Si la Matrox DigiSuite LE se place dans la gamme des cartes de numérisation mjpeg, c’est une solution de montage ouverte vers le trucage avec effets temps réel à la qualité finale irréprochable en YUV, sur la base d’une compression MJPEG. La baisse de son prix se justifie par l’arrivée de la Matrox DTV en MPEG-2.
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Sylvain Pallix – juillet 1999
Après seulement un an d’existence, la Matrox DigiSuite LE voit son prix se compacter pour se trouver mieux positionnée sur son marché. Un coup d’œil dans le rétroviseur situe la carte au prix de celui d’une régie d’effets spéciaux d’entrée de gamme du début des années 90. De fait, le montage virtuel gagne toujours plus de terrain face au montage vidéo de magnétoscope à magnétoscope. Points forts de la Matrox donc : le temps réel en 2D sur deux canaux vidéo (plus 2 pistes audio stéréo et une couche graphique 32 bits) et la gestion d’un AVI amélioré pour le traitement de fichiers jusqu’à 12 Téra-octets et une ouverture sur plusieurs logiciels de montage. De quoi séduire les professionnels qui résistent aux sirènes du virtuel ou veulent compléter un équipement existant.
En proposant un AVI amélioré débarrassé de la fameuse barrière des 2 Go, Matrox s’affranchit des caractéristiques standard qui limitent à quelques minutes la numérisation vidéo et la mastérisation des films en un fichier. Pour produire des fichiers de longue durée, d’autres fabricants optent pour un format vidéo propriétaire. Inconvénient, ces fichiers sont d’emblée inutilisables en dehors de l’application qui les a générés. Rester AVI, permet à la Digisuite de maintenir une compatibilité avec une majorité des logiciels du marché de la vidéo numérique sous Windows. Certains concurrents de Matrox ont partiellement réglé le problème en exploitant des fichiers de 2 Go maxi enchaînés en lecture par un procédé spécifique (CutList, SmartPlay, PowerPlay, Miro Instant Video … ), voire en capture par enchaînement automatique des séquences. Mais, avec cet AVI amélioré, on retrouve la restriction de durée, parfois cruciale, en capture ou pour la confection d’un master numérique indépendant de l’application de montage. Jusqu’à 12 Tera-octets d’un seul tenant, la Digisuite donne de la marge pour coucher un long métrage.
Signalons d’abord que ce produit ne tourne que sous Windows NT. Intégrer la DigiSuite dans un PC demande de la méthode : les cartes contenues dans l’ordinateur doivent s’installer dans un ordre précis si on veut associer d’autres composants, comme les cartes d’effets 3D (Genie RT) ou graphique pour deux moniteurs (DigiMotion Matrox). Pour exploiter la DigiSuite au maximum de ses possibilités, il faut un PC musclé avec des disques Ultra-Wide ou mieux Ultra2 SCSI afin de se rapprocher du 1,3:1 de compression mini avec exploitation sur deux flux . Le poids image est alors de 600 Ko en Pal, soit à peine plus d’une minute de vidéo par Go. Les disques compatibles figurent sur le site Internet de Matrox. Celle-ci doit être au format ATX avec un maximum de slots PCI pour l’ajout d’autres cartes, et l’utilisateur doit se montrer très vigilant quant aux versions des Bios. Prévoyez en outre 128 Mo de Ram mini, voire 256 pour ceux qui se lancent dans le montage de films de 52 mn. L’intégration des cartes se trouve d’ailleurs facilitée si la carte mère possède un, voire deux contrôleurs SCSI intégrés. Veillez encore à disposer d’un châssis bien ventilé. L’électronique de la carte fait appel à différents processeurs pour la gestion de l’audio (Analog Devices) et la vidéo (TriMedia Philips, Texas Instruments, Siesta et Fiesta Matrox). La connectique d’origine est le parent pauvre du kit. Quand des concurrents comme Pinnacle proposent un boîtier de connectique externe, Matrox se contente d’un simple jeu de câbles : vidéo composite et composantes (BNC), Y/C (Ushiden), audio (XLR). A noter que le système dispose de deux entrées composites et deux entrées Y/C. Un signal de synchronisation (Genlock) est géré en entrée et un signal de découpe (Key) en sortie. Un boîtier optionnel existe, identique à celui de la DigiSuite « standard ».
