Plus d’un million de pixels sur un capteur de caméscope DV mono-ccd à architecture verticale Sony, à quoi ça sert ? A faire de bonnes photos en plus de bonnes vidéos. Mais le tout petit Sony DCR-PC100 cultive bien d’autres particularités rares.
Danielle Molson – février 2000
« Un camescope numérique qui fait des photos, ça n’a rien d’original, tous les DV en sont capables ! » Oui, mais jusqu’ici, il ne fallait pas être trop regardant sur la finesse de la restitution sur papier pour exploiter cette fonction. Les camescopes enregistraient les vues fixes dans une taille limitée : 640×480 sur carte mémoire flash et 768×576 sur cassette, ce qui donnait un tirage photo au format 10×15 et dans une certaine mesure 9×13, peu enthousiasmant : effets d’escalier (aliasing) plus ou moins perceptibles sur les courbes et les diagonales, pixellisation par endroits… Pour tout dire, piqué pas terrible, terrible… Frustrant quand le DV offre par ailleurs une vidéo de haute qualité.
Le Sony DCR-PC100 vient changer la donne. Fort d ‘un capteur millionnaire, il assume sans restriction son rôle d ‘appareil photo numérique en générant une taille d’image de 1152×864 pixels, ce qui promet des tirages papiers d’une qualité satisfaisante jusqu’au format 10×15. «Mais, reprendront les futés, 810.000 pixels, ce n’est pas loin du million, et certains capteurs de camescopes DV en bénéficient depuis des années…». Vous avez raison, mais vous oubliez que le nombre de pixels employés pour former l’image photo, comme l’image vidéo, a toujours été inférieur à 450.000 pixels. Les points surnuméraires servaient à améliorer le rendement du stabilisateur numérique. La nouveauté du PC100, c’est qu’il exploite plus de pixels pour obtenir des images fixes plus grandes, donc plus « extensibles » sur papier.
Plus trapu que ses frères Sony PC2 et PC3, les autres « verticaux » de la marque, le PC100 n’en revendique pas moins son appartenance à la tribu des lilliputiens. Et ce, bien que son poids de 650 grammes en ordre de marche et 550 grammes nu, le situe aux franges de l’hypercompacité. Pour le reste, son ergonomie rappelle celle de ses frères miniatures.
On retrouve l’écran LCD de plus de 200.000 pixels, très bien défini et très lumineux, et une disposition générale des commandes, familière. Quelques différences cependant, d’abord exit l’écran tactile du PC2, retour au bon vieux système des boutons et des molettes. Détail qui change tout, Sony s’est fendu d’un petit ergot interdisant l’accès au mode Memory Stick. Cliqué, il limite la course du sélecteur aux choix classiques : VTR, Off et Camera (1). Cela évite les sélections involontaires. A noter, une légère tendance à vibrer du PC100, cela surprend au début, mais on oublie rapidement cette particularité sans conséquence.
L’appareil réagit très vite : il lui faut environ 4,5 secondes pour commencer à enregistrer alors que le sélecteur se trouvait hors tension, et moins de 0,3 seconde entre le moment où l’on appuie sur Record et celui où les images sont capturées. Nous avons mesuré pour finir, un intervalle de 3,5 secondes minimum entre deux plans séparés par un Stand By. Cette dernière évaluation n’a rien de futile, puisqu’elle conditionne un choix esthétique, pas toujours aisé en reportage : panoramique du personnage A au personnage B ou champ et contrechamp constitué de deux plans distincts interrompus par un arrêt.
L’autonomie de la batterie Info-lithium NP-FM50 fournie est royale, surtout pour un si petit modèle, puisqu’on parvient à 135 minutes en utilisation continue. Sur le terrain cela s’est traduit dans notre cas par une confortable après-midi de tournage, soit l’enregistrement intégral d’une cassette de 60 minutes. Des accus optionnels offrent par ailleurs jusqu’à 7 heures d’autonomie.
Principal reproche, le stabilisateur numérique plutôt qu’optique. On observe en effet une diminution du piqué, voire en gros plan et en basse lumière, une petite décoloration avec le stabilisateur numérique.
