Doté de fonctions avancées, Steady Shot, viseur couleurs, time code, diaphragme réglable, zoom puissant, le Sony TR3000 dispose en outre d’une semelle de pilotage avec fonctions de lecture et sorties audio-vidéo… Et comme l’image est superbe et l’ergonomie parfaite, ce caméscopes Hi8 Sony à stabilisateur optique s’impose comme l’une des plus belles réussites de la marque.
Décembre n’est pas le meilleur mois pour les essais de camescope. Le soleil accompagne les mouvements de grève et Paris vit de mauvais jours. Temps maussade et frisquet, c’est avec les gants que je promène le TR3000 sur la place de la Nation. Je ne les quitterai pas pour les premières images en tout automatique. La compacité du camescope participe d’une certaine discrétion dans la prise de vues. Les amateurs de boules, le nez sur le cochonnet, me remarquent à peine.
Le gris alu du camescope est certes moins voyant que ces billes fluo jaunes ou vertes, objet de leur concentration. Le déclencheur et la commande de zoom sont à portée de pouce et d’index. Ce dernier n’est pas débrayable, pourtant il ne souffre pas la critique. Sa rapidité à passer d’un extrême à l’autre surprend. J’avais l’habitude de zooms plus mollassons. Un confort dans l’action qu’accompagne le Steady Shot (stabilisateur optique) pour éviter les tressautements visuels inhérents aux caméscopes de poing. Pour peu, je crois travailler avec une caméra sur pied. Ce stabilisateur est un régal pour travailler en longue focale à main levée en zoom comme en panoramique. Surtout avec un zoom optique x 16 capable de grimper jusqu’à x 32 en numérique. Caché par le viseur, un bouton permet le débrayage du Steady Shot. Une position recommandée pour le filmage sur pied d’objets immobiles. L’autofocus m’a semblé un peu lent en longue focale, pour peu que le sujet principal tombe en dessous du tiers de l’image et qu’il soit décentré dans le cadre. Mais pour le reste, même en intérieur, avec un éclairage juste suffisant, il se révèle d’une efficacité remarquable et les phénomènes de pompage lui sont quasiment inconnus.
Le viseur couleur, très agréable, participe à l’impression de confort et de convivialité. Quel progrès, par rapport aux premières générations de mini écrans LCD, sur lesquels les mosaïques de pixels agaçaient l’œil ! La mise au point se débraye et l’absence de butée sur la bague évite de faire trembler le camescope, même s’il faut s’habituer à cette absence de blocage pour repérer les minima et maxima de la plage de réglages. A noter qu’en mode Macro, la mise au point fonctionne aussi en automatique. Il ne manque que l’écran couleurs du TRV100 pour des projections improvisées. Le ballet des voitures sur la place permet de rendre compte des habituelles limites du tout automatique. En Diaph auto, le décor vire au foncé pour peu que le ciel dépasse le tiers d’écran. Un gros plan de statue, contrarié par le passage dans le champ des carrosseries, voit le diaphragme pomper quand celles-ci sont blanches ou très claires. Il me faut enlever les gants pour mieux accéder aux boutons de commande. Trois possibilités de gestion du diaph s’offrent à l’utilisateur. En fixer la valeur et laisser l’obturateur se réajuster pour conserver une exposition constante. Les deux données s’affichent dans le viseur.
A l’inverse, le choix de la vitesse d’obturation peut s’accompagner de la variation automatique du diaphragme. Enfin, plus adapté à la création, l’obturateur reste bloqué tandis que l’opérateur choisit son ouverture de f/1,6 à f/19 avec la petite molette latérale. Le gain est lui même ajustable sur huit valeurs de — 3 dB à + 18 dB. Ajouter beaucoup de gain altère l’image et c’est un recours qui n’est justifiable que pour le scoop. On peut aussi éclaircir l’image grâce à une obturation lente de 1/25 à 1/3 de seconde. Les objets en mouvement accusent une incontournable rémanence et le pied peut s’avérer indispensable, hors recherche d’un effet créatif particulier. L’éclairement minimum tombe à 0,1 lux en obturation lente au 1/3 de seconde au lieu des 3 lux.
