Après le déluge, avant l’électronique, du temps de la mécanique, qui donc a pu revendiquer la perfection en matière de caméras 8mm ? Mais un horloger suisse, bien sûr ! Présentation des caméras Paillard 8mm.
Après le déluge, avant l’électronique, du temps de la mécanique, qui donc a pu revendiquer la perfection en matière de caméras 8mm ? Mais un horloger suisse, bien sûr ! Présentation des caméras Paillard 8mm.
Fondée en 1814, la maison Paillard a d’abord construit des boîtes à musique, puis des mécanismes d’horlogerie, des gramophones, des machines à écrire (la petite Hermès). Au début des années trente, elle rachète à Jacques Bogopolsky (inventeur qui fut aussi le père du reflex 24 x 36 Lapa) les droits de sa caméra 16mm Auto Ciné. Perfectionnée, elle devient la Bolex H 16. Des versions 9,5 et 8mm en seront dérivées mais leur prix, leur encombrement, leur complexité les empêcheront de pénétrer le marché 100 % amateur. Paillard décide alors de créer un modèle plus simple, plus compact et plus abordable.
He oui ! La Suisse n’était pas en guerre… Pendant que le monde s’étripait une fois de plus, Paillard a donc pu lancer paisiblement sa caméra 8 mm.
La L8 de Paillard Bolex est une caméra 8mm très simple. Cette caméra 8 mm de 1942 est un modèle mécanique à ressort avec un remontoir à clé repliable. Elle ne pèse que 800 grammes et sa finition est de grande qualité.
Démarrage lent, du fait des hostilités. En 1945, seulement huit mille machines vendues. Le retour à la paix va faire bondir les ventes…
Dès 1953, la L8 cède la place aux C8/B8. Obturateur multivitesse, viseur « zoom », monture standardisée : sans prendre aucun embonpoint, les nouveaux modèles gagnent beaucoup en performance. Et la B8 dispose d’une mini tourelle pour deux objectifs !
Certains regrettant l’absence d’une tourelle trois optiques, Marcel Bonnet, artisan parisien, en crée une et transforme sur commande les Bolex L8, C8 et B8. Paillard, peu pressé de modifier des modèles, qui se vendent très bien, ne proposera une caméra à tourelle trois (la D8 L) qu’en 1959.
La C8 Paillard Bolex possède un boitier en métal en Duraluminum poli, le corps de cette caméra argentique 8 mm est recouvert de cuir véritable et les parties métalliques sont chromées. Elle est également très légère avec ses 790 grammes.
C’est également l’époque où Paillard adapte à ses caméras une excellente cellule sélénium à mesure TTL (modèle « L »). A partir de 1961, les Paillard à cellule seront également proposées en version monovitesse (SL°, ou avec cadrage et contrôle d’exposition « grand-angle » LA).
La H8 Leader Bolex comportait un compteur d’images intégré. La H8 Leader était vendu avec un viseur tri-focal et un oculaire à loupe pour les mises aux points délicates. Il s’agit d’un modèle de caméra 8 mm beaucoup plus élaboré que les Bolex L8 & C8.
La Bolex C-8SL est un modèle simplifié de la gamme “Compumatic”. La prise du câble de télécommande, qui avait été placé dans la partie supérieur sur les précédents modèles de caméra 8 mm Bolex de poche, fut déplacé dans la partie inférieure du panneau avant de la caméra. Elle est très légère (790 gr) et sa finition est d’excellente qualité.
Le triomphe des zooms ayant donné un coup de vieux aux caméras avec objectifs sur tourelles, Paillard, en 1962, modifie son boîtier pour l’équiper d’un Pan Cinor, ce qui donne les P 1, P 2, P 3.
Excellentes petites machines, mais on commence à s’éloigner du concept initial (la D8 L avait déjà perdu sa compacité originelle…). Paillard comprend alors qu’il est temps de faire du nouveau et lance une famille de caméra 8 mm entièrement différentes. Lignes anguleuses, mais plaisantes, cellule CdS, poignée incorporée. Selon la marque du zoom, elles s’appelleront KI, K2 (Kern), Si (Schneider) ou P4 (Pan Cinor).
Trois fois hélas, le couperet tombe en 1965 pour les caméras 8 mm sous la forme du chargeur Super 8 : la dernière génération des Paillard 8 sera discontinuée dès 1967.
Bien entendu, Paillard a aussi fabriqué des caméras Super 8 (d’ailleurs fort originales). Pas longtemps. Dès 1970, il cédait sa division « caméras » à l’Autrichien Eumig, et dès lors les Paillard seront en fait des Eumig plus ou moins personnalisées.. avant d’être… des Chinon (1974/1981) !