Pour exploiter la carte, Matrox propose sa « caisse à outils » : les DigiTools. Le premier onglet de réglages donne par exemple accès au format d’acquisition 4:3 ou 16:9. On y choisit le magnétoscope utilisé dans une liste type (câble de pilotage RS422 Pro VTR fourni pour magnétoscopes professionnels).
Elle s’utilise en application indépendante ou au cœur du logiciel de montage. Si quatre logiciels sont disponibles pour la carte, le gros des essais a été effectué autour de Premiere 5 RT, offre la plus avantageuse financièrement, mais aussi avec Incite 2.0. Le module des réglages (DigiSuite Matrox), auquel fait appel Premiere lors des opérations de capture, permet de corriger le signal en entrée : niveau général vidéo, couleur, teinte … Les DigiTools proposent aussi de tester les disques durs comme de relire des fichiers vidéo enchaînés en toute fluidité.
Le temps réel ouvre des perspectives de rendement aux créatifs et professionnels. Fini ces fastidieuses attentes durant les opérations les plus courantes.
On pose un titre ici (Inscriber CG), un fondu là et un volet ailleurs, et miracle, Premiere les lit sans sourciller. Instantanéité dès le mode Preview dans la fenêtre Matrox. Cette version 5.1 RT supporte les deux flux vidéos générés par le hardware qui les mélange sans délai pourvu qu ‘ils soient 2D. Idem pour les corrections colorimétriques réalisables en temps réel sur les deux voies vidéo. Attention , la bibliothèque de transitions de Premiere ne fonctionne pas en temps réel – traitement purement logiciel. Seuls le sont les trucages Matrox (environ 200 dans une bibliothèque spécifique accessible depuis Premiere).
La bibliothèque maison comporte beaucoup d’effets similaires à ceux de Premiere et d’autres plus spécifiques. La taille de l’image vidéo est dimensionnable en temps réel en 20, mais recadrages et bordurages flous ou nets, et gestion de la transparence le sont aussi. Deux pistes audio stéréo sont également mixées en temps réel.
En dehors des trois couches (deux vidéo et une graphique) gérées en temps réel , la DigiSuite bénéficie d’un mode de calcul optimisé par une opération accélérée en Ram. On note que le traitement interne sans compression limite toute perte lors de générations multiples. Une séquence de 5 secondes comportant 10 couches de trucages peut réclamer moins de 2 minutes de compilation.
L’accès aux effets 30 temps réel requiert la carte Genie RT de Pinnacle. Cette dernière vient occuper un slot PCI dans l’ordinateur et se relie à la DigiSuite LE par le connecteur Movie Il Bus. L’investissement est de l’ordre des 35.000 F TTC. Là encore, on pioche les effets dans une bibliothèque spécifique fournie avec la nouvelle carte.
Monter avec Premiere n’est pas obligatoire. Et cette stratégie d’ouverture bénéficie à l’image de marque de la DigiSuite. Les exigences des professionnels peuvent passer par d’autres softs comme Speed Razor (ln :Sync), Edit (Discreet Logic) ou Incite (IMC).
La mouture 4.7 de Speed Razor réalise des Previews temps réel d’effets multicouche. Edit 4.5 offre la particularité de fonctionner en prise directe avec Paint le programme de retouche image/image. Quant à Incite, il peut utiliser une troisième source live en provenance du magnétoscope et la simuler avec les deux sources numérisées traitées en temps réel. A chacun de demander une démonstration exhaustive des possibilités de chaque logiciel. Hors Premiere, pour lequel existent de nombreux plug-ins d’effets spéciaux, les plus ouverts sont sans conteste les deux premiers cités, puisque réutilisables avec le hardware d’un autre fabricant. Incite, initialement développé par Matrox, ne fonctionne qu’avec les DigiSuite Matrox.
