La forteresse Sony a gardé son secret jusqu’au bout. Rien n’a filtré en dépit d’un siège de plus d’un an. Tout le monde attendait le successeur du V-200. Sa découverte fut une surprise. Même pour les plus blasés. Le maître japonais vient d’inventer la nouvelle arme suprême. La V-200 est morte voici le nouveau caméscope Hi8 Pro Sony, la CCD-V5000 !
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Christian Dartevelle – juillet 1990
Exception faite du célèbre Sony CCD-V200, la gamme de camescopes video 8 Grand Public de Sony ne comportait aucun autre modèle d’épaule. La venue du CCD V5000 E, proposé dans cette configuration, arrive donc à point nommé. Car nombreux étaient les vidéastes, supporters du Vidéo-8 qui souhaitaient pouvoir disposer d’un nouveau camescope ayant à la fois le «look » et l’ergonomie d’un matériel « Pro». Mais qui espéraient également que ce modèle d’épaule bénéficierait des performances top niveau du nouveau format Hi-8. Une définition sensiblement accrue, mais également une bien meilleure précision de restitution des couleurs : deux améliorations à porter à l’actif du traitement des signaux vidéo en composantes séparées.
Allant très au-delà de leurs espérances, le CCD-V5000 E leur apporte effectivement une bien meilleure qualité de restitution des images enregistrées. Mais, en plus, d’autres perfectionnements non moins discutables, tels que le traitement numérique des signaux, et un double son hi-fi stéréo, en FM (modulation de fréquence) et en PCM (modulation d’impulsions). Avec, en prime, une télécommande à infrarouge des principales fonctions augmentant sensiblement la souplesse d’ utilisation de l’appareil.
L’appartenance au nouveau format Hi-8 est, bien entendu, l’une des caractéristiques essentielles du Sony CCD-V5000 E, qui bénéficie donc d’un capteur particulièrement évolué. Celui-ci nous est déjà connu, c’est le même que celui utilisé par le Sony CCD-V900, premier camescope Hi-8 de la marque. De type CCD (Charge Coupled Device) , ce capteur haute résolution ne comporte pas moins de 495.000 pixels, disposés sur une cible de 2/3 de pouce, dont 440.000 participent à l’élaboration directe des images enregistrées.
Spécialement conçu pour la nouvelle génération de camescopes Hi-8 ce capteur se distingue de la précédente version, montée notamment sur le Sony CCD-V200, par l’adoption d’un filtre de couleurs à structure mosaïque, en remplacement du filtre à structure en lignes. D’où une meilleure résolution (on atteint et dépasse même les 450 points/ ligne), mais aussi une absence totale d’effet de structure et un contraste amélioré. Les éléments constitutifs du filtre n’ont pas changé et font appel à des couleurs complémentaires : jaune, cyan, vert et magenta. Une plus grande transparence que pour les filtres à couleurs primaires et un gain en sensibilité appréciable. L’association avec l’objectif utilisé (un macro-zoom ouvrant à f/1,4) et un double amplificateur vidéo, permet d’obtenir des images exploitables, avec une illumination de seulement 2 lux (0,2 candéla/pied).
Cet étonnant résultat est obtenu en deux temps, par la mise en action d’un amplificateur « boostant » les signaux vidéo émanant du capteur, afin de garder un rapport signal/bruit de qualité dans les conditions normales de prises de vues. D’ailleurs, pour être certain que sa mise en oeuvre ne puisse se faire par erreur, son action n’est rendue possible – même lorsque sa commutation manuelle est effective – que si les conditions d’éclairement se situent en-dessous d’un certain niveau. Ce qui se vérifie notamment lorsque l’on est amené à choisir des vitesses d’obturation trop élevées, compte tenu de la luminosité. Deux niveaux de suramplification (« High » et « S-High ») sont alors disponibles, elles permettent de sortir les images « du noir ». Mais avec augmentation du bruit de fond.
En semblable circonstance, une parade est toutefois proposée à l’utilisateur. Pour la première fois sur un camescope Grand Public, on dispose d’un réducteur de bruit numérique (DNR, « Digital Noise Reductor ») qui permet de diminuer sensiblement le « fourmillement » affectant les images captées dans ces conditions. Cette contribution du numérique à l’amélioration de la qualité de restitution des images grâce à une mémoire de trame, n’est d’ailleurs pas la seule. Le Sony CCD-V5000 E dispose également d’un correcteur de base de temps (TBC, « Time Base Corrector ») mis en service lors du passage en mode lecture, qui permet de juguler les diverses fluctuations affectant classiquement la stabilité des images. Un phénomène à porter au passif des variations de vitesse du tambour portant les têtes vidéo rotatives, que l’on désigne sous le nom de « Jitter ». Lequel, sur le CCD-V5000 E, est complètement éliminé par la mémoire de trame, utilisée pour traiter séparément les signaux de synchronisation. Avec un dispositif de capture vidéo, ce caméscope réalisera une numérisation Hi8 d’excellente qualité.
