La Pinnacle DV500 donne au marché une nouvelle orientation : des cartes de numérisation dv Pinnacle pour le montage virtuel à effets temps réel. Pour 7.000 F, prix abordable, cette révolution grignote l’un des derniers avantages du montage traditionnel. Elle donne la possibilité de voir instantanément l’exécution des effets. Les vidéastes expérimentés pourraient appeler ça « Retour vers le futur ».
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par Sylvain Pallix – février 2000
Nouveaux adeptes du virtuel ou clients renouvelant leur système de montage, ils sont nombreux à avoir acquis depuis Noël cette DV500, alléchés par les promesses du temps réel. Les attentistes souhaitent peut-être la comparer à la Matrox RT2000, qui se veut plus performante en la matière. Nous aussi. Mais la belle s’est faite désirer en vain pour la confrontation annoncée dans nos colonnes (Voir Rivaux).
Pas question d’installer la DV500 sur un ancien PC. Le ticket d ‘entrée est le Pentium II 400 MHz avec 128 Mo de Ram. Les disques durs, à même d’offrir le rendement requis pour le traitement de deux flux vidéo en temps réel, sont les Ultra-DMA 66 à 7 200 tours/minute, les disques Ultra-DMA en association avec une carte FasTrack (Promise Technology) qui booste les performances de disques associés, et aussi les disques SCSI plus coûteux. Un disque à 5 400 tr/mn ancien modèle exécutera les effets de manière aléatoire, tantôt normalement, tantôt de façon saccadée. La mise en place a demandé moins d’une demi-heure et s’est déroulée sans heurt.
La capture s’effectue en analogique ou en DV. Et sur le disque dur, toute la numérisation mini DV est encapsulée en AVI classique, ou Open DML- via Premiere – pour briser la barrière des 2 Go en capture/restitution. Si cette liberté est totale jusqu’à 12 Tera-octets sous Windows NT avec les partitions de disques durs NTFS, elle n’excède pas 4 Go aujourd’hui pour les partitions en Fat32 de Windows 98. Le monteur pourra mixer différentes sources vidéo analogiques et DV, mais toujours au standard Pal.
Les miroDVTools, propres à Pinnacle, offrent le pilotage des camescopes DV, le catalogage des séquences vidéos (avec imagette du point In), la capture de séquences délimitées et organisées en «story-board» . Si l’on préfère capturer par le module de Premiere, les imagettes et l’automatisme de la procédure en moins, on retrouve des actions communes : la capture à la volée, au timecode et enfin en série (Batch). Ici, en acquisition par les sources analogiques, le niveau sonore est paramétrable (VU-mètres). Et l’image est réglable pour les séquences, là encore saisies en analogique. Pas de capture à taux variable pour la gestion de projets lourds puisque Pinnacle n’exploite pas la capacité du chip C-Cube à traiter les signaux en MPEG-2 i-Frame. L’acquisition effectuée, le périphérique DV peut être déconnecté du PC pour les opérations de montage en mode temps réel.
Premiere, depuis la version RT, traite deux flux vidéo en parallèle. Avec une carte ordinaire, on place entre deux plans une transition qui nécessite un temps de calcul variable pour visualiser le résultat en toute fluidité. Avec une technologie temps réel accompagnée d’un jeu de transitions spécifiques – cas de la DV500 – Premiere croise les deux flux vidéo instantanément. Ainsi, fondus en tous genres et volets 2D s’exécutent dans la fenêtre de montage du logiciel et sur le téléviseur raccordé à la sortie de la BlueBox (boîtier de connectique). La carte est livrée avec une bibliothèque Spicerack (Pixelan Software) pour une multitude de transitions sur des dégradés noir au blanc. Le système supporte aussi une couche graphique : titre, dessin ou photo.
Le temps réel est une notion presque abstraite. En vidéo, on en parle depuis longtemps pour signifier que la capture s’effectue en une passe ou que l’image s’affiche à 25 images/seconde sur le moniteur. L’emballage de la DV500 joue sur l’ambiguïté de l’étendue du traitement en affichant « temps réel avec effets 3D » . Justement, les effets 3D ne sont pas traités en temps réel, ils le seront avec la Matrox RT2000.
