Pouvant asservir jusqu’à quatre lecteurs, compatible Sony, Canon et Panasonic, muni de deux prises GPI et d’une liaison RS 232C, cet éditeur de montage est le chaînon manquant d’un trio haut de gamme du matériel de post-production videonics composé du mélangeur MX1 et du titreur TM 2000.
Par Thierry Philippon et Pierre-Yves Menkhoff – Octobre 1995
Aucun magazine européen n’avait encore testé ce produit. C’est dire que nous avons reçu la « bête » avec un mélange d’excitation et d’anxiété. Excitation à l’idée de baliser un territoire encore vierge. Anxiété d’explorer une machine où le dieu Automatisme fait loi. Pour nous aider, un mode d’emploi plutôt consistant (77 pages !), notice qui fournit moult informations cruciales : la logique de connexion, la procédure pour configurer les appareils, les différentes méthodes de montage, le déclenchement des effets et des titres, la gestion des 250 « événements » mémorisables. Enfin, une foultitude d’options avancées : réglages de précision, appel d’un effet par son numéro, liaison informatique, etc. Devant la richesse du produit, nous avons opté pour une prise en main de l’éditeur expliquée par un tout en images, deux schémas de connexion et un test professionnel . Les points particuliers que nous n’avons pu tester seront examinés dans un prochain numéro. Voici notre point de vue sur le concept Edit Suite.
Bien que cet éditeur de montage fonctionne à la base avec un seul lecteur et un enregistreur, sa vraie raison d’exister est de jongler avec le mode dit A/B Roll : automatisme de deux lecteurs, un enregistreur et un mélangeur d’images. Grâce à ses deux prises GPI — une première sur une machine de ce prix — l’Edit Suite peut non seulement dialoguer avec le mélangeur MX1 de la marque mais aussi avec le titreur TM ou TM 2000.
A première vue, les connexions sont complexes. Pas de panique, elles restent simples puisque aucun signal vidéo ne transite par l’éditeur (sauf pour la gestion d’un VITC). La logique de branchement est telle que tout est câblé en moins de dix minutes. Au pire, un cordon GPI vous fera défaut si vous connectez à la fois un mélangeur et un titreur (Videonics fournit le deuxième en option !).
La grande différence entre l’Edit Suite et un pupitre comme le Sony RM-E 1000, est la gestion de tous les types de compteurs (horaire, VITC, RC, LTC audio) et la compatibilité en lecture comme en enregistrement avec les protocoles Control L (Sony, Canon) et Control M (Panasonic). Pour les magnétoscopes enregistreurs JVC, Hitachi, Philips, Grundig, Toshiba et autres, un cordon infrarouge est fourni. Enfin, un pont est assuré avec l’informatique, ou un magnétoscope institutionnel de type Panasonic AG-5700 grâce au port série RS-232C (voir en page 44), voire même un enregistreur pro par liaison RS-422.
Mais la vraie problématique de ce produit est qu’un tel éditeur, même secondé de ces deux « satellites » (MX1 + TM 2000), ne rivalise pas avec le Roi Ordinateur. Ne vaut-il pas mieux acquérir une Vidéo Machine version Lite ? Ou goûter aux joies de la vidéo numérique ? Après tout, une carte de numérisation est très économique, surtout lorsque le logiciel de montage est fourni avec (cas de la carte Fast FPS 60 livrée avec Adobe Premiere 4.0). En fait, les éléments de comparaison ne sont pas si tranchés.
La première erreur de raisonnement de ceux qui dénigrent le matériel analogique haut de gamme au profit d’un équipement informatique, est qu’un utilisateur passionné se pose rarement la question du choix sans posséder déjà un équipement de base… Le profil « analogique » a investi progressivement, de façon presque indolore. C’est vrai, une carte double trame ou un logiciel de montage est d’un faible coût, mais notre utilisateur hésite à investir de nouveau dans un PC 486 DX muni de 8 Mo de Ram (surtout qu’on lui laisse entendre que 8 Mo, c’est un peu juste). Et que faire de son ancien matériel acquis au fil des ans ? Seconde erreur de jugement, l’apprentissage de la logique et de la terminologie informatiques suscite, notamment chez les seniors, des craintes, parfois fantasmatiques, qui puisent certainement leurs sources dans les affres des « bugs ». C’est ainsi…
Enfin, troisième et dernière erreur d’analyse, la valeur Argus n’est pas identique. Un matériel de montage analogique, dépourvu de partie mécanique, vaut encore 50 à 70 % de sa valeur deux ans après son acquisition. Cinq ans après sa sortie, une régie comme la Panasonic AVE5 se négocie facilement entre 4.500 et 6.000 F. A l’inverse, un logiciel peut perdre jusqu’à 50 % de sa valeur en l’espace d’un an, les versions améliorées étant deux fois plus performantes pour un prix deux fois moins élevé. Dans ces conditions, l’acquisition d’une Edit Suite est plus réfléchi qu’il ne paraît. A la lecture des pages qui suivent, vous vous forgerez sans doute une opinion plus complète.
