Thomson se singularise avec un magnétoscope VHS européen de montage Hi-Fi, muni d’une table d’assemblage intégrée, qui lit et enregistre le NTSC. Un modèle stylé à la ligne épurée et valant moins de 4.000 F Revers de la médaille, le fabricant a omis certains détails. Fâcheux.
Pier-Yves Menkhoff – juillet 1997
Hormis une esthétique souvent réussie, nous reprochons aux magnétoscopes français et européens leur conception : emplacements de commandes peu ergonomiques, programmation d’un tuner digne d’un élève de Saint-Cyr, fonctions cumulées sur une même touche qui provoquent des erreurs de manipulation, etc. Bref, rien ne valait jusqu’à ce jour un bon magnétoscope japonais pour une utilisation sans souci. Aujourd’hui, sans douce à force de constantes collaborations avec le Japon (Thomson avec JVC, Philips avec Panasonic), les fabricants européens découvrent qu’il est possible de faire simple…
Sur l’apparence du Thomson VPH-6790, rien à dire. Ou plutôt si. Depuis bientôt trois ans, Thomson collabore avec l’équipe de Philippe Starck pour créer une gamme de matériels conjuguant avec réussite, design et fonctionnalités. La ligne est épurée, à la limite du minimaliste. On aime.
Toutefois, il serait réducteur de se fier à la seule apparence du Thomson. Le VPH-6790 cumule un ensemble de fonctions qui font de lui le haut de gamme VHS de la marque. Pour les énumérer brièvement, une lecture et enregistrement en NTSC, montage (insertion, doublage son, édition synchronisée de séquences, etc.), programmation automatique du tuner, Show-View, VPS-PDC, etc. L
Une fois abaissée, la trappe en façade du magnétoscope laisse apparaître… un simple écran LCD (écran à cristaux liquides) pour l’affichage des fonctions ainsi qu’une bague Jog/Shuttle pour la recherche des séquences ; s’y ajoutent quelques touches de pilotage (Pause, Lecture, etc.) sur le volet et une connectique en façade pour brancher un camescope.
C’est tout. Les autres fonctions sont accessibles uniquement par la télécommande Sensar qu’ on veillera à ne pas égarer. Celle-ci est amusante avec sa bille Trackball au centre. Ne souriez pas, il s’agit du centre « nerveux » des commandes. Tout passe par elle. Bien en place dans la main, le pouce joue de droite à gauche ou inversement pour se déplacer dans le menu. En mode Lecture, le Trackball fait office de Jog pour une avance image par image après une pression sur la touche Pause. Précisons que la télécommande est universelle pour 56 marques et peut piloter alternativement deux magnétoscopes et un téléviseur.
Le Thomson lie et enregistre indifféremment les signaux vidéo Pal, Secam ou NTSC. Pendant de nombreuses années, les Européens ont attribué au NTSC le surnom de Never Twice Same Color (jamais deux fois la même couleur). En effet, à la différence du Secam, le NTSC transmet simultanément le bleu et le rouge lors de la formation d’une ligne de balayage. Il en résulte souvent des erreurs de phase qui s’observent à l’écran par une modification de la teinte. En outre, le nombre de lignes n’atteint que 525 (contre 625 pour le Pal et le Secam).
Toutefois, la compatibilité NTSC se justifie pleinement : succès grandissant des films importés par les grandes surfaces au format VHS NTSC, importantes communautés américaines et asiatiques vivant en France.
Aujourd’hui, Thomson joue les précurseurs. Non seulement, le VPH-6790 lit le NTSC (en le convertissant en Pal) sur un téléviseur acceptant le Pal ou le NTSC, mais il lui est possible de l’enregistrer à partir d’un second lecteur acceptant ce même standard. Celui retenu est le NTSC 3.58 utilisé au Japon et aux Etats-Unis, le 4.43 n’étant plus d’actualité après la chute du mur de Berlin. Une communauté américaine vivant en France peut ainsi recevoir une cassette de sa famille vivant aux Etats-Unis (ou au Japon), la lire, puis la reproduire pour un proche. Attention toutefois, le Thomson n’est pas équipé d’un tuner NTSC ni même d’un transcodeur à même de transformer le Secam ou le Pal en NTSC ou vice versa. Cela est important à noter si vous souhaitez réaliser une numérisation VHS NTSC, préférez un vrai magnétoscope NTSC dans ce cas précis.
Notons d’emblée que l’affichage partiel du compteur est un vrai handicap. En effet, les secondes sont inexistantes ! Il faut se contenter des heures et minutes que ce soit en lecture ou à l’enregistrement d’un signal audio/vidéo. Un scandale ! Dans ces conditions, comment repérer une séquence précise, surtout si l’on n’a placé aucun index… Il faudra tâtonner et perdre un temps précieux… Hormis ce « détail », quatre modes de montage sont proposés : Montage par Insertion, Doublage Son, Montage de Séquences et Copie Synchronisée. Le premier mode substitue avec précision une partie d’un enregistrement existant (sons et images) par une nouvelle séquence image et son Hi-Fi. Le Doublage Son remplace le son enregistré sur la piste monophonique (dite linéaire) par un son provenant des prises Audio In situées en façade. A la lecture, on peut choisir entre le son d’origine et celui doublé, voire les deux mixés ensemble.
