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Sony EVC-X10

Sony reste en tête dans la course à l’innovation. Le caméscope video 8 mm professionnel à optiques interchangeables vient de voir le jour. Nom de code : Sony EVC-X10. Non contente de jouer les précurseurs, la société japonaise ne craint pas de se distinguer de ses concurrents. Elle nous propose un appareil modulable à partir d’une base légère : une caméra vidéo de poing dotée d’une monture de type « C ». Toute équipée, sous ses allures d’insecte, elle devient une redoutable machine à filmer.

Sony EVC X10 avec crosse

Christian Dartevelle – mai 1989

Premier caméscope à objectifs interchangeables

Les camescopes video 8 grand public ne permettaient pas jusqu’ici de changer la configuration optique imposée par le constructeur. Ce qui semblait être exclusivement réservé aux professionnels est désormais à la portée de tous. Le Sony EVC-X10 présente, en effet, une monture de type « C » qui pourra recevoir d’autres optiques (photographiques par exemple). A condition de posséder une bague d’adaptation adéquate. Une solution qui permet d’obtenir de très longues focales. Le rapport entre le capteur 2/3 de pouce et le format 24 × 36 est de 4 fois. Ainsi, en utilisant un objectif de 50 mm de focale, vous obtiendrez un 200 mm.

Le choix d’objectifs de monture « C » susceptibles de convenir au EVC-X 10 est encore limité. Leurs caractéristiques sont celles de la monture standard : diamètre de filetage de 25,4 mm (1 pouce) ; pas de 32 filets par pouce (0,794 mm) ; dos de barillet de 17,526 mm (contre 12,5 mm aux montures « C » conçues pour les cibles ½ pouce).

Trois objectifs présentant une saillie arrière inférieure à 8 mm (11/32 pouce) conviennent à ce camescope. Tout d’abord un grand-angle Fujinon de focale 9 mm, ouvrant à f : 1,4. Référence HF9A-2, il est livré avec l’EVC-X 10.

Viennent ensuite deux macro zooms à commande électrique de diaphragme. Le H6 x12 – 5R: x 6; et le H14X10A-1 : x 12. La focale du H14X10A-1 varie de 10 à 140 mm ce qui correspond à un zoom de 40-560 mm en format 24 × 36 et ouvre à f: 1,7. Le H6 × 12 – 5R bénéficie, quand à lui, d’une ouverture minimale de f : 1,2 – c’est mieux – mais les focales couvertes s’échelonnent de 12,5 à 75 mm – soit l’équivalent d’un zoom 50-300 mm en photographie 24 × 36. Il ne peut donc assurer, en position minimale, une « couverture » comparable à celle d’un grand-angle. Attention au manque de recul.

Prise en main

Sony EVC X10 version camescope de poing

Hormis la monture « C », cet EVC-X 10 possède un capteur d’image CCD (Charge Coupled Device) haute résolution. Celui-ci totalise quelque 495.000 pixels dont 440.000 éléments utiles participent effectivement à l’élaboration des images vidéo.

Ce modèle très performant n’est autre que celui du camescope Sony V-200 dont la définition horizontale atteint quelque 400 points/ligne. Particularité remarquable : il s’avère quasiment insensible à l’effet « smear » qui survient généralement sitôt que l’on cadre une source très lumineuse sur un arrière-plan foncé. Cet effet se traduit par une bande verticale claire plus ou moins large selon la taille de la source – qu’accompagne un halo fort gênant.

Le boîtier, quant à lui, évoque d’autres réalisations de la marque, notamment le Sony CCD V-90 dont il reprend les lignes générales. On retrouve par exemple l’emplacement latéral de l’écran de contrôle à cristaux liquides. Les commandes manuelles du diaphragme et de mise au point ont, en revanche, disparu. Ces deux fonctions sont désormais directement assurées au niveau des objectifs interchangeables. Autre différence sensible, le viseur électronique, fixe, a cédé la place à un viseur amovible et orientable verticalement. Ce viseur – nouveauté intéressante – peut adopter différentes positions sur le corps du camescope. Si l’on choisit la formule « appareil de poing », il vient prendre place sur le dessus de l’appareil. Là, une glissière longitudinale à trois positions de verrouillage permet de l’avancer ou de le reculer. Dans ce cas, le raccordement du viseur électronique aux circuits du camescope s’effectue par l’intermédiaire d’une prise située à l’arrière droit du boîtier, juste au-dessus de la prise de télécommande à 5 broches.

