La marque de matériel de post-production Sansui présente le processeur Sansui VX-99 qui s’impose comme un véritable outil de création. Mixage, fondus, effets de volet et traitement numérique destiné à la digitalisation, il remplit parfaitement son rôle : offrir des images différentes et originales. Sansui devance ainsi le désir des vidéastes qui cherchent à optimiser les performances de leurs matériels.
Christian Dartevelle – avril 1988
Complémentaires des correcteurs vidéo dont l’action s’exerce principalement sur la luminosité, les contrastes, la définition des images, mais aussi la saturation des couleurs, les processeurs vidéo agissent, eux, sur les signaux vidéo. Ils permettent d’améliorer la qualité du signal transmis au dispositif de capture.
Cette intervention se traduit, le plus souvent, par un certain nombre d’ajouts : des effets de fondu à la numérisation des images vidéo, en passant par les effets de volet, d’inversion de polarité ou de diffusion. Pour les modèles les plus évolués, il est possible de mixer des images provenant de deux sources différentes, ou encore de passer en enchaînement, de l’une à l’autre. Dans les deux cas, il faut posséder des appareils munis d’entrées de synchronisation GENLOCK (verrouillage de générateur) ainsi qu’un correcteur de base de temps, ou TBC (Time Base Corrector), ce qui est l’apanage des matériels professionnels. Inutile, donc, d’espérer procéder à des chevauchements d’images en provenance de deux sources vidéo – caméra et magnétoscope par exemple – si les appareils concernés n’ont pas été conçus pour cela, en dépit du processeur vidéo utilisé (tel le modèle VX-99 de Sansui) qui est effectivement prévu pour cette fonction.
Ne le regrettons pas trop, tout de même, car les possibilités de traitement des images offertes par cet appareil sont à ce point nombreuses, et attractives, que l’on a vite fait d’oublier cet interdit. Tout d’abord, précisons que le VX-99 a été conçu et pensé en fonction du standard PAL. En conséquence, les signaux vidéo que l’on est appelé à lui confier doivent obligatoirement provenir de sources – caméras, camescopes, magnétoscopes… – répondant aux caractéristiques de ce type de codage des couleurs. Si tel n’était pas le cas, l’action des circuits du processeur vidéo ne pourrait s’exercer qu’au niveau des signaux de luminance ; c’est-à-dire sur des images dépourvues de couleurs, qui bénéficieraient, certes, des effets de fondu, de volet, d’inversion de polarité… mais sans l’apport des quelque huit teintes qu’il est possible de choisir lorsque l’on dispose de signaux au standard PAL.
Le processeur vidéo se présente sous la forme d’un petit pupitre (L : 36 × P : 26 × H : 10 cm) dont les diverses commandes, clairement repérées et disposées sur le plan incliné, font notamment appel à des touches sensitives et à des curseurs linéaires, tous très commodes à utiliser.
A l’exception de deux prises CINCH, destinées au branchement d’un générateur de caractères ou d’un micro-ordinateur disposant de la fonction INCRUSTATION – elles sont localisées au niveau du bord avant de l’appareil – tous les autres connecteurs (en l’occurrence, des modèles péritélévision pour les diverses entrées et sorties, et BNC pour la sortie des signaux de SYNCHRO, dans le cas d’une source avec entrée GENLOCK) sont regroupés à l’arrière du coffret.
Ceux-ci permettent le raccordement de deux sources de signaux audio (stéréo) et vidéo, d’un moniteur de contrôle ainsi que d’un magnétoscope-enregistreur, ou, tout simplement, d’un téléviseur par l’intermédiaire d’une liaison péritélévision classique.
La sélection des deux sources de signaux s’opère à partir des touches correspondantes, dont la mise en fonction est signalée par l’allumage de voyants lumineux. La fonction MONITOR met en œuvre trois louches, deux d’entre elles permettant d’opérer le contrôle des signaux au niveau des sources, la troisième commutant la prise de sortie sur les signaux traités par les circuits du VX-99.
