Ce caméscope 8 mm allemand commercialisé par Siemens, fabriqué par Sanyo, banalise définitivement le format Hi-8. Ses atouts : 420 points en sortie caméra, un système autofocus fonctionnant même en macro. Un regret : sa balance des blancs n’est pas débrayable.
Christian Dartevelle – avril 1990
Le Siemens FA-129 est doté d’un nouveau capteur CCD particulièrement performant. Déja utilisé sur d’autres réalisations de classe équivalente, c’est un modèle à transfert interligne, de ½ pouce de diagonale. Ce capteur à haute résolution totalise quelque 420.000 pixels, dont 390.000 participent directement à l’élaboration des images. Plus précisément, 421.950 (725 × 582), dans le premier cas, et 397.506 (683 × 582), dans le second. Des chiffres pour le moins « respectables » qui, compte tenu que les filtres de couleurs qui lui sont associés présentent une structure en mosaïque, permettent d’obtenir une définition d’image élevée, au lieu de l’habituelle structure en lignes. Effectivement, à la sortie de la section caméra nous avons relevé une définition de 420 points/ligne. Un résultat pleinement exploité par la section magnétoscope où les signaux de luminance (Y) et de chrominance (C) sont enregistrés en composantes séparées. Selon une technique similaire à celle utilisée par le S-VHS, dont on connait les avantages évidents. D’une part, l’amélioration substantielle de la réponse vidéo ; d’autre part, la suppression de toutes les interférences de couleurs qui sont le lot classique des signaux vidéo composites.
Des résultats très au-dessus des normes habituelles, condition d’employer les vidéocassettes spécialement conçues, c’est-à-dire, faisant appel à des bandes à métal évaporé. Elles sont désignées sous l’appellation ES-Hi ME (Metal Evaporated), les distinguant des bandes classiques du type ES-MP (Metal Powder). Par rapport à ces dernières, les bandes destinées au format Hi-8 ne sont disponibles qu’en trois versions: ES-20 Hi ME, ES-60 Hi ME et ES-90 Hi ME garantissant 20, 60 et 90 minutes en mode « SP », et 40, 120 et 180 minutes en mode « LP ».
Toujours à propos du capteur, indiquons que la structure de la mosaïque associée met en œuvre une série de quatre filtres de couleurs complémentaires : vert, magenta, jaune et cyan, offrant une meilleure fidélité. Le seuil minimal d’éclairement requis pour obtenir des images exploitables descend à 7 lux, alors que l’ouverture maximale du macro-zoom affiche f/1,6. Valeur considérée comme moyenne, par rapport à celles d’autres réalisations où ce chiffre atteint souvent f/1,4 et même f/1,2 pour une sensibilité comparable. Présentant une variation de focale importante (× 81, le macro-zoom bénéficie d’une commande électronique, à vitesse variable, fonction de la pression exercée sur les deux touches de commande. Sa mise au point assistée par un autofocus du type TCL (Though Camera Lens) s’effectue au travers de l’objectif, dont le fonctionnement repose sur la détection du contraste des sujets visés. Particularité très intéressante, cet autofocus est également utilisable en position macro. Soit, en pratique, à partir de 15 mm de la lentille frontale, jusqu’à 1,2 m qui est la distance minimale de mise au point normale.
Très pratique à mettre en œuvre, cet autofocus macro est commandé, non pas à partir du levier de changement manuel de focale, mais à l’aide d’une touche spécifique CLOSE UP qui met automatiquement en service les circuits de l’autofocus macro. Dans un premier temps ceux-ci déclenchent le moteur d’entraînement de la bague de variation de focale, déverrouille la buttée interdisant le passage en manuel dans la zone de mise au point macro. Ensuite, ces mêmes circuits se chargent de modifier la mise au point dans la zone macro ( 15 mm/ 1,2 m) jusqu’à ce que la netteté du sujet soit assurée. Cette mise au point, à la fois rapide et précise, est du type « One Shot » et ne nécessite qu’une brève et unique pression sur la touche, pour assurer le passage de la mise au point dans la zone normale d’utilisation (1,2 m/8) à celle du sujet cadré dans la zone rapprochée. Mais une fois la mise au point réalisée en mode macro, toute nouvelle modification de la distance de focalisation implique que l’on réactive la touche CLOSE UP. Les circuits de commande de l’autofocus, macro demeurent en effet verrouillés afin d’assurer la stabilité de la mise au point. Une technique semblable est d’ailleurs utilisée pour l’assistance à la mise au point en mode manuel. Dans cette hypothèse, la recherche automatique de la mise au point peut être en effet activée temporairement, au moyen d’une brève pression sur la touche « Push Reverse ». Une manipulation qui déclenche le fonctionnement de l’autofocus jusqu’à ce que le sujet visé soit net. Cette touche est à double emploi. Ainsi, en mode automatique, le fait de la maintenir enfoncée, assure le verrouillage temporaire de la mise au point réalisée par l’autofocus. Une solution très commode pour éviter les «pompages » de l’autofocus dans le cas d’un panoramique comprenant de nombreux premiers plans.
