Le magnétoscope VHS Philips VR-657 est un original possédant des fonctions de montage inédites mais aussi de curieuses limites. Signe particulier, c’est un surdoué du son.
Un étonnant magnétoscope VHS, le type même du produit à provoquer des réactions aussi excessives qu’opposées. Les uns s’enthousiasmeront pour l’offre de fonctions rarissimes : synchro édition avec des lecteurs de toutes marques dotés de bornes de télécommande (JVC, et surtout Hitachi, compris), mais aussi pour la possibilité d’obtenir un doublage son en stéréo. Les autres déploreront la complexité d’un engin doté d’exaspérantes doubles fonctions et d’un compteur aux limitations étonnantes. Reste un point sur lequel tous s’accorderont : il s’agit d’un modèle rien moins que paradoxal.
Le VR-657 pilote en mode Synchro Edit les caméscopes dotés de prises Lanc (8 mm), Control M (Panasonic), ainsi que les modèles JVC et Hitachi. Pour chaque type de connexion, un câble spécifique, fourni en option, est nécessaire. A l’inverse, il s’avère impossible d’utiliser la prise Synchro Edit pour piloter le Philips par câble, à partir d’un éditeur de montage. De même, ce connecteur devient inopérant lorsque le magnétoscope est employé comme lecteur.
En revanche, rien n’interdit au vidéaste de calculer le temps d’inertie, ou Préroll du Philips, pour obtenir un démarrage synchrone avec le camescope. Il suffit d’appuyer plusieurs fois sur la touche Enr. Mode et apparaissent les différents temps de retard proposés. Avec les caméscopes Panasonic, ceux-ci sont de l’ordre de 1,46 seconde, et ils descendent à 1,16 seconde avec les modèles JVC et Hitachi.
Pour le montage avec un éditeur extérieur, le VR-657 pose quelques problèmes. Alors que dans le reste du monde on attribue une touche à chaque fonction, les constructeurs européens Philips et Thomson préfèrent cumuler. On trouve ainsi la Pause et le Stop sur la même touche. Idem pour le Stop et la mise hors tension quand on travaille avec une table de montage. Non seulement un tel dispositif entraîne une confusion chez l’utilisateur, mais il complique la tâche de l’éditeur.
Ainsi, l’essai avec le logiciel VideoDirector s’est avéré possible, mais difficile. Du fait des fonctions cumulées, il est nécessaire de reprogrammer les commandes essentielles (Lecture, Enregistrement, Pause, Avance et Retour rapides). Une démarche longue et ennuyeuse…
Une fois paramétré, le Philips se comporte comme un magnétoscope de qualité. A noter, la pause parfaite, sans perturbations aucune.
Gênant, en revanche, l’absence de compteur horaire précis. Pendant la lecture d’une cassette, s’affiche le temps écoulé ou restant en heures et minutes. Aucune trace des secondes (sauf lors des insertions). Si ce n’est pas dramatique quand le Philips est utilisé comme enregistreur, le VR-657 devient quasiment inexploitable comme lecteur dans une configuration de montage. En effet, repérer précisément une séquence se révèle laborieux et entraîne une perte de temps et d’énergie considérables. Enfin, pour un surcoût de 600 F, le vidéaste a tout intérêt à s’offrir le modèle supérieur, autrement dit le VR-757. En effet, celui-ci dispose de la molette Jog/Shuttle permettant, outre les vitesses de défilement variables, l’avance et le recul image par image. Cette bague, qui évite les approximations ne peut en aucun cas être considérée comme un luxe.
Précisons d’abord que le Philips a des aptitudes classiques : mode Doublage son (remplacement de la piste longitudinale) et Son en Boucle (transfert de la piste Hi-Fi sur cette même piste longitudinale). Également, le VR-657 propose trois types d’Inser (sans T chez Philips !) dont le troisième est le plus particulier. Le premier, l’Inser Vidéo, enregistre une nouvelle séquence image et son, tout en préservant le son d’origine sur la piste mono.
