Le Sharp VL-S860 associe sur ce caméscope VHS-C Sharp au standard super VHS plusieurs techniques de pointe. Une solution originale assure au système autofocus une rapidité exemplaire. Son zoom 12 fois le place au premier rang. Un de ses meilleurs atouts : la qualité des couleurs à l’enregistrement. C’est un modèle exceptionnel.
Christian Dartevelle – janvier 1990
La plupart des camescopes disponibles actuellement sont équipés de macro-zooms 6 à 8 fois. Seules quelques réalisations proposent des zooms 10 fois, ce qui constitue déjà une belle prouesse technique. Dans ce domaine, le Sharp VL-S 860 S va encore plus loin, puisque sa formule optique offre une variation de focale de 12 fois, dont les valeurs extrêmes, 8 mm et 96 mm, associées à une ouverture maximale égale à f/1,6 et à un CCD ½ pouce, correspondent à un 40-480 mm en format photo 24 × 36. Voici donc une optique qui allie les possibilités d’un semi-grand angle à celles d’un fort téléobjectif ; le premier à notre connaissance sur caméscope S-VHS-C. Sa plus longue focale bénéficie d’un autofocus de conception originale, très efficace. Le système d’exposition est confié à une autre optique associée à une rangée de 24 micro-lentilles qui, couplées chacune d’elles à deux éléments CCD, forment une barrette de 48 détecteurs. Cette optique complémentaire est asservie au macro-zoom du camescope et l’accompagne dans ses déplacements au cours de la mise au point.
Echappant ainsi aux critiques faites aux systèmes TCL, dont les lenteurs et les hésitations auraient été encore accentuées par les plus longues focales, l’autofocus du Sharp VL-S860 se comporte à peu de chose près comme un véritable infrarouge actif. Ce qui n’est pas le moindre des compliments, face à la précision, la rapidité et l’excellente réaction en basse lumière de ces dispositifs.
D’un point de vue pratique, on ne peut que louer le comportement de ce type d’autofocus, à la fois rapide et précis même dans le cas où les sujets cadrés sont faiblement contrastés ou peu éclairés. Tout aussi convaincant, le capteur CCD utilisé par le détecteur d’images bénéficie d’une bonne sensibilité (10 lux) et surtout d’une excellente définition : 420 points/ligne effectivement mesurés à la sortie de la section caméra. Ce résultat est principalement dû à la cible-image qui totalise quelque 420.000 pixels, dont 390.000 pixels utiles. Ce capteur se signale également par son indifférence à la saturation dans les hautes lumières, ainsi que par un effet « smear » très peu marqué. Les images ne montrent pratiquement aucun effet de structure ou de moirage et présentent un bon équilibre chromatique. Bref, il s’agit là d’une réalisation de haut niveau, en parfaite harmonie avec les exigences du format S-VHS.
Régi par le dispositif de balance des blancs, l’équilibre des couleurs est obtenu de plusieurs façons : automatiquement d’abord, à l’aide d’un capteur spécifique dont la fenêtre est disposée sous l’objectif du camescope ; ou manuellement à partir de positions préréglées. En mode automatique, les circuits électroniques effectuent la balance des blancs pour des températures s’échelonnant de 8.000 K (ciel couvert) à 2.800 K (lampe à filament de tungstène).
En manuel, il est possible de choisir entre trois types d’éclairages : lumière du jour (5.600 K), lumière artificielle (3.200 K), ou fluorescente (4.200 K). La sélection s’effectue par l’intermédiaire d’une touche à appel séquentiel (WHITE BALANCE) et le mode sélectionné s’affiche sur un écran de contrôle à cristaux liquides. Malheureusement ces indications ne sont pas rappelées dans le viseur électronique.
Dès lors, difficile de corriger des erreurs de manipulation. Même remarque concernant la sélection des vitesses d’obturation rapides (1/1.000 s, 1/500 s et 1/250 s). Celles-ci se devinent à l’assombrissement plus ou moins accentué des images observées dans le viseur. Quant à l’autofocus (débrayé ou pas) il n’apparaît pas davantage dans le viseur. La mise en œuvre de la correction de contre-jour, bien que non signalée, ne présente pas le même inconvénient puisqu’elle fait appel à une touche qui ne demeure active qu’une fois enfoncée. Si les conditions d’éclairement le permettent, le diaphragme automatique s’ouvre alors de 1,5 IL pour déboucher un premier plan, par exemple un personnage situé devant une fenêtre. Le débrayage du diaphragme n’a pas été prévu. Dans la plupart des cas, l’automatisme de la mesure donne entière satisfaction : une pondération s’effectue en bas de l’image, par exemple lorsque le ciel prédomine.