Le réglage de la « balance » des blancs n’offre aucune alternative, il faut donc se contenter de l’intervention entièrement automatique des circuits de correction de température de couleur. Dans l’ensemble, les résultats sont assez satisfaisants. Néanmoins, des valeurs de corrections préréglées auraient été les bienvenues pour faire face à certaines situations difficilement maîtrisables. Fort heureusement, semblable lacune ne se retrouve pas au niveau des circuits de mesure de l’exposition qu’il est possible, non de débrayer, mais de corriger en fonction des conditions d’éclairage. Cette correction joue sur l’ouverture et la fermeture du diaphragme – environ deux crans par rapport à sa position moyenne – est assurée par la commande« Iris», dont la mise en œuvre n’est toutefois pas rappelée dans le viseur électronique.
Concernant également la prise de vues, un obturateur à vitesse variable (1/50 s, 1/250 s, 1/500 s et 1/1.000 s) donne la possibilité de saisir les actions les plus rapides, afin de les exploiter au mieux au moment de la lecture, et sans le moindre flou de mouvement. Il est facile de se rendre compte dans les modes arrêt sur image, ralenti ou image par image d’une stabilité exemplaire que procurent ces hautes vitesses. Toutefois l’absence de sautillement vertical en mode arrêt sur image, ou de tremblement de l’image en mode ralenti, suppose que l’on ait, au préalable, retouché éventuellement les réglages correspondants : la commande « Slow Tracking », pour le ralenti, et une vis d’ajustage située en partie basse, à l’arrière du camescope, pour l’arrêt sur image.
Pour agrémenter les prises de vues, on dispose d’une touche de fondu « Fade » permettant, au choix, l’apparition « Fade in » ou la disparition « Fade out » des images et du son d’accompagnement. Réalisés en automatique, dans un intervalle de temps d’environ 4 secondes, ces fondus ne peuvent toutefois être déclenchés qu’en début ou en fin de séquence de prises de vues. Ce dont est averti l’utilisateur par l’indication « Fade » venant s’inscrire dans le viseur.
Elégamment profilé, bien équilibré et relativement compact, le Siemens FA-129 est un appareil agréable à manipuler. Logiquement regroupées, les commandes de ses diverses fonctions se répartissent en quatre zones. La première, concernant plus particulièrement la section caméra, se situe sur le côté gauche du boîtier : l’autofocus macro, le sélecteur de l’obturateur rapide et de verrouillage de l’autofocus. Le commutateur, à glissière, du mode auto-manuel, et la commande rotative du correcteur d’exposition, complètent cette partie. Située sur le dessus du camescope, la section titrage regroupe quatre touches de sélection. Basé sur la numérisation de caractères, tracés, dessins ou silhouettes à contrastes élevés, le fonctionnement de cette section appelle quelques commentaires.
Tout d’abord, indiquons une capacité mémoire de trois pages. Les informations stockées peuvent être reproduites en cinq couleurs : bleu, rouge, jaune, noir et blanc. On peut aussi choisir l’inversion entre le fond constitué par les images et le titrage couleur venant en incrustation. Ce qui permet, dans le cas de tracés graphiques adéquats, de réaliser de véritables fenêtres au travers desquelles viennent se profiler les images.
Ce n’est pas tout. En effet, la fonction titrage du Siemens FA-129 autorise aussi la superposition de deux pages mémorisées, avec leurs couleurs respectives. On peut de la sorte associer la page 1 et la page 2, la page 2 et la page 3 ou la page 1 et la page 3, ces diverses combinaisons viennent s’afficher dans le viseur. Tous ces effets de titrage et d’inscrustation ne sont cependant pas réservés au mode enregistrement, comme sur de nombreux modèles.