Très maniable, elle pilote à distance toutes les vitesses d’un magnétoscope. Peut être sollicité pour un camescope si ce dernier est muni d’une mécanique de recherche avant/arrière (exemple : Sony VX1, TR 2000, Canon EX1/EX2, etc.). Seul « défaut », un léger temps de réponse de la bague Shuttle lors de mouvements brusques. A noter que le Jog sert aussi à modifier certains paramètres du menu.
C’est une première, on dispose de deux connecteurs GPI. Cette interface assure une impulsion qui exécute automatiquement un effet (GPI-M) ou un titre (GPI-T).
A noter que Videonics ne fournit qu’un câble GPI (c’est mesquin). La liaison avec une MX1 ou un TM 2000 fonctionne à merveille (on peut notamment taper le numéro de l’effet) mais la programmation suit une procédure assez rigide. Surtout, le mode d’emploi ne détaille qu’un seul enchaînement de séquence (A/B Roll). Or, la vraie difficulté est d’assimiler la logique de l’alternance entre A et B et de programmer dans le bon ordre le lecteur « courant » et le lecteur « destination ». Conseil à Videonics : rédiger un additif de 3 ou 4 pages sur le « couple » MX1/Edit Suite en indiquant les différents cas de figure ainsi que les manipulations à faire ET A NE PAS FAIRE. Concernant le titrage, bravo pour l’option « relative ».
Explication : même si on modifie la programmation de la séquence, le point GPI du titre se décale RELATIVEMENT au point d’entrée ou de sortie.
Comme son nom l’indique, la fonction All Stop donne l’ordre d’interrompre à tout moment l’assemblage ou la Preview. La réaction n’est toutefois pas immédiate, l’Edit Suite « cogite » pendant environ 10 secondes avant de répondre à l’ordre.
L’Edit Suite pilotant jusqu’à 4 sources, le montage entre deux lecteurs offre jusqu’à 12 combinaisons possibles. Naturellement, un effet de transition (fondu-enchaîné) ne peut s’effectuer qu’entre deux lecteurs et non quatre. Avec une MX1, veillez à ce que l’affectation des sources soit parallèle (A avec A, B avec B).
Les touches In et Out permettent de mémoriser les seuils d’entrée et de sortie d’une séquence qui s’affichent alors (l’un après l’autre) sur l’écran LCD. Toute modification de ces points est possible à tout instant.
Pour revoir la dernière séquence enregistrée (Review) ou visualiser la (les) séquence(s) en cours (Preview). En l’absence d’effets ou de titrage, la Preview est superflue car le lecteur se contente de relire la séquence en mode Lecture (pas d’arrêt sur image). A l’inverse, cette prévisualisation est d’une grande utilité pour contrôler la programmation d’un fondu-enchaîné ou d’un point GPI.
Si une connexion est établie avec le mélangeur MX1, l’action de cette touche permet de générer un « noir régie » (pour traquer la bande) ou un fondu au noir.
Après action de la touche « R », l’enregistreur « prend la main ». Le compteur ne s’affiche que s’il existe une liaison filaire avec l’Edit Suite (par infrarouge, pas de compteur). Pour cette raison, la souplesse sera plus grande avec un modèle Panasonic ou Sony bien que toutes les marques de magnétoscopes conviennent.
Ce pavé de touches correspond à de multiples fonctions parmi lesquelles : la configuration des appareils, la gestion de l’EDL (la liste de montage), l’appel d’un effet par son numéro, les réglages de précision, les temps de Preroll et de Postroll, etc. Les flèches directionnelles servent notamment à déambuler dans l’arborescence du menu. Toutes les fonctions de ce pavé de touches sont expliquées en détail à la fin du mode d’emploi. A noter que ce dernier fournit aussi un glossaire très détaillé de 62 termes se rapportant au montage.
Permet d’éliminer des séquences indésirables ou d’annuler les points d’entrée/sortie d’une séquence. Pour effacer toute la mémoire, un autre Delete est accessible via le menu Set Up.
Héritage des pupitres de montage professionnels, l’association de ces deux touches est maintenant répandue sur la plupart des éditeurs grand-publics sophistiqués. L’utilisateur peut accéder — et donc vérifier — directement n’importe quelle scène en la cherchant dans l’EDL (Édit Decision List) puis en appelant son point d’entrée (Go To/In) ou son point de sortie (Go To/Out). Très pratique.
