Le Sony CCD TR3200 s’inscrit dans une célèbre lignée de caméscopes Hi8 Sony à stabilisateur optique. Une bête de tournage et de montage en Hi-8 voilà qui peut surprendre à l’heure du numérique. Sony s’adresse ici aux vidéastes exigeants au budget peu extensible, mais prêts à privilégier une maitrise maximale des prises de vues.
Destinée aux vidéastes « experts », cette famille de modèles initiée par le TR805 en 1992, puis déclinée sous les références TR2000, Sony TR3000, Sony TR3100 et Sony TR3300 s’est toujours distinguée par sa belle image, son stabilisateur optique, ses nombreuses possibilités de réglages, mais aussi un fort potentiel de montage. En revanche, elle n’a jamais connu d’écran ni – TR3300 excepté – de viseur couleur. Le TR3200 se distingue de ses prédécesseurs par ses multiples effets spéciaux, notamment en lecture, sa consommation énergétique inférieure et l’exploitation du système XR (Extended Resolution) qui améliore la définition de l’image dans certaines conditions de prise de vues.
Malgré la concurrence du DV en terme de qualité d’image et la touche d’austérité que lui confère la démocratisation des écrans, le TR3200 perpétue la tradition des caméscopes Hi-8 pour connaisseurs. Ses armes face aux modèles numériques notamment : un prix inférieur, un ensemble de débrayages plus complet que sur certains DV et une conception bien rodée.
Un peu rond le Sony CCD TR3200, à l’heure de la miniaturisation et de l’amincissement des caméscopes. Cela dit, le poids de ce Handycam avec batterie et cassette n’excède pas le kilo. Raisonnable donc, pour un modèle analogique et surtout gage de stabilité accrue. Rien à redire sur l’ergonomie, avec des commandes bien distribuées et des menus peu chargés. Mais, on déplore l’absence d’un luxe devenu monnaie courante : le viseur couleur, voire l’écran. Ici, le monde bouge en noir et blanc.
Cote autonomie, le TR3200 exploite la technologie Stamina : il consomme peu. La batterie fournie résiste environ 2 heures en continu. Comptez la moitie en tournage réel. Une durée très confortable. Les accus optionnels NP-F930 permettent de tenir jusqu’à 10 heures en continu.
Enfin, le TR3200 exploite des batteries Lithium-Ion insensibles a l’effet de mémoire, qui abrège la vie des accus. II bénéficie également de l’lnfo-Lithium : évaluation en minutes de l’énergie restante, affichée dans le viseur.
Rare et très appréciable, le zoom optique ×21 (numérique ×84) comporte un semi-grand-angle : soit 34 mm en équivalent photo. Son mécanisme balaie la plage de focales en 2,4 secondes environ. C’est bien, compte tenu du grandissement. Naturellement, rien n’interdit d’aller beaucoup plus lentement grâce aux vitesses variables. Le mouvement est fluide, avec un léger ralentissement à l’approche du domaine télé.
Pas de souci concernant les automatismes, avec notamment un autofocus excellent, la dessus, tout ou presque se règle, et de façon logique et ergonomique. Deux sélecteurs gèrent les débrayages. Le premier, dote des positions Auto, Manual et Infinity, concerne exclusivement la mise au point, retouchable par bague s’il vous plait ! Complète ce dispositif, un poussoir Push Auto, très pratique, il permet de recourir temporairement à l’autofocus alors que l’on opère en mode manuel. Un second sélecteur donne accès aux autres débrayages : balance des blancs mémorisable, gain (de – 3 a + 18 dB par paliers de 3 dB), iris et obturateur. Rapide jusqu’au 1/10.000 s, ce dernier offre également plusieurs vitesses lentes allant du 1/25 s au 1/3 s. Celles-ci éclairent littéralement les contextes sombres, mais plus elles sont basses, plus elles entrainent un écho visuel lors de mouvements de camera ou face a un sujet mobile. Ajoutez les modes d’exposition programmes : priorité diaphragme, vitesse ou mode Crépuscule. Enfin, une fonction AE Shift, disponible dans le menu, permet d’augmenter la luminosité de l’image.
Optique, comme il se doit sur les modèles pointus, le stabilisateur optique ne dégrade pas l’image. Et ce, quelle que soit l’intensité de l’éclairage. De plus, les mouvements de type panoramique bénéficient d’une plus grande fluidité qu’avec les dispositifs numériques. Pour le reste, le stabilisateur fait preuve d’une indéniable efficacité dans les limites du zoom optique.
