Deux ans après la sortie du fameux mélangeur AVE7, Panasonic lance l’AVE55. Une table de mixage comme matériel de post-production vidéo analogique Panasonic qui se positionne visiblement en concurrente de la Videonics MX1. Info ou intox ?
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Jean-Pierre Challot – juillet 1996
Cette table de mixage requiert « impérativement » l’emploi de deux téléviseurs ou moniteurs. Le premier écran, relié au magnétoscope, fait apparaître les séquences qu’on s’apprête à enregistrer (mélange d’images, effets ou interventions colorimétriques compris) ou celle du Bus sélectionné. Le deuxième relié à la sortie Preview de l’AVE55, communique également les menus des différents effets. Mais comme nous l’avons vu, il sert surtout à afficher les plans avant modification ou montre la source correspondant au Bus non-sélectionné.
Si l’on ne peut faire autrement un seul moniteur suffit, mais gare aux sueurs froides et adieu le confort d’utilisation. Pour ses habillages, il faudra alors éviter de recourir aux menus en tapant directement le code d’accès de l’un des 175 effets numériques et de transition de l’AVE55. On se prive ainsi de tout contrôle et on effectue ses réglages à l’aveugle.
Enfin, pour les montages A/B Roll à la volée, on devra renoncer à visionner ensemble les images des sources A et B. Deux bonnes raisons d’investir dans un petit 36 cm d’appoint. Dommage que Panasonic n’ait pas doté sa régie d’une possibilité de contrôle simultané des quatre sources sur le moniteur Preview. Une initiative qui rendrait d’immenses services aux réalisateurs de tournages multicaméras en direct.
Traditionnels, les fondus à l’ouverture et à la fermeture sont bien entendu de la fête. Après avoir validé la touche Fade, il reste à déterminer si l’opération concerne la vidéo, le titre ou l’audio. Dans les deux premiers cas, il faut choisir la couleur à appliquer au fondu. Pour lancer l’effet sélectionné, appuyer sur la touche Auto Fade, après en avoir réglé la durée.
Très classique mais toujours payant. Le fondu-enchaîné se réalise automatiquement via la touche Auto Take et la vitesse se règle de 0 (Cut) à 10,2 secondes, avec la possibilité de choisir entre les quatre sources vidéo, le titre ou une image figée.
L’appareil en propose six de base, aux formes et directions modifiables à volonté. Multivolet, bordure avec réglage de la netteté et de la couleur, pas de limites. Cet effet fonctionne à partir de deux sources vidéo, ou d’une source et d’une couleur de fond. Il est commandé en manuel par levier ou intervient automatiquement (touche Auto Take). La durée est alors variable grâce au réglage Time.
Panasonic a équipé son petit dernier de la fonction Still (image figée). Très pratique pour réaliser des effets avec un seul lecteur, ou pour enchaîner deux plans présents sur la même cassette. Il suffit de valider, via le menu Effect, la position Fld ou Frm qui fournit le meilleur résultat, et ceci pour chaque Bus. Si le signal vidéo en question se trouve connecté à l’entrée 1, sélectionner cette même entrée sur les deux Bus. Une simple pression sur la touche Still du Bus souhaité, et la transition peut intervenir. Attention cependant, seuls les fondus-enchaînés sont alors permis. Une pression sur la touche Wipe/Mix, et adieu les images gelées ! Mais il est bien regrettable de ne pouvoir geler une image sans avoir à passer par toutes ces opérations fastidieuses.
Un nombre impressionnant de trucages deviennent possibles grâce à la numérisation des signaux vidéo. Stroboscopie, mosaïque, négatif coloré ou effet pictural, tout est réglable indépendamment pour chaque Bus, sur cinq niveaux d’intensité. Les effets étant cumulables, l’AVE55 ne bride pas la créativité. Rien n’empêche alors de geler une image aux valeurs inversées (négatif), recolorisée (Paint) et agrémentée d’une mosaïque. Si au bout du compte vous ne vous souvenez plus de l’image originale, une pression sur la touche Effect du Bus en question, et voilà toutes les fioritures disparues. Rien n’interdit non plus de régler le niveau de chrominance de l’image, du noir et blanc d’antan aux couleurs criardes et excessives.
Comme sur la plupart des mélangeurs grand-public récents, la numérisation des signaux vidéo autorise des effets de compression et de rotation. Image dans l’image (P in P) simple ou double, déplaçable à volonté et à taille variable ; rotation autour d’un axe horizontal ou vertical (Flip et Tumble).
Parmi les effets de volets, on trouve le cube à deux faces qui tourne sur son axe. La première image se comprime au fur et à mesure que la suivante retrouve ses proportions. Un effet toujours très remarqué, surtout à vitesse lente. Mais ce n’est pas encore avec l’AVE55 que les vidéastes amateurs goûteront aux effets 3D : pas de page qui tourne, ni de perspectives, mais est-ce vraiment indispensable ?