L’automatisme de la balance des blancs se comporte très correctement. Mais il reste débrayable pour peaufiner l’équilibre chromatique. Un recours qui, pour beaucoup, ne se justifiera que sur les éclairages mixtes, jour et artificiel. Au rayon création, on notera des effets spéciaux : négatif, noir et blanc, sépia ainsi que le fondu à l’ouverture et la fermeture, voire le fondu-enchaîné sur un gel d’image. Le stroboscope est de la partie avec deux valeurs fixes : une image toutes les 1/2 secondes ou au 1/15 s. Pour ceux qui souhaitent imprimer une photo, on peut figer une image à volonté, tout en conservant le son ambiant. Les modes Fondu et Fondu-enchaîné deviennent alors inopérants.
Pour s’offrir les joies d’un format panoramique, les possesseurs d’un camescope standard doivent faire des efforts au tournage en cadrant plus large et ajouter des bandes noires au montage. Avec la fonction Cinéma, le cadrage en Cinémascope est immédiatement disponible. Et ceux qui disposent de téléviseurs à écran large, peuvent même choisir l’option 16/9 FullScreen. Pas de bandes noires à l’arrivée mais une image comprimée dans la longueur, que sauront décompresser ces modèles de postes. Effet bizarre pour le cadreur qui se retrouve avec une image vidéo étirée dans le sens de la hauteur. On aurait aimé que cette déformation de l’image — utile certes à l’allumage du camescope pour savoir que ce mode est activé — disparaisse à la prise de vues au profit d’un cadre comme le mode Cinéma. Attention, cette option reste inexploitable sur une majorité de téléviseurs. « Détordre » l’image sur un classique poste au format 4/3 n’est envisageable que par la grâce de certaines régies de trucage, ou via des logiciels de montage numérique au prix d’un temps de calcul considérable. Notre service de numérisation Hi8 vous permettra de bénéficier de votre format 16/9 sur votre téléviseur de salon dans des conditions normales.
Points forts de la bête, une image absolument excellente. Et une colorimétrie parfaite, ni trop chaude, ni trop froide.
Équipé d’un micro stéréo calé sous l’optique, le Sony TR3000 dispose d’une fonction Zoom : le son s’amplifie avec la variation d’optique vers les longues focales et inversement. On peut aussi enclencher l’atténuateur pour contrer les bruits de vent intempestifs. A laisser désactivé en temps ordinaire, sous peine d’avoir un son étouffé. L’absence de réglage manuel hérissera le poil de ceux qui aiment peaufiner la prise de son à leur goût. Un autre micro est raccordable, y compris un modèle réclamant une alimentation externe fournie par le camescope.
L’intérêt présenté par l’appareil en termes de montage, tient d’abord à ses modes de lecture spéciaux : Avance et Recul image par image, ralenti au 1/5 s. Principal reproche, la pause bruitée. Autre avantage majeur, le time code RC qui autorise une excellente précision avec les éditeurs capables d’en tenir compte. Rappelons que le RC est inscriptible en lecture avec ce camescope. Autrement dit, vous pouvez l’insérer sur des rushes tournés avec un ancien camescope 8 mm dépourvu de time code. Et ce, sans copie, donc sans perte d’une génération. Curieusement, les modèles actuellement commercialisés disposant d’un tel time code (tous dans la catégorie Hi-8) sont peu nombreux : le Canon EX2, et les Sony TRV100 et TR 2000.
Le Sony TR3000 a de quoi combler une majorité de vidéastes pour lesquels un encombrement réduit n’exclut pas la possibilité de disposer d’un degré de sophistication élevé autant pour le tournage que pour le montage.
La station d’accueil est un vrai plus pour des lectures immédiates sur téléviseur ou pour maintenir câblé un système de montage. Time code RCTC, stabilisateur optique et différents réglages manuels en font un outil créatif.
Un bonheur pour se défaire des problèmes de câblage. Elle peut rester posée près du poste de télévision. Comme sur le camescope, la connectique propose Cinch A/V, Y/C et prise Lanc. Il suffit d’encliqueter le camescope sur ce socle pour pouvoir le piloter avec la molette Jog/Shuttle plus confortable à manipuler que les petites touches du magnétoscope. L’image est lisible à vitesse variable en avant comme en arrière. Ceux qui montent apprécieront de pouvoir laisser cette station câblée avec le reste de leur régie. Un regret, la progression image par image, possible à l’aide de la télécommande n’est pas reprise ici.