Ces signaux peuvent, à volonté, être soumis à une inversion de polarité, de même qu’à un traitement numérique destiné à « digitaliser », de façon plus ou moins marquée, les images recueillies en sortie, créant ainsi des effets visuels, que l’on peut du reste combiner avec les différents motifs des volets, ainsi qu’avec les fondus à l’ouverture (FADE IN), ou à la fermeture (FADE OUT). Ces fondus peuvent être réalisés aussi bien au noir, qu’au blanc ou à la couleur : rouge, vert, bleu, magenta, cyan ou jaune, non compris le blanc el le noir, dont la sélection s’opère à partir d’un clavier à trois touches combinables R,G,B (rouge, vert, bleu).
Les effets de fondu sont obtenus au moyen d’un curseur à glissière (FADER). Ils font apparaître (FADE IN) ou disparaître (FADE OUT) des images en provenance de la source vidéo sélectionnée, dans l’une des huit couleurs disponibles. Ce même curseur régit également les différents effets de volet (WIPE), soit huit motifs distincts (cercle, carré, rectangle…) dont les dimensions et les formes peuvent être modifiées en jouant sur l’angle d’inclinaison de leurs bords au moyen de la commande WIPE ANGLE, dont l’action est combinée avec celle du sélecteur d’oblique (SLANT). A noter que, dans le cas où le motif choisi est le cercle – obtenu automatiquement à la mise en route du processeur vidéo – il est alors possible de transformer ce cercle en ovale, plus ou moins prononcé, et dans un sens ou l’autre de l’image, en agissant sur la commande WIPE ANGLE. Pour cela, il n’est pas nécessaire de recourir à la touche SLANT : un détail appréciable lorsque l’on sait que ce type de motif se prête remarquablement bien aux effets visuels. Tout comme la commande SOFTNESS qui provoque un effet plus ou moins marqué de flou sur les contours des différents motifs de volet.
Matériel haut de gamme, le processeur vidéo VX-99 se prête également au mixage et au fondu-enchaîné des images en provenance de deux sources vidéo distinctes. Mais à la condition expresse de pouvoir disposer à cet effet d’une caméra ou d’un camescope comportant une entrée GEN-LOCK, de façon à verrouiller la synchronisation de cette source sur la seconde.
Dans le cas où le second signal provient, par exemple, d’un tuner TV, d’un lecteur de vidéodisque ou, encore, d’un magnétoscope, un correcteur de base de temps est à prévoir en plus de la caméra dotée de la fonction GEN-LOCK, pour assurer les opérations de mixage ou de fondu-enchaîné.
Enfin, à supposer que l’on veuille mixer les signaux vidéo en provenance de deux magnétoscopes, il faudrait alors utiliser deux correcteurs de base de temps, l’un de ceux-ci devant, par ailleurs, être raccordé à une des bornes de sortie de synchronisation du processeur vidéo. Dans ces opérations de mixage ou de fondu-enchaîné, le processeur est actionné par la touche MIX qui a pour effet de faire passer au noir la couleur des motifs dans lesquels s’inscrivent les images de la seconde source, qui viennent se mélanger avec celles de la première source, ou se substituer progressivement à celle-ci, sous l’action de la commande FADER.
Afin, vraisemblablement, de simplifier l’établissement des connexions avec les différents appareils auxquels il est prévu de le raccorder, le VX-99 est équipé de prises péritélévision. Toutefois, en pratique, ce choix n’est pas aussi commode que l’on pourrait se l’imaginer, puisqu’il nécessite des cordons adaptateurs du type péritel/CINCH. La tendance actuelle – en matière de camescopes ou d’auxiliaires vidéo – est à la généralisation des prises CINCH, d’un emploi plus universel que les prises péritel, exception faite des magnétoscopes de conception récente, et des téléviseurs destinés au marché national.
En ce qui concerne les sources de signaux vidéo sur lesquels le VX-99 est appelé à travailler, rappelons à nouveau qu’il est indispensable que ceux-ci soient au standard PAL, si l’on veut profiter de tous les effets de couleurs prévus au niveau des fondus ou des volets ; il en va de même pour l’inversion de polarité des images ou leur numérisation.