Lorsque, au contraire, on opte pour la formule « camescope d’épaule », ce viseur vient s’installer sur un berceau adaptateur que l’on positionne sur une seconde glissière située, elle, à l’avant de l’appareil et perpendiculairement à la précédente. Ici, le viseur électronique se trouve placé du côté gauche du boîtier, et la prise de raccordement sur la partie avant du camescope. Semblable disposition exige l’usage de la crosse d’épaule (fournie). Pour des raisons de stabilité, celle-ci est du reste conseillée lorsqu’on utilise des macrozooms ou des objectifs photo.

Troisième solution : monter directement sur le corps du camescope la poignée de déclenchement qui, normalement, doit se placer à l’avant de la crosse d’épaule, où elle peut coulisser. C’est la disposition classique des caméras de cinéma qui a l’avantage d’offrir une excellente prise en main. La position est en outre moins fatigante en cas d’utilisation prolongée. Dans cette configuration, le viseur électronique s’installe normalement, c’est-à-dire sur le dessus du camescope comme dans la formule « appareil de poing ».

La première prise en main du Sony EVC-X10 réservera quelques surprises aux habitués du tout automatique. D’abord en ce qui concerne le réglage de l’exposition qui, en dépit de la compensation automatique de gain, oblige l’utilisateur à agir manuellement sur la bague de commande du diaphragme de l’objectif, afin d’éviter les surexpositions ou les sous-expositions. Mais il est possible de vérifier la manœuvre en temps réel sur l’écran du viseur électronique et ainsi s’entraîner « à vide »…

Sony EVC-X10 avec sa poignée

Cela dit, la proximité du microphone intégré a pour conséquence fâcheuse, en enregistrement, de capturer le bruit du « billage » de la commande du diaphragme. En contrepartie, cette même commande de diaphragme, débarrassée de l’asservissement aux variations de luminosité, se montre tout à fait performante lors des panoramiques en réagissant bien aux zones de brillance extrêmes.

Autre automatisme manquant : celui de la mise au point. Ici le réglage manuel s’obtient en appréciant la distance au jugé avec ici encore la possibilité de vérifier la netteté dans le viseur électronique. En raison de la faiblesse relative de la locale de l’objectif de base, cette mise au point n’est guère pointue. Grâce à la grande sensibilité utilisable, on travaille le plus souvent avec un petit diaphragme, donc une profondeur de champ confortable qui élude bien des erreurs d’appréciation.

Seul automatisme conservé, celui de balance des blancs. Une fenêtre translucide située sur le dessus du camescope analyse les composantes de couleurs de l’éclairage ambiant. Mais si le capteur perçoit un éclairage insuffisant ou deux sources de lumière dissemblables, l’utilisateur peut toujours recourir au mode manuel et choisir entre deux va leurs pré-réglées : lumière du jour (5.800 K) ou lumière artificielle (3.200). Ces deux blancs de référence, appelés par la touche WHITE BALANCE, s’affichent dans le viseur électronique (INDOOR ou OUTDOOR). L’équilibrage des couleurs est quasiment parlait et permet d’ apprécier comme il se doit l’excellent rendu chromatique du capteur CCD.

Le caméscope EVC-X 10 procède à l’insertion de séquences avec une facilité déconcertante. La touche EDIT SEARCH est ici particulièrement bien conçue. A l’enregistrement, en mode PAUSE, elle autorise la recherche visuelle avant et arrière des points d’entrée et de sortie de la séquence de remplacement. Une fois le point de sortie repéré à l’aide du compteur (remis à zéro), il suffit de remonter au point d’entrée puis d’actionner la fonction MEMOIRE avant d’appuyer sur la touche START. Le nouvel enregistrement ainsi déclenché sera automatiquement interrompu, le camescope repassant en mode PAUSE à l’endroit précis du réglage zéro du compteur (qui, précisons-le fonctionne en temps écoulé).