Pour les deux autres modes d’édition, le Montage de Séquences et la Copie Synchronisée, le Thomson accepte uniquement les camescopes et magnétoscopes du groupe ainsi que les modèles JVC. Ils devront être équipés de la prise de montage Pause ou Cam/Assemble. Pour le Montage de Séquences, il convient d’utiliser le VPH-6790 en tant que lecteur et enregistrer sur un second magnétoscope muni de la même prise Pause compatible. Via le menu, on peut alors sélectionner les points d’entrée et de sortie de six séquences. En fin de sélection, une pression sur Début déclenche le montage. Précisons à ce sujet que l’absence de time code génère une précision aléatoire à la copie.
La Copie Synchronisée nécessite une démarche inverse. Elle autorise la copie sur le Thomson d’un enregistrement lu par un camescope de la marque. La connexion s’effectue en façade avec toujours la présence du câble de montage. Après avoir placé l’enregistreur en pause à l’enregistrement et le lecteur en pause à la lecture, une pression sur la touche Pause de ce dernier lance l’enregistrement sur le VPH-6790.
En lecture, la qualité des images est au rendez-vous. Bien sûr, la restitution dépend avant tout de la fiabilité de la source (définition de l’image, qualité de bande, bonne réception antenne, etc.). Toutefois, le VPH 6790 propose différents critères d’amélioration des images. Le piqué d’images (ou contour) se règle à la lecture via un curseur par palier de -7 à +7. Dans l’hypothèse d’une cassette vidéo louée, la fonction Image+ réduit le bruit de fond. De même, le mode Copie améliore la duplication quand le Thomson est placé en enregistreur. L’arrêt sur image quant à lui est parfait et exempt de barres de bruit, même en recherchant une séquence avec la bague Jog. Côté son, le VPH-6790 est un Hi-Fi stéréo Nicam. Un film donne ainsi l’illusion de relief sonore (sauf en NTSC, voir ci-après). La stéréo est parfaitement mise en valeur grâce à un excellent taux de séparation des voies droite/gauche. De plus, les niveaux audio à l’enregistrement sont réglables en manuel mais seulement dans le menu. Dommage, en pratique, ce dispositif s’avère moins souple par rapport à de « vrais » curseurs. Autre regret, la lecture d’une cassette VHS au format NTSC. Alors que nombre de concurrents ont opté pour une lecture Hi-Fi du NTSC, le VPH-6790 lit en mono. C’est d’autant plus regrettable que les passionnés de V.O. choisissent leurs films en NTSC pour deux importances raisons. La première, la présence de la fonction Closed Caption pour le sous-titrage inclus dans la majorité des films US. La seconde réside dans le son Dolby Digital (ex AC-3) inexistant en Pal ou Secam. Rappelons que le Dolby Digital offre six canaux sonores au lieu de quatre pour le Pro Logic.
Installer et programmer sur le VPH-6790 est simple (Installation Automatique en moins de huit minutes) et ludique (boule bleue qui se balade d’un menu à l’autre).
Aux côtés du Show-View, le mode VPS-PDC permet un enregistrement aux heures précises de début et fin sitôt l’envoi par la chaîne d’un signal codé. A ce jour, seules Arte et La Cinquième utilisent ce procédé. Autre fonction, le Simulcast, très intéressant pour l’enregistrement d’une émission télévisée et d’un son stéréo provenant d’un tuner extérieur. Précisons pour conclure que le tuner nous a paru particulièrement sensible.
Parmi les autres fonctions, le VPH-6790 commute automatiquement les émissions au format 16/9 émises par les chaînes ou lues sur une cassette vidéo. Notez aussi l’amusante fonction Introscan qui permet de lire les premières images de chacune des séquences. Ajoutons que la notice est plutôt bien conçue.
La connectique est à la fois conventionnelle et novatrice. Thomson a pensé aux possesseurs d’un ensemble Hi-Fi Pro Logic puisque l’on trouve une double connectique RCA entrée/sortie à l’arrière de l’appareil à proximité des Péritels AV1 et AV2 (toutes deux entrées/sorties commutables en A/V). En façade, une seconde entrée audio/vidéo RCA AV3 est prévue pour le branchement rapide d’un camescope. Sise à côté, la prise Cam/Assemble (dite aussi Pause) est dévolue aux camescopes Thomson et à JVC. Les prises micro et casque sont bien présentes lors de l’ajout d’un commentaire en doublage son.
Principal rival à prix égal, le Panasonic NV-HD660. Points communs : un tuner Pal/Secam programmable automatiquement, une bague Jog/Shuttle pour la recherche des séquences, une télécommande multi-marque, etc. L’une des différences essentielles réside dans la compatibilité Lanc (Sony, Canon, etc.) et New Edit 5 broches du Panasonic alors que Thomson ne dialogue qu’avec lui-même et JVC.
En revanche, le Panasonic ne possède pas d’éditeur de montage intégré. Autre distinction en faveur du HD660, la lecture du NTSC. Celui-ci est lu en Haute Fidélité : un « détail » auquel les amateurs de V.O. sont sensibles. Sur le Panasonic toutefois, pas question de copier en NTSC une cassette VHS américaine : cela reste l’exclusivité du Thomson. Parmi les autres plus du HD660, la lecture du S-VHS. De quoi vraiment hésiter !
Hormis l’affichage partiel du compteur qui est une hérésie, les performances sont à la hauteur du design de l’appareil. Pour environ 4.000 F, le Thomson ne manque pas d’atouts puisqu’il lit et enregistre le NTSC, offre des fonctions de montage ainsi qu’une table d’assemblage six séquences.