Le Sony CCD-TRV65 développe une gestion de l’énergie plus performante et un système d’amélioration de l’image dans certaines conditions. A cela s’ajoute une capacité à filmer dans l’obscurité. Le tout à un prix tassé par l’arrivée du DV.
Ce caméscope Sony Hi8 avec écran et stabilisateur est un milieu de gamme, destiné à des vidéastes exigeants, mais pas experts. Il cumule tous les conforts : de l’écran couleurs, à l’InfoLithium, en passant par le stabilisateur numérique. Mieux l’héritage du Sony TRV64 s’enrichit de belles innovations, à commencer par un super Stamina et une définition de plus de 400 points-ligne dans une ambiance sonore feutrée. Enfin, à l’instar des caméras de surveillance, le Sony CCD-TRV65 filme dans le noir.
Comme l’ensemble de la gamme TRV, ce caméscope Hi8 offre un double mode de visée : viseur noir et blanc ou écran couleurs, au choix. Avec ses 6,35 cm de diagonale (2,5 pouces) et ses 84.260 pixels, celui-ci affiche une bonne définition et une excellente mobilité, il peut se retourner complètement vers le sujet (mode Miroir). Il s’avère très lisible tant qu’il n’affronte pas d’éclairages trop intenses (extérieur jour). Dans ce cas, le viseur vient prendre le relais. Autre élément de confort, le procédé Info Lithium qui, en cours de tournage, affiche en minutes le temps d’autonomie restant. Le TRV65 disposant en outre de la griffe porte-accessoires intelligente, la durée annoncée tient compte de l’exploitation ou non de certains micros et torches Sony installés sur cette griffe.
Ce modèle compte parmi les privilégiés qui acceptent des NPF750 et 950 donnés pour 10 et 12 heures. Mieux, avec de tels accus la recharge s’effectue à une vitesse ultra rapide : 1 h 30 suffit à les ressourcer à 80 % et 15 minutes de charge assurent, d’après Sony, une heure d’ enregistrement. Ces batteries n’étant pas disponibles au moment du test, nous avons exploité le modèle Lithium-Ion standard. Avec ses 130 minutes d’autonomie (en enregistrement continu, sans écran) il apporte déjà une sécurité appréciable. En exploitation réelle, avec écran souvent déplié, zoom et automatismes sollicités on peut tabler sur une heure, voire jusqu’à une heure quarante de bons et loyaux services. Dans un mode d’utilisation familial, hormis les cas d’exploitation intensive (voyage, mariage, etc.), une seule recharge peut suffire à plusieurs sessions de prises de vues.
Pour recharger, on connecte l’adaptateur secteur au camescope sur lequel la batterie reste à demeure. Sony épargne ainsi l’effort de placer ses accus sur le chargeur. En revanche, pas de gain de place car le bloc secteur reste aussi encombrant qu’un chargeur classique. Les voyageurs devront donc « balader » le même volume d’accessoires de recharge qu’auparavant. Dernier point, alimenter complètement la batterie fournie (130 minutes) nous a pris 90/ 100 minutes. Une belle performance. L’évolution de la charge s’inscrit au fur et à mesure en minutes sur un afficheur LCD.
Comme sur certains modèles de la génération précédente, le capteur ¼ de pouce s’associe à un stabilisateur numérique. Sa surface n’est pas donc entièrement utilisée comme cible et s’avère, par conséquent, inférieure au quart de pouce. Le calcul de l’équivalence entre focales vidéo et photo 24 × 36 ne s’effectue donc pas en multipliant les focales vidéo minimale et maximale par 8,8. Ne disposant pas des dimensions exactes de ladite cible, nous avons approximativement multiplié par 10,5, nous fiant à l’angle de champ le plus large observé. Cela donne un 43- 774 mm. On le voit, pas de grand-angle hélas. A signaler le zoom numérique ×72, à utiliser avec précaution, dans la mesure, où il pixellise fortement l’image lorsqu’on le pousse à l’extrême. On apprécie les vitesses variables de zooming. Très lentes et progressives en cas de pression légère, elles savent aussi balayer la plage de focales optiques en 2 secondes minimum. Le mouvement est très coulé, mais on note un léger ralentissement à l’approche des focales les plus longues.
Mise au point et exposition se règlent à l’aide d’une molette Un regret pour la mise au point : c’est un sélecteur qui permet de choisir entre les modes Auto, Manuel ou Infinity. Impossible par conséquent de laisser l’appareil réaliser seul la netteté, puis la verrouiller en optant pour manuel. En effet le passage un peu brusque d’un mode à l’autre fait perdre le point. On regrette par conséquent les anciens systèmes de boutons poussoirs ou la touche Push Auto présente sur certains modèles.
Pour le reste l’autofocus se révèle performant : rapide et exempt de pompages gênants avec un bon éclairage.
Bienvenu, le réglage de l’exposition, d’autant que la touche contre-jour, un peu petite par ailleurs, réagit de façon parfois extrême. Elle n’est utilisable qu’en cas de contre-jour excessif sur la plus grande partie du cadre. Enfin, on peut aussi jouer avec les modes d’exposition automatiques (5 en tout) pour améliorer certains rendus.
Globalement, on constate un comportement correct de la balance des blancs, mais hélas pas de débrayage possible.
Le super stabilisateur numérique résorbe efficacement la majeure partie des tremblements musculaires. Son influence sur la qualité de l’image ? Dans certains cas, on n’observe aucune différence avec et sans stabilisateur. Mais l’action de ce dispositif peut se traduire par une désaturation des couleurs. Plutôt légère avec un éclairage correct, la modification colorimétrique peut devenir importante dans un contexte moins favorable. Peu pratique : il faut passer par le menu pour désactiver le stabilisateur et non par un bouton comme c’est le cas pour le titrage ou les effets.