Mille fois bravo à Panasonic pour avoir doté l’AVE55 d’un correcteur de couleur. Une fois que l’option Chroma est sélectionnée sur le Bus A et/ou B, rien de plus simple que de modifier une balance des blancs défectueuse. Un joystick dose avec précision l’ajout de rouge, de vert ou de bleu à l’image originale. Une scène orangée, tournée à l’intérieur avec le camescope réglé en lumière naturelle ? Positionnez la manette à la jonction du vert et du bleu, et la séquence retrouvera ses véritables couleurs. Les réglages effectués resteront mémorisés (jusqu’à extinction de la machine), ce qui permet, dans le cas de tournages multicaméras, d’équilibrer les valeurs chromatiques de chaque source.
Toutes les incrustations d’images sont envisageables, grâce aux fonctions Luma key et Chroma key. On se positionne facilement, grâce au joystick, sur la couleur ou la valeur de luminance que l’on veut remplacer. Un ciel trop clair, surexposé ? Pourquoi ne pas incruster un fond bleu, ou une toute autre image ? Une fringale d’effets spéciaux, de supermen survolant la Baule ou de belle smamans poursuivies par des hordes d’insectes géants ? Pensez Chroma key ! Procédure : filmez votre héros sur un fond de couleur ou à la densité uniforme, sélectionnez la vue dans laquelle vous souhaitez le voir évoluer et fiez-vous à l’AVE55 pour plaquer votre acteur sur son nouveau décor et face à ses nouveaux amis. Attention toutefois, ce procédé ne se prête pas à toutes les images, et demande connaissances, techniques et préparations.
Véritable première sur un mélangeur grand-public Panasonic, il existe des prises répondant aux protocoles GPI (General Purpose Interface) et RS232. Ces connecteurs lancent le déclenchement d’effets à un moment précis, à partir d’une table de montage ou d’un ordinateur dédié à cette opération. Paradoxe de la situation, Panasonic ne commercialise pour l’instant aucune table de montage assurant une telle compatibilité. La prise GPI étant standardisée, il faudra donc se rabattre sur les modèles Videonics Edit Suite et TU-2000, mais aussi les Sony RM-E 1000, Hama VCT 222 et Videocenter 230 ou GSE MPE 200. Mais attention, ces éditeurs ne gèrent pas tous deux sources. Quant à la prise série RS232, on la trouve généralement sur les machines informatisées et les éditeurs de montage professionnels.
L’AVE55 est doté d’une prise pour générateur de caractères de la marque (WJ-TTL5 ou WJTTL7). Rien de plus simple que de combiner les fondus-enchaînés entre images et titres. En associant les effets de Luma key/Chroma key les compressions ou les rotations, il est facile d’obtenir des génériques très originaux.
Que l’on fasse transiter un signal composite ou Y/C à travers la régie, on ne constate aucune perte de qualité. Le rapport signal/bruit de 50 dB laisse transiter les 400 lignes des formats Hi-8 ou S-VHS. Mieux, lors du branchement d’un camescope numérique sur le mélangeur (via la prise Ushiden) nous n’avons pas observé de dégradation de l’image. Cela dit, ne comptez pas sur cette régie pour améliorer des rushes de qualité médiocre. Préférez donc une autre solution de traitement numérique d’image dans le cas d’une numérisation de cassette vidéo.
Le son est le parent pauvre de la régie AVE55. Adieu les potentiomètres de réglage du niveau sonore, ainsi que les prises casque et micro de l’ancêtre AVE7. Panasonic a bien doté son mélangeur d’un réglage des volumes pour chaque entrée, mais par le biais de menus, de sous-menus et de touches de déplacement. L’utilisation reste par conséquent peu pratique, et on aura tout avantage à adjoindre à ce périphérique une table de mixage son de bonne qualité, disposant d’entrée micro et d’une sortie casque à volume réglable. Dans ce domaine, le seul intérêt de l’AVE55 consiste en la réalisation de fondu audio automatique, en synchronisation avec les transitions vidéo.
Face aux systèmes de montage informatisé, quel est l’intérêt du mélangeur AVE55 ? Tout simplement sa simplicité d’emploi, qui devrait séduire bon nombre de vidéastes. La régie peut s’intercaler entre un lecteur (le camescope) et un magnétoscope enregistreur. Libre à chacun d’ajouter à son équipement une table de montage et un deuxième lecteur, mais aucun investissement supplémentaire n’est indispensable pour réaliser des montages originaux.
Agrémenter facilement les montages d’effets de transitions plus ou moins spectaculaires, c’est le pari du mélangeur Panasonic AVE55. On regrette les limites de la section audio et du contrôle des sources sur moniteur.
Dans cette gamme de prix, le seul rival de la Panasonic AVE55 est la régie Videonics MX1. Si cette dernière ne dispose pas de la fonction correction des couleurs, elle permet de visualiser simultanément et sur un seul moniteur les quatre sources vidéo. Autre avantage, la possibilité d’affecter une même entrée à plusieurs sources. Côté effets, les deux modèles sont équivalents. Pour la manipulation, les touches en gomme plastique de la MX1 handicapent légèrement ce modèle.
CV 96