise de son en 12 bits, le doublage audio devient possible. Et ce, à partir du camescope lui-même.
L’augmentation du volume des accus va de pair avec celui de l’autonomie jugée faible avec le DV1. Ici, la durée moyenne de la batterie standard atteint 45 à 50 minutes dans des conditions de tournage normales avec zooming, etc., l’écran consommant relativement peu.
Si l’on s’en tient aux seules caractéristiques camescope, les raisons de préférer le JVC GR-DVM1 au DV1 ou inversement se résument à deux points : écran ou viseur, meilleure ergonomie ou hyper miniaturisation.
La différence se creuse versant montage multimédia. Précisons ici que l’on conserve naturellement l’énorme potentiel du DV1 en terme de post-production analogique : insertion d’image ; time code SMPTE qui garantit une précision à l’image près avec des outils d’édition suffisamment performants ; modes de lecture spéciaux et notamment pause parfaite et ralenti, qui comme le rappelle JVC peut s’accompagner d’un doublage son à la vitesse normale ; mais surtout, les effets et volets disponibles en lecture ainsi que la faculté de zoomer jusqu’à 10 fois sur une image enregistrée pour la recadrer par exemple.
Le JVC GR-DVM1 offre trois modes de montage et partage les deux premiers avec son aîné :
Ce système permet entre autres d’intervenir directement sur sa liste de montage : de supprimer des séquences d’un clic de souris, de les recopier, de les déplacer, d’en modifier la durée.
L’ordinateur peut ainsi sauvegarder 99 scènes. On gagne en précision puisque le dispositif fonctionne au time code. De plus, le JLIP pallie l’absence de progression image par image du camescope. Il offre la possibilité fort pratique de modifier les points d’entrée et de sortie à une image près, directement sur la liste de montage. Actuellement les volets en entrée ou en sortie ne sont pas programmables. Ce sera le cas dans la prochaine version du logiciel, prévue pour l’automne 97. A priori, ceux qui disposeront de l’actuelle mouture devraient connaître des facilités pour obtenir l’upgrade. Quant au montage A/B Roll, il n’est pas incompatible avec la technologie JLIP. Rien n’interdit donc de penser qu’il sera développé par la suite. Signalons pour finir que le pilotage JLIP reste réservé aux possesseurs de magnétoscopes JVC. Enfin, soulignons le confort indéniable qu’offre l’écran en post-production. On peut en effet déplier celui-ci et visionner sans téléviseur. Un gain de place et une facilité de mise en œuvre.
Dernier raffinement, la base du JVC GR-DVM1 intègre une carre de capture d’images fixes. Comme le JLIP celle-ci n’exige pas de PC surpuissant. Nous l’avons mise en œuvre avec un 486 DX66 doré de Windows 3.1 et un Pentium avec Windows 95. L’installation est simple et exploite le même cordon que celui utilisé par le système de montage : un câble à brancher sur un port série de l’ordinateur et sur la prise numérique de la base. Attention, cette prise n’achemine pas de signaux DV mais des signaux informatiques aux codages plus classiques. En effet, le système capture dans un premier temps des vignettes qui constituent un index. Chacune des images qu’elles représentent peuvent ensuite être sauvegardées en plein écran en 640 × 480, aux formats JPEG ou BMP. Le but : les retravailler avec un programme de retouche de type Paintshop, Photoshop, etc., ou les imprimer. Principales limites de cette version une intégration insuffisante entre le JLIP et la base de capture. On aimerait en effet visualiser ses points d’entrée et de sortie sous forme d’imagettes sur le même écran que la liste de montage.
Un seul concurrent dans cette catégorie et à prix égal : le Sony DCR-PC7. Ses plus : il possède un écran en sus du viseur couleurs, une prise DV, 500 points ligne et il est légèrement plus petit.
Ses moins : n’est pas fourni avec une base de montage, une carte d’acquisition et un logiciel de montage ; sa commande d ‘exposition n’est pas débrayable ; il ne recèle pas d’effets spéciaux en enregistrement et en lecture ; enfin le doublage audio est optionnel.
Outre son image DV, c’est la richesse de ses possibilités de réglages et surtout de postproduction qui constituent la force de ce modèle. Il s’adresse à tous ceux qui veulent exploiter leur ordinateur avec leur camescope, sans pour autant passer au montage virtuel.
CV 105