Pinnacle fournit toutefois une bibliothèque d’effets 3D – FreeFX – dont les calculs sont améliorés si la carte graphique est de dernière génération, accélératrice 3D. L’option d’accélération – modulable – se trouve alors validée dans les paramètres du plug-in. Notez que les transitions d’origine Premiere sont incompatibles avec le procédé temps réel. Elles nécessitent toujours du calcul. Tous les plug-ins complémentaires type Hollywood FX ou Boris FX aussi. Idem en ce qui concerne les filtres. Ils réclament souvent des modifications profondes de la vidéo dénaturant tous les pixels. Ils exigent davantage de puissance de traitement comme sur la Canopus DVRex RT avec sa carte dédiée et en bi-processeur sous Windows NT. Pinnacle propose toutefois d’appliquer instantanément l’effet négatif, le réglage de la luminosité et la saturation. Mais un seul à la fois ! Retenez que le temps réel se limite au mariage, soit de deux couches vidéo originelles croisées en 2D, soit d ‘une couche vidéo et d’une autre graphique, soit d’une vidéo ou d ‘un graphisme avec l’un des trois filtres.
Toute addition de trucages sur la Time Line ou composition en multiples couches vidéo renvoie aux traditionnelles compilation. Et toute zone réclamant un calcul se voit marquée d’un liseré rouge sur la Time Line. Seules ces zones seront rendues à la demande (Projet/Rendre la sélection) ou lors d’une exportation plein écran (Fichiers/Export/Vidéo) .
Revers de la médaille, cette gestion technologique du temps réel alourdit Premiere qui devient moins réactif. Scanner les pistes à la souris devient plus difficile, l’ouverture des fichiers réclame un léger temps d’attente, la manipulation d’un élément précédemment monté ou l’insertion provoque une réflexion du système avant la lecture, le temps de resynchroniser les éléments. Bref, la vitesse gagnée sur l’exécution des effets se perd un peu dans la rapidité de montage générale.
Deux choix s’offrent à l’utilisateur : employer le classique titreur de Premiere ou recourir à TitleDeko, le titreur maison (Plug-in).
Les deux supportent l’incrustation en temps réel. Avec une contrainte spécifique pour TitleDeko, ne pas dépasser le cadre indicatif en pointillés. A noter qu’il est le seul des deux à accepter des graphismes ou photos importés. Et ces images sont ici positionnables et redimmensionables. En revanche, inutile d’appliquer aux deux titreurs un effet de défilement vertical ou horizontal, voire de faire appel au gestionnaire de trajectoire, car le temps réel ne s’applique qu’aux incrustations d’images fixes. Restrictions à rappeler : pas question de faire se chevaucher une incrustation et une transition ou une incrustation et une séquence vidéo avec filtre, ça ne marche pas non plus.
Un monteur travaillant en Cut préférera passer en mode DV (sans effets temps réel). Le choix du mode passe par un clic droit souris sur la barrette flottante mirolNSTANT Video RT. Il faut ensuite sauver le projet de film qui se referme automatiquement puis se rouvre. La manipulation des éléments – lecteur et Time Line – redevient plus souple. L’affichage de Premiere sur le moniteur informatique est alors un peu saccadé, mais fluide vers l’enregistreur DV et le moniteur vidéo qui lui est relié. Idem en plein écran informatique sur le mode Exportation vidéo en plein écran ou sur bande. La sortie analogique de la BlueBox est alors dévalidée. Pour le contrôle sur téléviseur, il faudra brancher celui-ci en sortie du caméscope mini DV ou magnétoscope DV. Le moindre effet posé se traduit en lecture par une séquence noire à l’écran au lieu de la traditionnelle image vidéo sans effets et marquée d’une croix. A revoir chez Pinnacle, car cette lacune oblige à lancer le calcul pour rendre l’exploitation du montage moins fastidieuse.
