Semi-pro, le FXE-120P fait partie des matériels de post-production vidéo de la gamme Sony FXE qui combine les fonctions de mélangeur vidéo, mixeur audio et éditeur de montage capable de gérer trois machines en A/B Roll. Son originalité : il pilote, à la fois les équipements pros et du matériel grand-public possédant une connectique Lanc. Mais 52.000 F, c’est un investissement !
Vous souhaitez réaliser un montage de vos cassettes vidéos ? Demandez nous une numérisation de cassette vidéo, vous pourrez ensuite réaliser le montage, le trucage et la correction de vos vidéos à l’aide d’un logiciel de montage vidéo.
Pier-Yves Menkhoff – septembre 1997
La principale originalité du Sony réside dans sa faculté à s’inscrire indifféremment dans un univers pro ou grand-public, voire une configuration hybride. Il dispose en effet de trois interfaces RS-422 et trois RS-232C (pour deux lecteurs et un enregistreur dans chaque cas). Mais aussi deux bornes Lanc : pour le contrôle de deux lecteurs. En revanche, pas de prise Lanc destiné à l’enregistreur.
Pour en bénéficier, il faut acquérir le boîtier optionnel Sony IS-SX2 (3.900 F), ce qui nous paraît assez peu commercial.
Pas de connectique DV, mais que les possesseurs de lecteur(s)/enregistreur DV se rassurent. Lors d’un montage Cut le signal audio-vidéo ne transite pas par l’éditeur qui se contente dans ce cas (80 à 90 % d’un montage classique) de piloter les machines. Les images ne subissent donc aucune déperdition.
A signaler : l’absence de connectique YUV. Raison invoquée par Sony : le FXE-120P n’est pas un équipement broadcast. Cela dit, tous les matériels Betacam disposent d’une connectique Y/C et le FX-120P laisse transiter quelque 600 points-ligne, via sa prise Ushiden. Ainsi, rien n’interdit d’imaginer une configuration constituée de deux lecteurs, DV et Hi-8, ou Becacam et DV-Cam par exemple, associés à un enregistreur Beta, MII, S-VHS, Hi-8, etc.
Sitôt les magnétoscopes – lecteur et enregistreur – connectés, la fonction Learn de l’éditeur les analyse pour en permettre le pilotage même chose pour les temps de Preroll et Postroll. Voilà qui différencie le FXE-120P du FXE-100P, mais aussi des systèmes grand-public, dans lesquels il faut entrer manuellement ces durées. Autre nouveauté, la plupart des time code sont acceptés : VITC, SMPTE, 8 Pro, CTL, voire RCTC. Cela confirme la vocation multi-utilisateur de la régie. De plus, le mode Edit time code automatiquement chaque nouvelle cassette suivant son format si elle est dépourvue de code temporel.
Toutes les fonctions (lecture, stop, enregistrement, pause, etc.) se pilotent à partir du clavier. L’appareil réagir immédiatement aux ordres et peut offrir la lecture des commandes et du time code sur le moniteur. Enfin, un seul écran suffit pour visionner les signaux de l’ensemble des sources à coures les étapes du montage.
Ils vont du classique A/B Roll pour les effets de transitions (fondu-enchaîné ou effacé) au Roulement simple A. Ce dernier permet un fondu avec un seul lecteur grâce à un gel d’image sur l’enregistreur. Le Roulement Synchro autorise le fondu entre deux sources. Tous les effets sont programmables ou paramétrables comme la variation de la vitesse et le minutage des effets spéciaux. Le Montage Divisé (ou Split Audio) constitue un effet assez fabuleux : l’insertion audio peut intervenir jusqu’à une minute avant ou après l’apparition de l’image. Pour contrôler tout cela, on dispose des modes Preview et Review.
Si le monteur possède un magnétoscope équipé de la fonction DMC, à lui les joies du montage à vitesse variable (ralentis et accélérés) sans barre de bruit et l’alignement dynamique pour des images sans saccades.
Connecté à un PC, le FXE-120P sauvegarde jusqu’à 99 listes de décision montage (EDL). Le logiciel proposé en option se nomme EDL-Pro.
Nul besoin d’un TBC (correcteur de base temps). Les Bus A et B sont équipés d’une mémoire de cadre numérique pour une synchronisation parfaite des signaux vidéo. Un traitement numérique 4:1:1, sur chacun des deux Bus d’entrée, stabilise l’image. Trois encrées vidéo et un fond de couleur sont disponibles sur chacun des Bus. Au centre, un levier de fondu (T-Bar) sert au passage manuel en douceur d’un Bus à l’autre. En outre, la fonction Auto Take peut lancer un fondu ou un effet à une vitesse variable préprogrammée (1 à 999 trames). Avantage certain, la fluidité est constante que le fondu soit enchaîné ou effacé.