Sony fait tenir ici sur un capteur ¼ de pouce plus d’un million de pixels. Outre le mode photo, le grand bénéficiaire en est le zoom numérique x40, qui voit sa qualité nettement améliorée puisqu’il exploite quelque 690.000 pixels.
Le zoom optique ×10 doté de lentilles Carl Zeiss est du genre nerveux. Il balaye la plage des focales comme un bolide : 0,3 seconde en Stand By et 0,8 seconde en enregistrement. Pas mal pour un recadrage rapide, voire un effet « coup de poing ». Si vous préférez les mouvements lents, le mécanisme à vitesse variable y parvient sans souci. Mais, le dosage devient alors un peu délicat et réclame doigté et habitude. Côté focale minimale, on est très loin du grand angle, puisqu’on obtient quelque 44 mm avec notre système de mesure (48 mm d’après Sony).
Lors des passages intérieur-extérieur et inversement, la balance des blancs s’acclimate assez vite au nouvel environnement lumineux, surtout si le cadre intègre des surfaces blanches. La gestion des éclairages mixtes est également satisfaisante.
L’autofocus réagit correctement, mais ne figure pas dans le peloton de tête, comme celui de son frère PC2. Efficace avec un bon éclairage, il travaille vite et bien. Mais, on constate de petits décrochages, surtout en intérieur quand la lumière, sans être franchement mauvaise n’est pas optimale. On y remédie assez facilement en passant au mode manuel, et en retouchant le point grâce à la bague cerclant l’objectif. L’obturateur rapide n’est pas débrayable. En revanche, le PC100 compte quatre vitesses lentes, rangées parmi les effets spéciaux (1/25, 1/12, 1/6 et 1/3 de seconde). On apprécie notamment le 1/25 de seconde, qui permet de filmer avec un éclairage médiocre sans trop subir d’effets secondaires.
Grâce au nouveau capteur, la taille d ‘une image fixe grimpe à 1.152×864 pixels sur Memory Stick (5). Mais rien n’interdit de préférer l’habituel 640×480. Outre les tailles d’images, le photographe peut déterminer le taux de compression : le mode Standard implique la compression la plus forte (1/10), Fine offre un taux intermédiaire (1/6) et Superfine propose la compression la plus faible (1/3). Taille maximale et niveau de compression minimal favorisent la qualité d’image au détriment de l’espace de stockage limité sur le Memory Stick. Intérêt majeur du 1152×864 conjugué au mode Superfine : des tirages papier en 9×13 de bonne qualité que l’on peut pousser sans souci jusqu’au 10×15, mais pas au-delà (20×30) sous peine de dégrader l’image.
L’adaptateur Memory Stick, fourni avec le camescope, ne se connecte qu’à un PC. Le transfert d’images fixes sur PC s’effectue surtout à partir de cet adaptateur, puisque le camescope est dépourvu de prise RS232. Pour capturer des images issues de la cassette, il faut passer par la prise i.Link (DV) si l’ordinateur (ou la carte de montage) en comporte, sinon il faut les copier sur Memory Stick à partir du camescope lui-même.
On retrouve la riche panoplie d’effets déjà exploitée sur les autres camescopes de la marque : négatif, sépia, noir et blanc, solarisation, pastel, mosaïque, étiré, allongé, gel d’image, trace (écho vidéo), stroboscopie, vieux film, mais aussi Lumi-Key (incrustation d’une séquence dans les parties claires d’une vue fixe). Principale originalité, que le PC100 partage par ailleurs avec le PC3 : le Chroma Key entre une vue fixe issue du Memory Stick et une vidéo. On peut ainsi incruster une séquence dans un des nombreux cadres fournis (rideaux, feuillages, etc.). Plus intéressant, la possibilité de filmer un sujet sur fond obligatoirement bleu, pour rendre ensuite transparent ledit fond à la place duquel apparaît un décor fixe en provenance du Memory Stick. Un curseur permet d’intensifier l’effet, autrement dit de supprimer plus ou moins les franges bleues autour du décor. Les effets s’exécutent également en lecture, à l’exception de vieux films et des Chroma Keys.