Autonomie d’enregistrement

Aucun décrochement, aucun parasite : telle est la qualité du Vidéo-8 et de sa tête d’effacement volante. Le tambour d’analyse présente ici une tête vidéo jumelée, associant deux entrefers à azimuts croisés, grâce à laquelle l’arrêt sur image, le ralenti et l’avance image par image sont véritablement parfaits dès lors que l’on a réglé la commande de TRACKING accessible en mode ARRET SUR IMAGE, par la touche EDIT SEARCH.

La présence d’un obturateur électronique, à vitesse variable (1/50 s, 1/120 s, 1/500 s, 1/1.000 s et 1/2.000 s) constitue un atout appréciable ; tout comme le dispositif horodateur grâce auquel l’heure et la date viennent s’inscrire en surimpression.

Une double vitesse de défilement – dont le sélecteur placé sous l’appareil, dans le compartiment de la pile de l’horodateur, n’est pas d’un accès très pratique – double l’autonomie d’enregistrement des cassettes utilisées. Dans ce cas de ligure, la durée de fonctionnement se monte à environ 40 minutes avec une batterie NP-55 ; chiffre porté à 80 minutes avec une batterie NP-77 de grande capacité. La recharge complète de la NP-55 s’effectue en une heure; celle de la NP-77 en deux heures.

Deux macrozooms

Fait nouveau et intéressant, ce camescope peut, sur le terrain, être alimenté par piles alcalines, type LR-6 ; à condition d’utiliser l’adaptateur EBP-55 contenant 6 piles de 1,5 volt. Cet adaptateur vient se connecter, tout comme les batteries, à l’arrière du camescope. Une autonomie assurée d’une trentaine de minutes. Malheureusement, cet astucieux accessoire n’est pas commercialisé en France. De même que les deux macrozooms à monture« C » qui pour l’instant ne sont disponibles qu’outre-Rhin. Les responsables du marketing ont ici manqué de jugeote car il y a fort à parier que ces accessoires susciteront de nombreuses demandes de la part de tous ceux qui ne manqueront pas d’être séduits par les possibilités de l’EVC-X10.

Caractéristiques Sony EVC-X10

Section caméra

  • Capteur CCD : 2/3 de pouce – 495.000 pixels
  • Objectif : Monture « C » – 9 mm, f : 1,4 (en dotation de base)
  • Mise au point : Manuelle
  • Sensibilité : 6 lux-100.000 lux (avec objectif f : 1,4)
  • Obturateur : 1/50 s, 1/120 s, 1/500 s, 1/1.000 s et 1/2.000 s
  • Viseur : Electronique, amovible et mobile – 0,7 pouce

Section magnétoscope

  • Format : Video-8
  • Standard : PAL
  • Vitesse de défilements : 2,005 cm/s – LP : 1,005 cm/s
  • Réponse audio : 70-15.000 Hz (micro)
  • Sortie audio-vidéo : Cinch
  • Dimensions : L × H × P : 9,9 × 17,1 × 32,7 cm
  • Poids : 1,5 kg (sans batterie et avec objectif 9 mm) – l ,65 kg (avec batterie N-55)
  • Autres fonctions : Insertion automatique de séquences –
    Horodateur – Balance des blancs automatique et pré-réglée.
  • Prix indicatif : 22.000 F (3.354 €) (avec objectif 9 mm et crosse d’épaule)

Les plus

  • Le principe de la monture « C »
  • La possibilité d’utiliser des objectifs photo
  • Le capteur CCD à haute résolution
  • La grande sensibilité utilisable
  • La fidélité de restitution des couleurs
  • L’obturateur à vitesse variable
  • L’écran de contrôle à cristaux liquides
  • La souplesse de l’insertion automatique
  • Les indications dans le viseur
  • Les adaptations du viseur amovible
  • Les différentes configurations d’emploi
  • La crosse d’épaule et la poignée de maintien
  • La qualité de l’arrêt sur image et du ralenti

Les moins

  • Le choix restreint d’objectifs interchangeables, adaptés
  • L’absence d’entrées audio-vidéo
  • La non-disponibilité de certains accessoires en France
  • La mauvaise accessibilité au sélecteur de vitesse
  • L’absence d’une poignée de transport
  • La sensibilité du microphone aux bruits de manipulation.

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