Stockés puis restitués à partir de cette mémoire avec la précision et la stabilité inhérentes à la fréquence d’horloge du correcteur de base de temps, ce signaux de synchronisation échappent à toutes les variations pouvant affecter la vitesse de rotation du tambour d’analyse. Y compris celles provenant d’ enregistrements effectués sur des appareils présentant une instabilité d’éliminer pratiquement dans la plupart des cas, les traces de « Jitter » responsables du « frémissement » des verticales ou de l’effet « drapeau » constaté parfois dans le haut des images. Ce qui désigne tout particulièrement le CCD-V5000 E comme machine « Maître » pour la lecture d’enregistrements destinés à la copie ou au montage vidéo.
Dans ce dernier cas, les possibilités offertes sont nombreuses et variées. Tout d’abord en raison de l’intégration d’une mémoire numérique se prêtant à divers effets spéciaux que l’on ne pouvait obtenir que sur certains magnétoscopes de salon haut de gamme, ou sur les processeurs vidéo. Ces effets concernent notamment l’arrêt sur image, le ralenti, l’image dans l’image, le multi-images, la stroboscopie, la solarisation, l’échantillonnage. En ce qui concerne la fonction image dans l’image (P in S, Picture in Screen), le résultat obtenu se traduit par le « gel » de l’image visée avec incrustation, dans le bas à droite, d’une image réduite (environ 1:5e de sa taille), restituant les scènes cadrées. Lesquelles continuent à se dérouler de façon tout à fait normale, le « gel » de l’image visée demeurant, quant à lui, jusqu’à ce qu’une nouvelle mémorisation intervienne, figeant à nouveau un autre plan.
Le mode multi-images correspond au découpage de l’écran en neuf sections. Les huit premières étant stoppées au moment du déclenchement de la mémorisation. Alors que les images lues ou enregistrées se poursuivent dans la neuvième section située en bas à droite de l’écran.
Le mode stroboscopie (Strobe) correspond à un effet plus connu sous le nom de pixillation, qui consiste en une décomposition du mouvement (cadrage ou sujets) se traduisant par des trainées multiples des contours. utilisable aussi bien à l’enregistrement qu’à la lecture, ce mode de restitution est également dosable (Effect Level) sur trois valeurs.
Semblable remarque vaut également pour les deux autres possibilités d’emploi du traitement numérique des signaux vidéo. Tout d’abord, pour la solarisation des images enregistrées ou lues. Ensuite, pour l’ajustage de l’efficacité du réducteur de bruit numérique, ces deux types d’intervention étant régis par le même sélecteur rotatif. En revanche, le mode échantillonnage (Flash Motion) possède son propre dispositif de commande. Lequel consiste à modifier la durée des courts instants correspondant à l’immobilisation des images enregistrées ou lues. Ce qui conduit à utiliser une vitesse d’obturation égale ou supérieure au 1/120e pour éviter que lors des panoramiques rapides, notamment, les images – temporairement immobilisées – ne soient affectées d’un flou désagréable.
Beaucoup moins classiques, trois autres types d’effets numériques sont également disponibles. Il s’agit, en tout premier lieu de la fonction zoom numérique (Digital Zoom) permettant d’agrandir de deux fois la portion centrale des images. Ce qui revient à disposer d’un zoom × 16, compte tenu que son facteur d’amplitude est de 8 fois ( 11 /88 mm), ce qui correspond à un zoom 44/352 mm en format photo 24×36. Soit l’équivalent d’un télé de 700 mm sur la focale la plus longue. Mais avec, en contre-partie, une inévitable altération de la définition due au traitement numérique, davantage sensible en mode lecture qu’en mode enregistrement. Et qui va d’ailleurs de pair avec une dégradation du rapport signal/bruit qui ne peut être compensé par les circuits de l’appareil, la fonction « Digital Zoom » ayant le pas sur cette correction.
Tout à fait inhabituel sur un appareil Grand Public, l’effet de fondu-enchaîné entre deux plans de prises de vues constitue une des autres particularités du Sony CCD-V5000 E. Déclenchée à partir de la touche « Overlap », cette fonction – régie de façon numérique – permet le passage automatique, et progressif, d’une séquence déjà enregistrée, à une nouvelle séquence venant s’enchaîner avec la précédente. Dans la pratique, cela se traduit par l’affaiblissement des images du premier plan, au niveau du point d’entrée du second, qui apparaît graduellement dans le même temps. Donc, avec un chevauchement des images appartenant aux deux plans, qui se superposent quelques instants. Très différent du classique fondu à la fermeture, suivi du fondu à l’ouverture où la disparition/apparition des images se fait l’une après l’autre et non en simultané.