Avec un camescope au standard PAL – c’est le cas de la vidéo 8 mm – l’adaptation au VX-99 sera réalisée sans problème, le seul impératif étant, dans le cas de l’enregistrement de ces effets sur un magnétoscope en SECAM, de prévoir un transcodeur PAL/SECAM en sortie d’appareil. En revanche, si l’on dispose d’un camescope au standard SECAM, il faudra prévoir, en série avec l’entrée correspondante du processeur vidéo, un autre transcodeur ; mais, cette fois, du type SECAM/PAL. Une solution un peu compliquée, mais néanmoins satisfaisante, puisqu’elle permet de profiter des possibilités de l’appareil sans provoquer une dégradation marquée du rapport signal/bruit.
Ceux qui pratiquent la photographie et qui disposent, plus précisément, de négatifs couleurs, seront très certainement intéressés par la possibilité d’inverser la polarité des signaux vidéo correspondant aux images, négatives, des films observés sur l’écran de leur téléviseur, par l’intermédiaire de leur camescope et d’un dispositif de transfert tel que le HVT-80 de Sony. Car ils pourront les visionner normalement, comme s’il s’agissait de diapositives, et, le cas échéant, les agrémenter d’effets visuels.
Bien que, normalement, le magnétoscope enregistreur soit à raccorder à la prise REC OUT, il est tout à fait possible de le brancher sur la prise MONITOR OUT ; ce faisant, on peut alors enclencher ou supprimer instantanément l’effet visuel obtenu, en actionnant respectivement la touche d’entrée correspondant à fa source choisie, ou la touche EFFECT, passant ainsi des signaux non corrigés aux signaux « travaillés ». Ce qui peut s’avérer plus pratique que de jouer sur le FADER dont l’action est progressive.
A propos des effets de fondu ou de volet, on notera qu’il est possible, à tout moment – en appuyant sur la touche NOR/REV – d’inverser la position respective des images et des volets colorés, pour obtenir certains effets visuels rendus encore plus intéressants lorsque l’on agit, par exemple, sur la commande SOFTNESS afin de rendre diffus les contours des différents motifs sélectionnés. Non encore évoquée, la possibilité de modifier le niveau des signaux audio en provenance des deux sources de modulation audio que l’on peut raccorder à l’appareil. Elle débouche, si on le souhaite, sur un mixage rendu possible grâce à la commande de fondu sonore (FADER), qui permet d’agrémenter, par une musique d’ambiance, diverses séquences de montage. En revanche, le commentaire parlé, ajouté au moment d’une post-sonorisation, n’est pas réalisable directement au niveau de l’appareil, puisque celui-ci ne possède pas de prise microphone.
Dans un même ordre d’idée, on peut regretter l’absence de correcteur de timbre et, à plus forte raison, d’égaliseur, sans lesquels il est impossible de modeler à sa convenance les signaux audio.
Facile à mettre en œuvre, très pratique à utiliser, générant des effets visuels originaux, le VX-99 sera apprécié de tous ceux qui souhaitent – au moment du montage – agrémenter et personnaliser les séquences enregistrées sur le vif avec leur camescope. Les possibilités offertes par l’inversion de polarité des signaux vidéo, de même que le « flou artistique » qu’il est possible d’ajouter en limite des motifs de volet, ou encore la « digitalisation » dont on peut gratifier les images transcrites, sont autant d’éléments à porter à l’actif de ce processeur vidéo ; tout comme sa faculté de réaliser le mixage d’images en provenance de sources vidéo distinctes mais à la condition, cependant, d’avoir à sa disposition des appareils munis de la fonction GENLOCK. Toutes choses dont le VX-99 s’acquitte remarquablement bien, sans pour autant grever lourdement le budget d’achat.
En revanche, on peut dire qu’il aurait été souhaitable de pouvoir disposer de réglages permettant de modifier la luminosité, les contrastes, la définition et la saturation des couleurs ; fonctions, il est vrai, qui sont spécifiques aux correcteurs vidéo, mais dont on a souvent besoin au cours des opérations d’assemblage ou d’insertion de séquences, afin que la copie ne soit pas trop différente de l’original.
Quoi qu’il en soit, le VX-99 remplit bien, et même très bien son contrat : à savoir, fournir des images dépourvues de banalité pour peu que l’on sache jouer, à bon escient, de toutes ses possibilités de création.
CV 007