Un double magnétoscope VHS, voilà qui n’est pas fréquent. Bien qu’inapte au montage, le magnétoscope VHS à double cassette Orion DX3034 se joue de toutes les combinatoires. Outil au service du téléphage, du démonstrateur, du chirurgien ou de l’enseignant, cet atypique sait aussi dupliquer du VHS en VHS ou réaliser deux copies simultanées à partir d ‘une source externe.
Thierry Philippon – janvier 1997
On a beau creuser la tombe du VHS et ne jurer que par les nouveaux systèmes d’enregistrement (DV, DVD … ), la fuite en avant technologique fait oublier un peu vite que le format inventé par JVC demeure encore – et de loin – le plus utilisé pour des applications domestiques et professionnelles. A l’inverse des magnétoscopes de salon qui ont une vocation généraliste, le système bicassette développé par Orion répond à de multiples usages spécifiques. C’est à la fois un « duplicateur » qui ne requiert ni branchement ni manipulation. C’est aussi un enregistreur surdoué pour le téléphage qui programme à tour de bras. C’est enfin un outil dont les deux platines peuvent rendre bien des services à certaines professions (voir ci-dessous). Ne vous fiez pas à sa façade rudimentaire, l’Orion DX3034 a plus d’un tour dans son sac. Il ne s’agit pourtant pas d’une vraie nouveauté puisque ce modèle reprend, moyennant quelques améliorations, les grandes lignes de son prédécesseur, le DX 2020. Un concept insolite dont la rareté mérite d’en souligner de nouveau l’intérêt.
Le principe de base de ce bicassette est le suivant : ses deux platines peuvent travailler simultanément ou indépendamment l’une de l’autre. Par exemple, la platine inférieure (nommée Deck A) peut lire une bande pendant que la platine supérieure (nommée Deck B) en enregistre une autre.
La copie interne est donc possible. La procédure est simplissime. Une pression sur Synchro Start place A en Pause/Lecture, B en Pause/Record. Une nouvelle impulsion déclenche l’enregistrement. Stop pour tout arrêter. Aucun curseur à positionner puisque par défaut, le sélecteur d’en crée se place sur A dès la touche Synchro Start enclenchée. Pour autant, pas question pour le vidéaste en herbe d’envisager le moindre montage ni même un banal « bout-à-bout ». Chaque raccord souffre d’une légère perte de désynchronisation, une imprécision totale et surtout un trou sonore d’ environ deux secondes causé par l’inertie du lecteur qui ne bénéficie d’aucun Preroll. Pour éviter ce blanc sonore, astuce possible : placer B en Pause/Record, A en lecture puis relâcher manuellement la Pause/Record du B.
L’Orion peut aussi, ce n’est pas là son moindre intérêt, réaliser deux copies simultanées à partir d’une unique source externe connectée en Péritel 1 ou de deux sources distinctes, l’une en Pal, l’autre en Secam, reliées aux Péritels 1 et 2. Avantage indéniable pour le vidéaste : dupliquer simultanément deux copies VHS d’un même master. Cette solution dépannera sûrement de nombreux réalisateurs de mariage à qui l’on commande parfois 3 ou 4 copies de leurs images « brutes ». Or, on sait que les rushes d’un mariage durent facilement de 2 à 3 heures ! Toutefois, une triple réserve : l’Orion DX3034 n’est pas un duplicateur professionnel. Sa qualité d’image en copie est celle d’un magnétoscope entrée de gamme. D’autre part, la copie à partir d’une source 8 mm, Hi-8 ou S-VHS est nécessairement en Pal. En effet, le DX 3034 est capable de lire, d’enregistrer et de copier le Pal comme le Secam (et même le Mesecam). Mais aucune conversion de standard n’est possible. Une source Pal est forcément copiée en Pal, une Secam en Secam… Enfin, Orion insiste en gros caractères sur un point légal essentiel : la copie illicite, autrement dit le piratage d’œuvres protégées. En effet, la conception même du DX3034, de par son extrême facilité pour dupliquer de bande à bande, pourrait aisément encourager des esprits malveillants…
Les ressources de l’Orion s’adressent aussi aux téléphages. Muni du ShowView et d’un double tuner, ce bicassette est capable :
L’Orion DX3034 est aussi un fort en lecture. Il peut lire une même bande sur deux téléviseurs (simultanément) ou deux bandes différentes sur un seul téléviseur (en alternance). De même, il peut lire deux bandes distinctes sur deux téléviseurs. Dès lors, on imagine de nombreuses applications pour le chercheur, le commercial (sur un stand) ou l’enseignant. Un prof peut ainsi montrer à ses élèves – à l’aide d’un seul téléviseur (ou de deux) – la différence de traitement et de progression d’un même journal télévisé enregistré le même soir sur TF1 et France 2. Il suffit qu’il déclenche au même moment les deux bandes enregistrées à l’aide… de l’Orion ! Cette possibilité de visualiser simultanément deux images peut enfin concerner le vidéaste désireux de comparer deux copies, l’une en Pal, l’autre en Secam.
Aux multiples applications de l’Orion DX3034 s’ajoutent un certain nombre de fonctions pratiques qui n’ont pas été oubliées. Citons en vrac l’indexage, la remise à zéro du compteur, le cracking automatique ou manuel, plusieurs modes de programmation (immédiat, différé, ShowView, etc.), la compatibilité Canal +. Quelques particularités rares sur un modèle basique : une avance image par image (mais pas de retour), un ralenti, une éjection automatique en retour arrière, une vitesse de bobinage améliorée (2’30 »), enfin un affichage du compteur sur écran sur lequel s’inscrivent les deux compteurs des deux platines. Cerise sur le gâteau, un mode d’emploi assez détaillé (50 pages), quoique peu bavard sur les chapitres les plus intéressants et un écran de contrôle (affichage ACL) qui renseigne l’utilisateur sur les opérations en cours (entrée source, platine lue, source en sortie sur écran TV, etc.). On est vite perdu compte tenu des multiples possibilités !
Terminons par le chapitre des manques. L’Orion n’étant pas dévolu à des opérations de montage, vous ne trouverez ni doublage son, ni insertion, ni Jog/Shuttle ni son Hi-Fi stéréo. Pas non plus d’entrée en façade et un arrêt sur image légèrement bruité (mais pas trop pour un deux têtes). On pardonne. En revanche, quelques erreurs de conception (dé)montrent une fois de plus que les ingénieurs qui mettent au point les produits négligent totalement (ou ignorent, c’est selon) le comportement des utilisateurs. Deux exemples :
Ces quelques défauts sont bien entendu à mettre en perspective avec la vocation de ce magnétoscope aux multiples usages, modèle dont le prix reste raisonnable compte tenu de l’existence de deux mécanismes de lecture/enregistrement.
Pas de rival à l’Orion qui est visiblement le seul et unique modèle VHS/VHS du marché (Amstrad ne commercialisant plus ce genre de magnétoscope). Le concept « double platine » existe en revanche chez Sony (EVT1B), Goldstar (RDV 80) et Loewe (OC 2518). Il s’agit de trois doubles magnétoscopes pouvant copier du Hi-8 sur VHS Pal (et même VHS sur Hi-8 pour le Sony). Bien entendu, leurs caractéristiques techniques diffèrent totalement de l’Orion. Ils sont aussi plus onéreux.
CV 101