Une grande richesse dans ce domaine. Aux habituels « filtres » pastel, négatif, sépia, solarisation, etc., s’ajoute une batterie d’effets, plus sophistiques. Parmi eux : le gel d’image, une stroboscopie, un écho visuel et un étonnant Lumi Key permettant de remplacer les zones claires d’une vue fixe par une autre image en mouvement. Les effets de cette deuxième catégorie s’intensifient par paliers. Enfin, Last but not Least, ils s’appliquent aussi en lecture, tout comme le titrage. Une spécificité rare en analogique. Les textes peuvent apparaitre en deux tailles (grande et petite) et en 7 couleurs (blanc, jaune, cyan…). Naturellement, le camescope propose aussi une série de titres préprogrammes. Bref, on se trouve a la tête d’un titreur et d’une régie d’effets, un peu basiques mais bien pratiques.
Pour en revenir au tournage, notez la présence d’un mode Photo, qui gèle l’image en enregistrement avec bordure haut/bas ou fondu. Le TR3200 comporte aussi un mode Cinéma qui pose des bandes noires sur le haut/bas de l’image et un mode 16:9 destine aux possesseurs de téléviseurs ad hoc. Enfin, figurent au programme, le fondu enchainé, les fondus au noir, mosaïque, monotone ; et les volets d’une image sur l’autre en damier, avec rebond et Wipe (une image apparait au centre de la précédente qu’elle écarte).
II bénéficie du système XR, qui permet aux pistes vidéo d’empiéter sur les pistes audio en cas d’ambiance sonore calme. Résultat la définition atteint les 440 points/ligne annoncées dépassant la limite haute du Hi-8 fixée a 400 points-ligne maxi. Cela dit, quelques modèles S-Video récents, d’autres marques n’exploitant pas le XR, parviennent a un résultat comparable. Un beau rendu par conséquent, même si face a des prises de vues DV, les images du TR3200 ne sont pas aussi piquées, affichent un rapport signal/bruit moins favorable, et une colorimétrie moins riche. Les modèles numériques ne l’emportent cependant pas de façon flagrante en cas d’éclairage optimal. La sensibilité est très correcte, mais l’appareil joue beaucoup sur le gain, d’où un grain visible avec un faible éclairement. Cote audio, l’enregistrement s’effectue en stéréo et les bruits de fonctionnement sont légèrement audibles sur les prises de vues silencieuses.
Classique et complète, la connectique se signale surtout par ses prises casque et micro, et par son connecteur Lanc de montage. Le montage figure d’ailleurs parmi les points forts du TR3200. Non seulement ce Hi-8 enregistre le time code RCTC, mais il l’inscrit en lecture, ce qui permet de time coder des cassettes provenant d’autres caméscopes de même format. L’appareil intégré, bien sûr, la prise Lanc nécessaire a l’exploitation optimale de cette fonction et un TBC permettant de stabiliser les vues en lecture. Ensuite, il dispose d’une pause impeccable, d’un ralenti (1/5 de la vitesse) très propre et fluide et des avance et recul image par image. Le temps de bobinage avoisine les 5 minutes pour une cassette de 90 minutes. Signalons pour finir, la lecture possible de cassettes NTSC sur téléviseur Pal .
Peu de rivaux a ce niveau de prix et de performances parmi les modèles analogiques. A 8.000 F, le S-VHS-C Panasonic NVSX50 dispose également du mode Photo et de très nombreux débrayages gain, exposition, obturation lente et rapide, balance des blancs… Côté montage, il intègre aussi effets en lecture (fondu-enchaine inclus) et time code. Ses moins face au Sony : un stabilisateur numérique plutôt qu’optique, une pause bruitée, une autonomie inférieure.
Ses plus face au Sony : un détecteur de mouvement qui n’enclenche l’enregistrement que si un sujet bouge devant l’objectif et un mode Veille, qui évite de filmer ses chaussures. De plus, le doublage son est possible sur l’appareil.
Ce Hi-8 a tout pour séduire les experts : conception intelligente, belle image, débrayages, véritable arsenal de post-production… Excepté l’absence de visée couleur, voire d’écran, peu de choses a reprocher au Sony CCD TR3200, dont la richesse en possibilités surclasse les modèles de poing concurrents .