La carte embarque un processeur audio qui lui permet de traiter le son jusqu ‘à 48 kHz, 16 bits stéréo. Elle n’intervient en capture que pour l’analogique avec contrôle par VU-mètres.
Des VU-mètres inexistants dans la partie montage et qui pourraient faire leur apparition dans la version 6.0 de Premiere. Comme dans le package DC1000, on retrouve aussi ACID de Sonic Foundry qui, par le jeu de boucles musicales, permet la création de morceaux de musiques libres de droits. Simple d’emploi et ludique ! On trouve de nouvelles boucles (Loops en anglais) sur Internet et sur les CD de certains magazines informatiques.
Le mode temps réel ne permet qu’une sortie analogique vers un magnétoscope déclenchable manuellement.
Seul le mode DV offre d’emblée un contrôle de la platine DV avec la possibilité de circuler sur la bande, choisir un time code et un Préroll. Si lors de l’enregistrement du master l’image reste un peu saccadée sur le moniteur VGA, elle reste totalement fluide vers le magnétoscope et le téléviseur qui lui sont raccordés. Dans un rapport de 5 pour 1 en temps de calcul, vous pouvez aussi exporter vos films en MPEG-2 pour la réalisation de programmes interactifs qui bénéficieront de la nouvelle mouture 2.0 de Minerva Impression CD Pro plus pointue que la précédente. Un bonus remarquable pour la réalisation de CD vidéo et DVD.
Faut-il jeter sa première carte vidéo ? Si vous montez très peu de films par an, la magie du temps réel n’est guère justifiée.
Prenez garde, en outre, à ce que votre PC soit doté des bons composants pour vous risquer dans l’aventure (voir caractéristiques constructeur). S’il s’agit d’abandonner l’analogique pour le DV, le mélange des types de signaux devrait à juste titre vous séduire. Quitter une carte DV pour celle-ci ne vous évitera pas les compilations obligatoires avant export sur bande et partielles aux étapes de montage (30 et trucages multicouches).
Le temps réel est une technologie pleine de promesses dans des gammes de prix toujours plus compressées… Et avec cette carte « abordable », Pinnacle vient de marquer des points dans une nouvelle approche de la vidéo. Celle qui devrait vaincre les dernières réticences de monteurs sur systèmes traditionnels. Quant à ceux qui s’insurgent contre des drivers pas toujours optimisés chez Pinnacle, qu’ils se rassurent sur le bon fonctionnement de cette mouture 1.0a. Elle est certes perfectible, mais lors des tests effectués sous Windows 98, Premiere 5. 1 a RT n’a jamais planté. La stabilité, ça n’a pas de prix.
La Matrox RT2000, en retard sur son calendrier prévisionnel, est l’autre vision du temps réel abordable.
Pour 3.000 F de plus que la DV500, elle va traiter les effets 3D en temps réel sur la sortie vidéo composite. Le système se compose d’une carte vidéo et d’une carte graphique Matrox G400 32 Mo. Sa couche graphique 32 Bit accepte les roll et crawl et peut être superposée à deux couches vidéo en transition. A la capture, elle offre le MPEG-2 en plus du DV permettant ainsi le montage Off-Une de projets lourds. L’offre logicielle est voisine mais la garantie est de 3 ans.
Pinnacle, dont les labos ne sont pas en reste, pourrait bien aussi rétorquer aux spécificités de la Matrox par une autre carte. La guerre de tranchées se poursuit…
Déjà best-seller, la DV500 ouvre l’ère tant attendue du montage avec effets temps réel. Branchée sur le futur, elle offre l’exportation en MPEG-2 depuis Premiere et la création simplifiée de CD et DVD interactifs. Sa capacité à mixer signaux analogiques et DV résout au passage le dilemme de bien des amateurs et professionnels pour un niveau de prix jamais égalé. Cerise sur le gâteau jusqu’à fin février : 1.000 F de reprise sur votre ancienne carte d’acquisition vidéo.
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