Signalons aussi la présence trois fondus : au noir, monotone (noir et blanc), fondu-enchaîné. Toujours parmi les effets, le Sony DCR-PC100 compte un super Nightshot pour enregistrer par infrarouge des images monochromes dans la nuit noire. Le PC100 comporte pour le reste un titreur, opérationnel avec les cassettes à puce uniquement. Certes, celles-ci sont plus coûteuses que les autres, mais Sony est actuellement le seul, à toujours proposer un générateur de caractères sur ses camescopes DV.
Une connectique archi complète puisqu’elle réunit des entrées-sorties audio-vidéo composite, Y/Cet DV (6). Seul le tri-CCD Sony TRV900 possède d’origine cette connectique. Ainsi, rien n’interdit la numérisation mini DV ou de recopier vos rushes analogiques en DV pour les préserver d’une inévitable dégradation.
On peut utiliser le PC100 comme lecteur-enregistreur, solution particulièrement intéressante si l’on dispose d’une station de montage virtuelle dotée d’une carte DV. Notez que la connectique n’est pas doublée, mais simplement commutable. Cela ne présente pas d’inconvénient réel. En effet, une sortie moniteur indépendante ne s’impose pas puisque l’image que l’on enregistre se visualise sur l’écran du camescope. En complément, on trouve bien sûr des prises micro, casque et Lanc de synchro édition. A ce propos, le connecteur i.Link intègre aussi le Lanc, ce qui permet d’exploiter, avec un autre appareil DV, le système de montage séquence par séquence automatisé du Sony DCR-PC100.
En vidéo, on conserve bien sûr l’image classique de 768×576 pixels. Ici les pixels supplémentaires du capteur ne jouent pas directement. Mais, optiques Zeiss aidant, aux côtés d’améliorations électroniques, nous retrouvons, comme promis par le constructeur, les 520 points-ligne de résolution horizontale. Un résultat confirmé sur le terrain par un beau piqué servi par une colorimétrie vivante et nuancée. Mais le PC100 a besoin de lumière pour donner le meilleur de lui-même. Car sa sensibilité se révèle médiocre, ce qui dessert le rapport signal-bruit, donc la pureté de l’image, quand les conditions d’éclairage ne suivent pas. Enfin, on constate un niveau de Smear (pinceau vertical qui s’étire le long d’une source lumineuse) important. On dispose naturellement, si souhaité, de la vitesse lente d’enregistrement.
La qualité d’enregistrement du micro stéréo est bonne pour un mini DV, avec une portée correcte : voix à niveau normal bien distinct à 2/3 mètres. Les bruits de fonctionnement, perceptibles en ambiance feutrée, restent discrets. Les plus exigeants pourront d’autant mieux installer un micro extérieur que le Sony DCR-PC100 comporte une griffe porte-accessoires. Commodité rare sur un mini. Pas de réglage du niveau d’enregistrement audio, en revanche, une fonction toujours réservée aux seuls tri-CCD.
Aucun camescope mono CCD ne revendique un tel niveau de prix. Les plus coûteux valent 3.000 F de moins, comme le PC3 de la marque.
Ce dernier n’a rien à envier au Sony DCR-PC100 côté ergonomie et caractéristiques globales. Lui aussi dispose d’un Memory Stick permettant de réaliser du Chroma Key. Mais, son capteur moins riche en pixels limite les tailles d’images fixes à 640×480. Son zoom numérique se révèle de qualité moindre que celui de son frère. De plus, il est dépourvu d’entrées audio-vidéo et de zoom ultra rapide. En revanche, le PC3 nous a paru moins sensible au Smear.
Sacrément pratique un modèle miniaturisé capable de prendre de bonnes photos… Un vrai deux-en-un quoi ! D’autant que le PC100 multiplie les fonctions rares entre son zoom hyper rapide et ses entrées audio-vidéo. Cela dit, il n’est pas vraiment donné le bougre. Il vaut grosso modo le prix d’un camescope DV et d’un appareil photo numérique d’un méga pixel. Avantage décisif : l’encombrement très limité.