Troisième type d’effet spécifique du CCD-V5000 E, la superposition d’une image animée dans un motif, préalablement mémorisé, constitue une originalité propre à inciter à la création. Elle vient compléter les deux « pages » de titrage qu’il est possible de stocker dan sla mémoire de l’appareil. Lesquelles bénéficient d’un choix de huit couleurs, du mode « Scrolling » (défilement vertical), et de la faculté d’inverser le fond constitué par les images et le titrage couleur venant en incrustation.
Mais il n’y a pas que les images qui aient fait l’objet des attentions toutes particulières que nous venons d’énumérer. Grande première chez Sony, la section audio classique, qui utilise les techniques de la modulation de fréquences, se voit enfin adaptée à la stéréophonie. Une possibilité qui avait été envisagée dès le départ par les concepteurs du format, mais dont Sony avait différé la mise en œuvre.
Pour cette stéréophonie en FM, il est classiquement fait appel à deux porteuses respectivement centrées sur 1,5 MHz (fréquence commune à tous les appareils « mono ») et sur 1,7 MHz. La première est utilisée pour transmettre la somme (G + D) des signaux stéréophoniques gauches (G) et droits (D), correspondant en fait au message audio monophonique. Quant à la seconde qui ne concerne que les matériels stéréophoniques, elle véhicule la différence (G – D) de ces mêmes signaux.
Dans le premier cas, la comptabilité de lecture est assurée par la simple sommation (G + D) de ces deux signaux. Dans le second, la restitution du message stéréophonique s’effectue selon le processus suivant : (G + D) + (G – D) = 2 G, pour la voie gauche ; (G + D) – (G – D) = 2 D, pour la voie droite, le facteur « 2 » ne présentant aucune signification pratique et ne modifiant en rien les caractéristiques des deux signaux d’origine G et D.
La présence d’un son stéréophonique FM n’est pas la seule particularité de la section audio. Reprenant ce qui avait été fait pour son devancier, le CCD-V200 – premier camescope à avoir bénéficié des technique du son stéréophonique PCM – le CCD-V5000 E inscrit également cette possibilité à son palmarès. En conséquence, lors des prises de vues, les signaux audio d’accompagnement se trouvent enregistrés en simultanéité sur les pistes vidéo, englobant les signaux FM et de synchro, et sur les pistes PCM. Celles-ci, rappelons-le, sont disposées dans le prolongement des premières qui occupent 180° de la surface du tambour d’analyse, contre seulement 36° pour les pistes PCM. Soit 1/6 de la longueur totale des pistes décrites par les têtes tournantes, dont les 5/6 sont affectés aux signaux vidéo et audio FM.
Les avantages présentés par les techniques audio PCM sont bien connus. C’est ainsi que l’on dispose d’un rapport signal/bruit particulièrement élevé, avoisinant 75 dB, et d’un très faible taux de fluctuatins (0,005 % en moyenne). Soit encore mieux que le rapport signal/bruit obtenu en audio FM (68 dB) qui l’emporte, par contre, au plan de la réponse en fréquence. En effet la bande passante de l’audio FM s’étend particulièrement (cas du CCD-V5000 E) de 18 Hz à 22 000 Hz, alors que la bande passante de l’audio PCM ne couvre que de 18 Hz à 15 000 Hz, ainsi que nous l’avons vérifié. Une différence qui n’a d’ailleurs rien d’anormal, et qui s’explique par le fait que, dans les techniques audio numériques, la fréquence d’échantillonnage doit être au moins du double de la fréquence la plus élevée des signaux audio à transmettre. Etant donné que sur le CCD-V 5000 E, la fréquence d’échantillonnage adoptée est de 31250 Hz, on ne peut donc théoriquement restituer une fréquence audio supérieure à 15 625 Hz dans le meilleur des cas.
Indépendamment de leurs qualités hi-fi les deux sons audio disponibles permettent d’envisager le doublage son, aux fins de postsonorisation, qui peut donc être réalisée en stéréophonie. Seules, dans ce cas, les pistes audio PCM se trouvent concernées, puisqu’elles peuvent être effacées et ré-enregistrées sans toucher aux images enregistrées sur les pistes vidéo. Celles-ci conservent, par ailleurs, le son original FM stéréo, qui peut être éventuellement mixé avec le son PCM de doublage. Toutefois, le transfert du son FM vers les pistes PCM n’a pas été prévu, ce qui est un peu dommage.
