Le TR-V94 est un camescope Hi8 Sony avec écran et stabilisateur numérique. Trois bonnes raisons d’acquérir le Sony TR-V94 : une batterie optionnelle qui lui confère jusqu’à 8 heures d’autonomie ; un écran couleurs de 10 cm de diagonale ; enfin, ce modèle armé pour le montage (time code image par image) regorge de fonctions ingénieuses. A l’heure du numérique, le caméscope video 8 se rebiffe !
Le cauchemar prend fin. Celui du témoin d’avertissement Battery qui clignote sans relâche. Dame énergie est cruelle, elle vous lâche toujours au moment fatidique ; au mieux, après 40 ou 50 minutes de mise sous tension. Pas le choix, le vidéaste servile doit emporter une armada de batteries pour éviter la panne sèche. Et accomplir une tâche ingrate sur son lieu de vacances : le « biberon » nocturne pour recharger la deuxième ou troisième batterie de secours… A moins qu’il ne préfère s’encombrer d’une lourde batterie-ceinture reliée au camescope par cordon ombilical.
De mauvais souvenirs que tentent d’effacer huit nouveaux camescopes Sony au nombre desquels figure le TR-V94, objet de ce test. Suivant les modèles, l’autonomie annoncée par le fabricant varie entre 5 et 8 heures ! Secret de cette vitalité, une moindre consommation du camescope (5,2 W avec écran) rendue possible grâce à une architecture interne entièrement repensée et l’adoption d’une batterie haute capacité ; un nouveau concept auquel Sony attribue le label « Stamina » (en anglais, force vitale).
L’argument, aussi technologique que commercial, est fort mais perfide. Première précision, seule la batterie optionnelle NP-F 930 (et non la NP-F 530 fournie) offre une telle autonomie. Prudent, Sony mentionne d’ailleurs ce « détail » sur le flanc de ses camescopes Stamina. Mais le constructeur en omet le prix : 1.400 F ! Second bémol : l’autonomie est réduite d’environ 30 % si l’on utilise l’écran ACL. Soit de 5 heures 30 à 6 heures au lieu de 8. Or l’écran ACL confère un intérêt majeur aux camescopes de la gamme Handycam Vision. Troisième et dernière réserve : les 8 heures théoriques correspondent à un temps d’enregistrement « continu », ce qui n’intègre pas l’emploi du zoom, du start/stop ou de fréquentes mises sous tension inéluctables lors d’un tournage réel.
Ne soyons pas bégueules : on peut raisonnablement tabler sur 5 heures d’autonomie avec une seule batterie NP-F 930 ; une durée déjà considérable… Le constructeur ne peut truquer l’autonomie réelle sachant que la constitution de sa batterie repose sur un principe « intelligent », l’Infolithium. Technologie grâce à laquelle l’énergie restante – exprimée en minutes – s’affiche en permanence sur l’écran du camescope ou dans le viseur (une précision de l’ordre de la minute ! ). Mieux : dans le cas du TR-V94, un microprocesseur réajuste même la durée selon le mode d’utilisation (viseur ou écran ACL, ce dernier consommant davantage).
Difficile pour l’utilisateur de bouder un double plaisir : celui de partir en tournage, l’esprit libre (et les poches vides !), à l’aide d’une seule batterie longue durée ; et celui de contrôler en temps réel l’autonomie restante. Un peu comme un conducteur suivant de près la jauge de son réservoir…
Quant à la batterie fournie (la NP-F 530), celle-ci procure, selon le fabricant, 85 minutes d’autonomie en utilisant le seul viseur couleurs et 55 minutes avec l’écran ACL. Pourtant, nos propres observations (vérifiées) sont curieusement plus optimistes : environ 120′ avec écran ACL et surtout près de 190′ en se limitant au seul viseur couleurs (soit plus de 3 heures) ! Interrogé, Sony n’explique pas une telle différence entre nos conclusions et les données chiffrées du mode d’emploi…
Autre intérêt majeur du Sony TR-V94, un écran ACL 112.000 pixels de 10 cm de diagonale (4 pouces). Une taille 50 % supérieure à tous les modèles précédents de la gamme Sony (6,4 cm) ainsi qu’au DV PC7. Cette dimension – analogue à celle du Sharp DV DCL – 1 S – procure un double confort de visée et de relecture. A noter : par temps ensoleillé, on parvient à distinguer l’écran sans trop de peine moyennant un réglage de la luminosité et une inclinaison correcte (l’œil doit toutefois s’accommoder durant quelques secondes). A défaut, on peut bien entendu recourir au viseur couleurs. C’est un atout de premier dans le choix du camescope qui vous permettra de réaliser ou de préparer la numérisation de vos Hi8.
Viseur et écran ACL ne peuvent fonctionner simultanément ; toutefois, une exception : à l’instar du Sony PC ? (modèle DV), on peut coller l’œil au viseur tout en retournant l’écran à 90° de manière à ce que votre « sujet » puisse se regarder dans l’écran ; l’image bascule alors dans le bon sens. « Une véritable aubaine » comme le rappelle Danielle Molson (voir test du PC7) « pour les parents de petits diablotins prompts à fuir un objectif classique mais tout prêts à cabotiner dès que leur image leur est renvoyée en temps réel ».