Ils peuvent, en effet, être utilisés en mode lecture, par exemple, au cours des opérations de montage. Ceci confère au Siemens FA-129 une souplesse d’emploi qui dispense pratiquement, dans les cas les plus courants, du recours à un dispositif de titrage externe ou à un correcteur de signaux vidéo, compte tenu que le camescope est équipé d’une touche « Edit » (combinée avec le sélecteur de vitesses) renforçant les fréquences les plus élevées.
Cette touche « Edit » est située à l’arrière de l’appareil, dans la troisième zone regroupant les commandes relatives à la mise sous tension du camescope, à l’ouverture de la trappe de chargement, à la sélection du mode Hi-8 ou normal, et au fonctionnement de l’horodateur et du compteur de bande. Fournissant ces indications en temps réel (heures, minutes et secondes) celui-ci dispose d’une mémoire autorisant l’arrêt automatique du bobinage accéléré avant/arrière. Il est normalement utilisé pour la recherche rapide de séquences préalablement repérées.
Au dessus du camescope, la quatrième zone englobe les commodes ayant trait au défilement de la bande : les divers modes de lecture, rebobinage rapide, enregistrement. La touche « Scene Research », lorsque l’appareil est en pause à l’enregistrement, autorise la lecture avant/arrière pour un repérage précis dans une séquence déjà enregistrée. Par exemple, afin de déterminer les points d’entrée ( « Cut in ») ou de sortie ( « Cut out ») d’une séquence de remplacement. Non encore évoqué, le traitement du message sonore mérite une attention particulière.
Le Siemens FA-129 est un des rares appareils du format Hi-8 à enregistrer en stéréophonie, tout simplement grâce à la modulation de fréquence utilisée depuis les origines sur tous les matériels Vidéo-8. Seule différence, mais essentielle, la porteuse FM, unique, d’origine, utilisée pour véhiculer les signaux audio monophonique, s’en trouve renforcée par une seconde. Centrées, la première sur 1,5 MHz, la seconde sur 1,75 MHz, elles assurent la compatibilité de lecture stéréophonie/monophonie sur les appareils monophoniques standards.
La première porteuse véhicule la somme des signaux audio captés par les deux voies, gauche et droite, du microphone stéréophonique. Ce qui suffit pour assurer la restitution intégrale du message sonore sur un appareil monophonique. Quant à la deuxième porteuse, elle sert à acheminer la différence des signaux audio recueillis dans les mêmes conditions. Et à réaliser la sommation algébrique, à partir de laquelle peuvent être restitués les signaux des voies gauche et droite, sur les appareil conçus, pour la stéréophonie, tel le FA129.
Pour recueillir ces signaux, le camescope est muni de deux mini-prises de sortie (face arrière) pouvant être reliées par connecteur de sortie double aux entrées (G et D) de la prise péritel d’un téléviseur stéréo. Si l’appareil utilisé est un modèle mono, la liaison peut alors contact audio-vidéo située en partie basse, à l’arrière du camescope. Elle voisine avec la prise « S » permettant de recueillir les signaux de luminance et de chrominance, en composantes séparées, spécifiques du Hi-8. Ce dernier type de liaison permet, évidemment, de bénéficier de l’excellente définition horizontale des signaux vidéo enregistrés qui parvient sans difficulté à 390 points/ligne.
Pour exploiter pleinement cette définition un téléviseur muni d’une entrée « S » est indispensable. A défaut, on pourra toujours faire appel à un adaptateur Y /C-RVB. Une troisième solution consiste à se servir de la liaison audiovisuel, en sortie de laquelle on recueille des signaux vidéo composites traditionnels avec, toutefois, une diminution de la définition horizontale.
Si l’enregistrement a été réalisé en Hi-8, celle-ci sera encore très satisfaisante puisque l’on pourra alors compter sur environ 330 points/ligne. Soit sensiblement plus que les 250 points/ligne obtenus en mode normal, c’est-à-dire avec des cassettes du type MP. Pour être tout à fait complet, il nous reste à signaler que le Siemens FA-129 est fourni avec une télécommande. Mais la commande du macro- zoom n’a pas été prévue, ce qui est un peu dommage, mais n’altère en rien les autres qualités, au demeurant nombreuses, de cet intéressant appareil.