Deux autres particularités, concernant la section audio, sont encore à signaler. Ainsi, l’utilisateur dispose d’un microphone de narration, placé sur le côté droit du corps du camescope, qui permet d’enregistrer d’éventuels commentaires (en mono et en FM). Par ailleurs, un petit haut-parleur intégré facilite le contrôle du message sonore, tant à l’enregistrement qu’à la lecture. On s’en doute, les possibilités offertes par le CCD-V5000 E sont très nombreuses. Témoins, la soixantaine de touches de commutation et de commandes de réglage réparties sur le boîtier ! Certaines, familières, qui régissent notamment la balance des blancs, la vitesse d’obturation, ou l’ouverture du diaphragme. D’autres, inhabituelles, qui ont trait aux différents effets numériques, et dispersées en trois endroits.
En ce qui concerne la commande de balance, quatre modes de fonctionnement sont prévus : automatique, mémorisable, lumière du jour, ou lumière artificielle. On notera que la commande correspondante est du type rotatif, comme celle de sélection de la vitesse d’obturation (1/50 s, 1/120s, 1/250s, 1/1 000s, 1/4 000 s, 1/ 10 000 s), beaucoup plus pratique à utiliser qu’une touche à appel séquentiel.
Située à l’avant du boîtier, la commande de réglage manuel du diaphragme présente la particularité d’assurer le verrouillage de la CAG de l’amplificateur vidéo ainsi que celui du système d’asservissement de l’iris. Ce qui se passe quand on quitte la position médiane « Auto » pour ouvrir, ou fermer, selon el cas le diaphragme. On peut donc, en conséquence, maintenir constants les paramètres de l’exposition, de façon à s’affranchir des variations de luminosité caractérisant les diverses zones d’un panoramique, par exemple. Et respecter ainsi les conditions particulières d’un éclairage donné. On notera que, dans ce cas, un index de repérage de l’ouverture du diaphragme apparaît alors sur le bord gauche du viseur. Et se déplace verticalement en fonction du réglage adopté.
Donnant de très nombreuses informations, le viseur électronique peut se voir relayé sur l’écran du téléviseur de contrôle. Il suffit pour cela d’activer la touche « Data Screen » située sur le dessus du camescope, et normalement occultée par un petit volet mobile. Dans cet environnement proche se trouvent les touches d’indexation des séquences enregistrées (en tout, 99) dont le marquage manuel en cours d’enregistrement ou automatique en début de chaque nouvelle séquence. Constitués par des signaux sub-sonores venant s’inscrire au niveau de la piste linéaire « Cue », située en haut de la bande magnétique, ils peuvent être effacés, après coup, si on le désire, au stade de la lecture. De façon à ne conserver que ceux présentant un intérêt réel au niveau du stade de la recherche des séquences. Opération s’effectuant à vitesse rapide, avec introduction préliminaire, ou non, du numéro d’index choisi. Et qui, lorsque l’on ne souhaite pas effacer l’index correspondant, est suivie de la lecture automatique des 10 premières secondes de la séquence ainsi repérée.
Contribuant à la souplesse d’utilisation du camescope, un intervallomètre et un mode animation figurent encore à l’actif du Sony CCD-V5000E. Le premier autorise la réalisation de courtes séquences de prises de vues (1 seconde), à des intervalles de 1 minute. Le second permet d’enregistrer au coup par coup, de très brefs flashes (6 trames d’images) destinés à la création de programmes d’animation. Mais – et on le regrettera – les prises destinées au branchement d’interfaces ou de périphériques, qui figuraient sur le CCD-V200, ont disparu. Il n’est donc pas possible de faire usage d’un générateur de caractères, ou de Time Code, ou de raccorder un processeur vidéo, très prisés en post-production. Ce qui est d’autant plus dommage que le CCD-V5000 E est un des très rares camescopes actuels à disposer d’entrées vidéo prévues aussi bien pour les signaux en composantes séparées (Y/C), qu’en mode composite. Cela dit, il convient d’apprécier à leur juste valeur tous les points positifs de ce camescope. Et ils sont très nombreux, qu’ils s’agisse du capteur – véritablement exceptionnel – du traitement numérique des signaux vidéo, ou de la section audio. Au-dessus de la moyenne, la qualité des images – tant du point de vue de la définition que de la fidélité des couleurs – peut, à juste titre, être considérée comme la nouvelles référence en la matière. Nul doute que le CCD-V5000 E soit appelé à devenir la « coqueluche » des vidéastes les plus exigeants et les plus difficiles.