La débauche de fonctions est telle que Sony offre un programme Démo pour en faire le tour ! A commencer par une myriade d’effets spéciaux numériques que l’on peut visualiser en un clin d’œil : retenons surtout le gel d’image, le faux cinémascope, le vrai 16/9, le noir et blanc, l’adoption de vitesses lentes et l’incrustation d’une image fixe dans une image en mouvement (et vice versa). On dispose même d’un titreur (très rudimentaire) et d’un mode Photo comme sur les Sony VX700/1000 DV. Les circuits entièrement digitaux du camescope n’y sont pas étrangers. Ils expliquent par ailleurs la présence d’un stabilisateur numérique (et non optique), certes moins gourmand en énergie. Revers de la médaille, en très faible luminosité, le Steadyshot numérique altère quelque peu la qualité de l’image (le bruit augmente). Cela dit, le TR-V94 affichant une sensibilité record (0,7 lux), le réel inconvénient du stabilisateur numérique est moins marqué.
Autre particularité, un puissant zoom ×15 ( extensible à ×30 en numérique, une belle hérésie !) dont l’emploi s’avère plutôt agréable grâce à l’adoption d’un moteur à plusieurs vitesses : progression très lente (sans à-coup), moyenne ou ultra rapide.
Correcte pour du Hi-8 mais manquant légèrement de punch, le contraste nous a semblé un peu faiblard. Peut-être un effet trompeur comparé à la qualité d’image du DV numérique. On note aussi une légère dominante magenta en intérieur. En revanche, peu ou pas d’effet Smear en présence d’une source lumineuse intense et un diaphragme qui pompe très peu lors d’un changement brutal de luminosité. Pas de reproche spécifique au son Hi-Fi stéréo.
Nous ne pouvons cautionner quelques négligences. Comme à l’accoutumée, certaines commandes et boutons ne semblent guère adaptés à nos volumineuses paluches européennes. Ceux affectés à la mise au point manuelle relèvent de la pure aberration : une préhension plus que difficile. Ce qui incite à ne jamais débrayer l’autofocus : un comble ! De même, le mouvement nécessaire à l’ouverture de l’écran ACL manque de souplesse. Un défaut qui concerne aussi la touche Exposure apte à débrayer l’iris : il faut des doigts de fée pour l’enclencher… D’autre part, point parmi les plus graves : seul l’automatisme régit la balance des blancs (pas de position préréglée ni manuelle) alors que tous les autres débrayages sont au complet. Incompréhensible sur un appareil de ce prix. Enfin, le vidéaste doit chercher la position la plus « souple » pour son index (qui actionne le zoom) et son pouce (qui déclenche). S’il engage trop sa main, toutes les prises de vues seront affectées en début et fin de plan d’un mouvement vertical vers le bas.
Le Sony TR-V94 partage en commun avec un autre modèle haut de gamme, le Sony TR3100, plusieurs caractéristiques de montage : un time code RC réinscriptible en lecture ; une prise Lanc ; une avance et recul image/image. Seul regret, les touches Ralenti et Frame, absentes du corps du camescope, sont accessibles via la seule télécommande ; mais précisons que la liaison Lanc permet à n’importe quelle table de montage d’asservir la mécanique image/image du TR-V94. Ajoutons à cette liste un TBC intégré dont l’efficacité réelle nous a paru douteuse, et quelques effets spéciaux disponibles en lecture : Flash, Luminance, Trail ( effet de traînée) et surtout Gel d’image (Still) . A notre avis, seul ce dernier est exploitable en montage. Trois points à retenir : l’arrêt sur image, parfaitement stable, ne souffre d’aucune strie parasite, sauf dans le cas où l’on enclenche le recul image/image. Mais le Tracking (automatique) finit par rétablir la visibilité correcte de l’image. Second point, moyennant un réglage Menu, on peut superposer le time code à l’image et délivrer ce signal en sortie afin de réaliser une copie de travail avec time code incrusté à l’image. Avantage de la copie time codée : préserver ses originaux Hi-8 lors du montage (à condition de relever au final tous les time code de chaque plan). Notons aussi un temps de bobinage moyennement rapide : 4 minutes pour une K7 90 minutes.
Enfin, signalons l’avantage de monter à l’aide de l’écran ACL. Intérêt, visualiser l’image du lecteur sans recourir à un moniteur supplémentaire ; une solution « professionnelle » pour vérifier un raccord de plans. Sinon, il est possible de paramétrer dans le menu un affichage du time code sur le seul écran ACL et non en sortie vidéo : de cette manière, on s’interdit d’incruster le time code à l’image lors de la copie/montage. Il suffisait d’y penser…
Pas facile de se mesurer au TR-V94. Question concept et taille d’écran, seuls les Viewcam Sharp VL-H420S (Hi-8, 8.000 F) et Sharp VL-DC1 S (DV, 15.000 F) rivalisent avec le Sony. Il est vrai, sans batterie très longue durée ni prise Lane (et sans time code pour le VL-H420S). Dans la même gamme Stamina, pour 2.000 F de moins, on trouve le Sony TR-V64. Il flirte aussi avec les 8 heures d’autonomie mais sans viseur couleurs ni time code ; à noter son écran plus petit : 6,35 cm au lieu de 10 cm. A 8.000 F également, le TR-3100 dépourvu d’écran et de viseur couleurs mais muni d’un stabilisateur optique.
Un modèle qui cumule de nombreux avantages : écran couleurs de 10 cm, viseur couleurs, time code et autonomie sans équivalent à ce jour. Mais au prix de ce camescope Hi-8, il convient d’ajouter celui de la batterie optionnelle (1.400 F !). Une facture totale qui s’élève donc à 11.400 F. La vraie somme à débourser pour tirer la quintessence du Sony TR-V94.