D’origine, la DigiSuite contraint les amateurs de DV à travailler avec les entrées/sorties analogiques de leurs périphériques (composite ou Y/C). Une carte optionnelle offre l’opportunité de faire entrer les signaux DV (7000 F). Celle-ci est d’ailleurs équipée d’un contrôleur UW SCSI. Mais attention , le DV est dès lors transformé en MJPEG pour son exploitation, et l’inverse pour être réexpédié sur la bande numérique. Pour répondre aux inconditionnels du tout DV, Matrox précise que le MJPEG en 4:2:2 est mieux adapté au trucage multigénération et multicouche que le DV en 4:2:0 – dans sa compression originelle – qui a déjà réduit de moitié les informations de couleur (chrominance). Le débit requis pour traiter le DV en MJPEG sans perte notable est important. En effet, un signal optimisé requiert dans les 7 Mo/s, quand d’origine le DV tourne à 3,6 Mo/s. Cela implique un PC musclé. Mais, si pour l’essentiel vous montez du DV en Cut, il existe sur le marché des cartes vidéo plus basiques adaptées.
Pour le travail de groupe, en réseau ou en poste indépendants, Matrox livre son codec DV en version uniquement software. Le logiciel est téléchargeable gratuitement sur Internet. Ainsi des créateurs apportant leur concours pour de l’animation graphique ou 3D peuvent exploiter des images issues de la DigiSuite sans disposer de cette dernière dans leur machine. Bien sûr, pour une exploitation temps réel et la sortie vidéo vers un périphérique dédié, il faut ré-adresser les fruits de ce travail à un poste équipé DigiSuite.
L’accès aux effets 3D implique l’ajout d’une carte dédiée à la DigiSuite. En l’occurrence, Matrox propose la Pinnacle Genie RT. Une prise spécifique permet de relier les deux cartes pour un transfert des données à haut débit sans surcharger le Bus PCI de l’ordinateur. Il s’agit du Media II Bus mis au point par Matrox. A noter pour les créateurs, que des plug-ins Matrox ont été développés pour 3D Studio Max, Softimage et LightWave (logiciels de 3D) et que des produits de painting et retouche image/image comme Paint et Aura supportent le Preview Matrox.
Ce DSP processeur de signal numérique (Digital Signal Processing) est dédié vidéo. Avec ses 8 Mo de Ram en interne, il accélère les transferts entre la DigiSuite et le Bus PCI. D’où une excellente circulation des données vers le contrôleur SCSI et la carte graphique : rapidité d’affichage des vignettes, conversion YUV/RGB ultra-rapide, compilation des séquences vidéo optimisée ou bien transformation DV/MJPEG en temps réel.
Une carte optionnelle dispose de la prise IEEE 1394 pour relier et piloter des périphériques DV. Et pour ceux dont les magnétoscopes permettent d’échanger les données en numérique par canal SDI, une autre carte à cette norme est disponible. Les deux peuvent être installées simultanément. Un boîtier de connectique externe optionnel peut se substituer au jeu de câbles fourni.
Cette DigiSuite LE n’est pas faite pour un PC bas de gamme. L’amateur la boudera en attendant les cartes DV ou MPEG-2 abordables à effets temps réel. En revanche, son prix revu à la baisse la repositionne idéalement pour les réalisateurs indépendants, studios de production multimédia et entreprises. Ces dernières, sous Windows NT, apprécieront l’utilisation des outils standard pour distribuer la vidéo en réseau.
Dans la même catégorie, double flux MJPEG pour le traitement des effets 2D en temps réel, on trouve la Pinnacle ReelTime à 31.235 F TTC.
Cette dernière n’est toutefois dotée que d’un seul canal DVE qui la condamne à ne pouvoir truquer qu’un seul des deux canaux vidéo mixés contre deux pour la Matrox. Les deux cartes disposent d’un Movie II Bus pour la liaison avec une carte d’effets 3D temps réel. C’est d’ailleurs Pinnacle qui fabrique la Genie utilisée par les deux cartes.