Le second, curieusement nommé Inser Doublage, présente la particularité de tout remplacer : l’image, le son Hi-Fi ainsi que celui de la piste mono (comme en Hi-8/8 mm). Plus original, l’Inser Copie offre la possibilité, lors de l’insertion de nouvelles images, de sauvegarder le son mono de la piste longitudinale mais aussi de le repiquer sur la piste Hi-Fi. Un essai réalisé en mode Inser Copie avec un extrait de A Night in San Francisco dans lequel, le guitariste Paco De Lucia est enregistré sur un canal tandis que Al Di Meola l’est sur l’autre, confirme que c’est bien le cas. De quoi faire rêver, n’est-ce pas ? A noter, on retrouve cette technique sur deux autres modèles Philips, les seuls du marché à présenter cette particularité : les VR-9489 et VR-8489.
Complète et standard pour un magnétoscope Hi-Fi stéréo. A l’arrière : deux RCA audio entrée et sortie ainsi que deux Péritels. Plus discrète, sur l’arête avant gauche de l’appareil : une entrée audio/vidéo. En revanche, pas de connectique pour un micro ou un casque. Si l’absence de prise micro peut paraître secondaire, il n’en va pas de même pour la prise casque, dont la disparition interdit tout contrôle du niveau d’entrée lors d’un doublage son.
On ne peut nier la qualité des images reproduites. N’y sont peut-être pas étrangers certains dispositifs comme le S.P.C. (Studio Picture Control) destiné au contrôle de la résolution d’image et le S.T.S. (Studio Tracking System) qui repositionne automatiquement les têtes vidéo sur les pistes, pour éviter les drops. Ce magnétoscope est donc idéal pour réaliser une numérisation VHS. Côté son, la dynamique est au rendez-vous. Le Philips Hi-Fi stéréo donne au spectateur l’impression d’être dans une salle de cinéma, quand bien même il ne dispose pas d’ampli Dolby ProLogic. Non seulement, on retrouve la notion stéréo gauche/droite, mais aussi une dimension avant/arrière. C’est tout simplement étonnant.
Le Philips VR-657 enregistre et lit les bandes VHS aux normes Pal, Secam et Mesecam. Pour les amateurs de cassettes vidéo préenregistrées en VO., l’appareil peut également lire le NTSC en stéréo sur un téléviseur Pal/Secam. On appréciera de même la lecture des cassettes S-VHS (avec une qualité VHS). La fonction Auto Store a pour but la mémorisation automatique des chaînes. On pouvait espérer, comme c’est le cas sur de nombreux modèles, que l’utilisateur n’ait absolument pas à intervenir pour rechercher les chaînes et les mettre dans l’ordre. Pour référence, avec le Panasonic NV-HD650, il suffit de connecter l’appareil à une prise de courant et au câble antenne pour obtenir la mémorisation automatique des chaînes, de l’horloge et de la date sans aucune manipulation. Ici, une pré-programmation est nécessaire. Malgré une excellente réception, le Philips VR-657 n’a trouvé, dans notre cas, que neuf chaînes câblées sur vingt. Un conseil, oubliez cette fonction et sélectionnez manuellement les chaînes, c’est plus rapide et le résultat n’en sera que meilleur. Cinq modes de programmation sont proposés dont le ShowView et le mode Simultané pour l’enregistrement d’une émission télévisée et d’un son stéréo provenant d’un tuner extérieur. Enfin, le VR-657 détecte automatiquement le format 16/9 en décompressant l’image pour une lecture sans déformation.
Avec un temps de rebobinage de 93 secondes pour une cassette de 180 minutes, le Philips VR-657 est l’un des magnétoscopes les plus rapides. A 3 minutes de temps restant sur la bande, le moteur ralentit pour éviter un arrachement de bande. Il fallait y penser !
Astucieux, le VR-657 permet de capturer en un clin d’œil ce qui est diffusé «en direct» sur écran. Moins d’une seconde est nécessaire pour passer de la fonction Stop à l’enregistrement. Ce résultat est facilité par la fonction Follow TV. Imaginez que vous regardez Arte. Un programme vous intéresse ? Une simple pression sur Enreg./Otr de la télécommande entraîne l’enregistrement sur le magnétoscope même si celui-ci n’était pas calé sur Arte.
Passée la douleur de la mise en service, le Philips VR-657 révèle de nombreuses qualités, malgré sa complexité d’emploi. Ses points forts : des capacités de pilotage inédites, un mode d’insertion très spécifique (Inser Copie), mais aussi un rendu sonore excellent. Pour le montage, on préférera cependant le Philips VR-757, identique, mais doté d’une bague Jog/Shuttle.