Deux types d’effets peuvent être réalisés à la prise de vues : le fondu (au blanc) automatique, à l’ouverture et à la fermeture ; l’incrustation de titres, dessins ou tracés. Le fondu préalablement programmé ne peut s’effectuer qu’en début ou en fin de séquence. La fonction d’incrustation numérique bénéficie de l’inversion de couleurs et génère ainsi des effets de fenêtre. Huit teintes sont disponibles : blanc, bleu, vert, cyan, noir, jaune, violet et rouge. Malheureusement la mémoire ne dépasse pas la page.
Grâce à sa tête d’effacement volante, le Sharp VL-S860 autorise – sans effet « aquarium » ni parasites – l’insertion de nouvelles séquences dans des plans déjà enregistrés. Grâce à la mémoire du compteur, cette insertion s’effectue automatiquement. Les points d’entrée (cut in) et surtout de sortie (cut out) sont précis, les enchaînements s’effectuant sans saute d’image. Côté audio, le VL-S 860 S se prête à la postsonorisation, en substituant un nouveau signal audio au son d’origine sans modifier les images. L’enregistrement de remplacement peut être effectué à partir du micro intégré au camescope ou d’un micro auxiliaire plus performant.
Toutefois la solution la plus intéressante consiste à utiliser la prise d’entrée pour musique de fond (BGM : Back Ground Music) . Il est alors possible d’enregistrer une source sonore externe (par exemple un lecteur de disques compacts ou un baladeur), que l’on peut mixer avec le commentaire, en contrôlant le niveau des signaux au casque.
Comme nous sommes en S-VHS, les signaux vidéo enregistrés et lus sont traités en composantes séparées, à condition d’utiliser une vidéo cassette SE-C 30 (ou SE-C 45 nouvellement commercialisée) et de laisser le commutateur VHS/S-VHS en position AUTO. Un palpeur intégré au camescope assure alors automatiquement le passage en mode S-VHS.
Dans ce cas, la définition des images enregistrées parvient à l’excellente valeur de 400 points/ligne, contre 240 points/ligne seulement en VHS standard. Quant aux signaux de chrominance, ils bénéficient bien entendu du traitement séparé : c’est-à-dire suppression des interférences et bonne séparation des couleurs.
Le Sharp VL-S860 peut enregistrer en VHS traditionnel : il suffit de placer le sélecteur de mode sur OFF. En mode lecture, par contre, aucune intervention n’est nécessaire, l’appareil reconnaissant de lui-même le mode – VHS ou S-VHS- d’enregistrement.
Le Sharp VL-S860 ne nécessite aucun apprentissage particulier, les diverses commandes étant clairement repérées et logiquement disposées. Celles de prise de vues sont situées sur le côté gauche du boîtier, à proximité immédiate de l’écran de contrôle à cristaux liquides. Celles de la section magnétoscope et les fonctions spécifiques sont regroupées à l’arrière, avec la prise « S » de sortie des signaux vidéo Y/C et la prise « AV » (audio/vidéo). Celle-ci permet de relier le camescope au téléviseur de contrôle, grâce au câble audio-vidéo équipé d’une prise péritel (fourni). Il suffit alors d’enclencher la touche OPERATE pour lire les signaux émanant du camescope.
A signaler également la possibilité d’enregistrer des signaux d’indexation à partir d’un magnétoscope doté de la fonction VISS (VHS Index Search System). Ceux-ci s’inscrivent sur la piste audio sans l’altérer, et sont automatiquement enregistrés pendant deux secondes en début de séquence, à condition que l’on ait pris soin d’actionner la touche INDEX. La mise en œuvre de cette fonction est rappelée dans le viseur.
Un certain nombre d’accessoires étendent le champ d’action du Sharp VL-S860. Ils’ agit en premier lieu de l’adaptateur-secteur/chargeur de batterie, référencé AA-73 S, et sa version VRP 73 CH qui fait office d’adaptateur de batterie et de chargeur ; il permet non seulement d’alimenter le camescope à partir de la batterie de bord d’un véhicule ( 12/24 volts), mais également de recharger des batteries BT-73. Conforme aux normes « G » de télévision, le modulateur VHS prévu pour la liaison téléviseur- camescope délivre une porteuse UHF (canal 36) assortie d’une modulation vidéo négative et de signaux audio en modulation de fréquence. Un téléviseur Pal, ou Pal/Secam, est donc indispensable pour exploiter convenablement ces signaux, mais les images ne seront restituées qu’en VHS. Pour bénéficier intégralement de la haute qualité des images enregistrées par le Sharp VL-S860 en composantes séparées, il est indispensable de prélever les signaux Y/C aux bornes de la prise « S » à destination d’un téléviseur lui aussi équipé d’une prise « S ». A défaut, un convertisseur Y/C-RVB fera l’affaire.