Le Split permet de décaler le point d’entrée audio par rapport au point d’entrée vidéo. Mais seuls les utilisateurs de magnétoscopes pros en auront l’usage. En revanche, l’Insert semble exploitable sur un modèle grand-public.
Affiche toutes les informations nécessaires au montage, notamment les points In et Out. A noter que la luminosité de la fenêtre LCD peut être ajustée très finement afin que l’utilisateur ne soit pas obligé de se pencher à la verticale de l’écran. Au total, 250 scènes — en fait 250 « événements »— sont mémorisables. Attention, chaque GPI compte pour un « événement ». Seul regret, la fenêtre LCD ne permet de lire que les références d’une seule scène à la fois. Or, aucun affichage sur l’écran du téléviseur n’a été prévu pour visualiser simultanément les coordonnées des lecteurs A, B et des points GPI-M ou GPI-T.
Fournie avec l’Edit Suite, cette télécommande est indispensable pour asservir un enregistreur non Panasonic ou non Sony. La diode peut se positionner de deux manières : soit glissée en dessous du magnétoscope, soit posée sur le sommet de celui-ci. A noter qu’une liaison infrarouge offre moins de possibilités qu’une liaison filaire. a) Le compteur enregistreur ne s’inscrit pas dans la fenêtre LCD. b) Les touches de pilotage de l’éditeur sont inhibées hormis la Pause. c) Il faut placer manuellement l’enregistreur en mode Pause/Enregistrement.
La fonction de la touche Auto Rec ne doit pas être confondue avec l’assemblage automatique de séquences (Shift + Auto Rec). Utilisée seule, elle se cantonne à libérer la pause de l’enregistreur afin d’effectuer un montage rapide « à la volée ». On aurait souhaité que cette même touche agisse de nouveau sur la pause pour replacer le magnétoscope en Pause/Record.
En fait, il faut solliciter la touche Pause de l’éditeur, ce qui provoque quelques fausses manœuvres lors de la réalisation expresse d’un assemblage en « bout-à-bout »
L’association de ces deux touches permet de lancer l’assemblage de séquences. Pourtant, sur la plupart des éditeurs du marché, l’assemblage automatique est régi par une seule touche. Le choix de Videonics est contestable car une pression insuffisante sur la touche Shift engendre une fausse manœuvre : on donne l’ordre de libérer la Pause de l’enregistreur et non de lancer l’assemblage. Moralité, on est contraint d’arrêter l’enregistrement et de recaler le magnétoscope.
Qui peut le plus peut le moins. Hormis le montage A/B Roll (ci-dessous), l’Edit Suite offre au moins trois autres options qui ne nécessitent qu’une unique source. A) Le montage à la volée avec ou sans mémorisation des points de montage. Solution idéale pour les maquettes rapides. B) Le montage automatisé avec effet de gel d’image (AIA Roll). Requiert l’acquisition du mélangeur MX1. C) Enfin, le montage automatisé avec envoi d’un titre.
Une configuration très complète qui permet d’exploiter toute la richesse de l’Edit Suite. Vous n’utiliserez probablement pas 4 sources mais « seulement » 2. Tous les lecteurs peuvent être pilotés par l’Edit Suite, l’enregistreur étant relié par infrarouge, ou mieux par câble Lanc (Sony, Canon) ou Control M (Panasonic). Notez que la sortie du MX1 est reliée à l’entrée du TM 2000. Ce dernier est placé APRES le MX1, et non AVANT, afin de pouvoir titrer non pas sur une seule image source mais sur le mélange des signaux en sortie du mélangeur. Seule difficulté de ce mini-studio de montage, la programmation des effets et des titres via les prises GPI. Deux impératifs : une lecture scrupuleuse du mode d’emploi et de nombreux essais à blanc. Enfin, une condition préalable : connaître comme sa poche le fonctionnement du mélangeur et (ou) du titreur indépendamment de toute liaison GPI. Sinon, vous risquez des erreurs de programmation dont vous ne comprendrez pas l’origine. | Cette configuration comprend le titreur TM 2000 relié à l’Edit Suite via leur prise GPI respective. Une seule source et un enregistreur suffisent, ce qui réduit l’investissement financier et simplifie les manœuvres. Notez que ce schéma n’est valable que pour un montage au compteur horaire ou au RCTC. Pour exploiter un VITC, le signal vidéo devra transiter par l’éditeur de montage. Plus tard, on peut évoluer vers une configuration plus optimale comme celle décrite ci-dessous. |
CV 87