La nouveauté, c’est le Night Shot. Autrement dit, le dispositif infrarouge permettant de filmer dans le noir complet. Rien à dire, « Ça marche ». L’image est restituée en noir et blanc ou affiche certaines colorations à peines perceptibles. Bonne surprise, bien qu’il soit très conseillé de régler la netteté manuellement, l’autofocus reste utilisable dans certains cas. Il nous a surpris on conservant relativement son point sur des sujets proches (position Wide du zoom), mais aussi, en longue focale sur des objets contrastés. Plus le camescope se rapproche de sa cible, meilleure est la netteté de l’image, l’éloignement progressif provoque un phénomène de bruit vidéo croissant avant de devenir rédhibitoire au-delà de 3 mètres (distance maximale). Petite curiosité à signaler, ce mode rend les yeux des sujets globuleux. En dehors d’ applications de surveillance ponctuelle du type sommeil de bébé, l’utilité du Night Shot reste assez limitée. Difficile d’y songer pour la vidéo animalière. En effet, l’appareil se signale à l’attention et donc la méfiance des petites bêtes, non par un pinceau lumineux, mais par ses deux diodes IR. Masquer ces voyants désactive le système. Remarquez pour finir que le Night Shot ne saurait se confondre avec la sensibilité, le dispositif s’active volontairement et fonctionne suivant ses règles propres.
Comme sur le reste de la nouvelle gamme le Sony CCD-TRV65 bénéficie de l’XR (Extended Resolution). Si le volume sonore environnant n’atteint pas 50 décibels (une conversation à voix haute, une ambiance d’appartement), ce système permet de réduire la bande passante FM au profit de la bande passante de luminance. Le camescope enregistre alors l’image sur une partie de la piste audio, améliorant la résolution d’ environ 10 %. Le résultat est visible sur une mire. On obtient quelque 430/440 points-ligne. En tournage, nous avons observé une belle image peu sujette au cross color (débordement des à-plats colorés), mais n’avons pas constaté de codification nette et immédiate en cas de passage du silence au bruit. Cela dit, le rendu général du TRV65 nous a paru, à priori un peu inférieur à celui des meilleurs Hi-8 de la précédente gamme (le Sony TR3100, en l’occurrence). On attend donc avec impatience le TR3200, qui hérite du capteur de ce dernier et bénéficie du système XR de surcroît.
Enfin, des plans identiques réalisés avec le TRV65 et les appareils DV Sony PC7 et Sony PC10 donnaient clairement l’avantage au DV avec des détails beaucoup plus nets, une finesse supérieure des contours et une colorimétrie plus flatteuse. Le modèle analogique l’emporte cependant en basse lumière en se révélant très sensible. Enfin, progrès issu de la technologie des magnétoscopes, le Sony CCD-TRV65 sait optimiser l’enregistrement en fonction de la qualité de la bande (programme ORC).
Les prises micro et casque répondent à l’appel, ainsi que le connecteur Lanc de Synchro Edition, si précieux au montage. Dans ce domaine, on constate l’absence de time code RC. Figurent en revanche au menu : la pause non bruitée, uniquement sur l’écran couleurs du camescope, et le ralenti avant via la télécommande. En revanche, pas d’avance image par image. Notez enfin, l’intégration d’un TBC, qui favorise la stabilité de l’image à la copie. Pour le reste, les insertions de plans en cours de tournage n’entraînent aucunes perturbations aux points de montage. Enfin, la durée du bobinage correspond à l’annonce du constructeur : 5 min. pour une cassette de 90 min.
On retrouve les classiques de Sony : solarisation, noir et blanc, sépia, étiré, allongé, négatif, mosaïque. Plus amusant le pastel qui dessine les contours en couleurs, restituant un graphisme. A cela s’ajoute une palette de volets : noir, mosaïque, monotone (noir et blanc), mais aussi à rayures (l’image apparaît progressivement dans une sorte de damier) ou à rebond (l’image rebondit sur un fond).
Enfin, on dispose d’un vrai mode 16:9 destiné aux téléviseurs ad hoc et d’un effet Cinéma avec barres noires, pour TV normaux. A signaler pour finir un générateur de caractères (7 couleurs) comportant d’origine, pour les plus pressés, quelques titres préprogrammés en anglais. Les textes peuvent adopter deux tailles différentes « Small » ou « Large ». Bien entendu, tous ces effets ne sont pas disponibles en lecture de bande.
Difficile d’imaginer camescope plus facile à vivre. Avec ses automatismes fiables et son niveau de performance général, le Sony CCD-TRV65 devrait combler une majeure partie de vidéastes. A ceux qui souhaitent réaliser une numérisation Hi8, l’écran leur permettra de contrôler le contenu de leurs cassettes vidéos. Mais les plus exigeants se tourneront vers des modèles mieux armés pour le montage et dotés d’une balance des blancs débrayable. Enfin, le TRV65 ne remet pas en cause la supériorité du DV en terme de qualité d’image.
En Hi-8, Canon oppose au TRV65, l’UCX55. Coûtant 500 F de moins, le Canon intègre un stabilisateur optique, la gestion de l’autofocus et de l’exposition par Flexizone, une table de montage incorporée et un semi grand angulaire. En revanche, il ne bénéficie pas du système XR, ni du Stamina (bien qu’alimenté au Li-Ion). De plus, il ne comporte pas d’écran (seulement un viseur couleurs) ni de Night Shot.