Le plus classique reste le fondu-enchaîné. Il peut s’associer à un effet numérique de type Stroboscope, Mosaïque, Postérisation ou Monochromie. Mais le fondu-effacé est le plus original. Chacun des 140 motifs géométriques peut être affecté aux touches programmables pour des glissements ou des déroulements d’images. Une bordure de la largeur et de la couleur choisie s’applique aux motifs du fondu-effacé. Toutefois, pas de tourné de page 3D.
Trois modes d’incrustation sont offerts : Lumina Key, Chroma Key et Picture in Picture (P in P). Le Lumina Key (Luma Key) gère les couleurs de la luminance la plus faible (le noir) vers la plus forte (bleu, rouge, magenta, vert, cyan, Jaune et blanc). Le niveau de luminance est modulable avec la touche Clip High pour les sections lumineuses et Clip Low pour les parties sombres.
Avec le P in P, la vidéo du Bus B est réduite au tiers de sa taille normale et insérée dans la vidéo du Bus A, dans un des quatre coins de l’image. L’écran peut se diviser en 3×3 cases avec une vidéo réduite dans chacune d’entre elles. Elles affichent une image fixe ou en décomposition stroboscopique (spirale, retour à la ligne, croisé) cumulable à un fondu-effacé.
On regrette l’absence de tailles variables des incrustations en P in P. Enfin, le Pix Trail crée une traînée d’images derrière un sujet en mouvement.
Rien n’interdit de corriger la saturation (Hue), la luminance et la chrominance sur chaque Bus, afin de rattraper les défauts, une balance des blancs défectueuse par exemple. Un joystick commande la balance de la couleur pour modifier l’ équilibre global des tons de l’image.
Chaque niveau d’entrée peut être ajusté indépendamment, ainsi que le niveau de sortie à l’enregistrement ou sur le moniteur. De même, rien n’interdit le mélange du son d’un micro ou d’une source audio auxiliaire en tant que sortie audio programmée. Enfin, un son mono en entrée peu sortir en pseudo stéréo par un décalage temps sur les deux canaux de sortie. La FXE-120P sait aussi produire un effet spatial, avec une impression de Surround et modifier le spectre audio en donnant une tonalité générale plus grave ou plus aiguë.
Ce mode de montage consiste à retarder ou avancer l’intervention du son par rapport à l’image qui l’accompagne dans un délai maximum d’une minute. On fait monter le son en avance (Audio Advance) ou en retard (Audio Delay) par rapport au début ou la fin de la séquence en mode Insert. En mode Programmé, les décalages seront identiques : Split In en début ou Split Out en fin de séquence.
Pas d’entrées/sorties DV ni YUV, ni de borne Lanc pour piloter l’enregistreur. En revanche, toutes les entrées et sorties audio/vidéo sont aux normes Cinch ou BNC composites et Ushiden. Pour lire une source audio externe, une entrée Aux stéréo est prévue avec une modulation réglable (600 ou 47 Q) pour un connecteur XLR ou RCA. Rappelons la présence des trois RS-232C et RS-422C pour le pilotage des lecteurs et enregistreurs pros et des deux Lanc pour les lecteurs grand-public. Deux connecteurs GPI Out fournissent les impulsions pour le contrôle d’un titreur, d’un ordinateur (PC) ou d’une régie extérieure. La réciproque existe avec une GPI In pour piloter le FXE- 120P à partir d’un éditeur externe. Le connecteur EDL In/Out (D-Sub 9 broches) transfère les données EDL vers un PC.
Il n’existe aucun concurrent qui cumule les fonctions de mélangeur vidéo, d’éditeur de montage et de mixeur audio en pro. Pour trouver ce type de matériel, il faut se tourner vers le MPE-2000 de GSE en grand-public. Ce mélangeur-éditeur-mixeur-titreur proposé autour de 16.000 F affiche des performances très honorables et intègre même une connectique DV en option (ajouter 10.000 F). En revanche, il ne passe pas 500 lignes, n’intègre pas de prises RS422/232 ni d’effets complexes de type fondu-effacé et surtout, se révèle plus compliqué à utiliser. Ce qui lui interdit de s’inscrire dans une logique de production. Côté pro, on peut penser à la régie de mixage Sony DFS300 ou 500 à laquelle il faudrait adjoindre un éditeur de montage trois machines de type Sony PVE500 et un éventuel Chroma Keyer. Total : environ : 100.000 F. Mais pour cette somme, on dispose d’une connectique YUV et d’effets 3D (pas de Lanc en revanche).
Le FXE-120P devrait séduire clubs, associations, et petites structures de production. Fiable, efficace il s’accorde indifféremment avec du matériel grand-public et professionnel. A une configuration de montage virtuel au prix voisin, il oppose ses capacités de temps réel et sa facilité d’emploi, mais il n’offre pas les effets 3D ni le titrage. Ses défauts : pas de connectique YUV ni DV et une borne Lanc en option pour l’enregistreur.
CV 108