Ce n’est pas un hasard si la table de montage Videonics fonctionne sur le principe d’un ordinateur : ses inventeurs sont des transfuges de la célèbre firme Apple. Cependant, sa manipulation ne demande aucune connaissance particulière. Un matériel de post-production videonics complètement interactif, de petite taille, doté d’un générateur de caractères, d’une banque de graphismes et permettant de nombreux effets spéciaux.
Christian Dartevelle – septembre 1989
Comparé au marché des caméscopes, celui des systèmes de montage grand public paraît balbutiant. Nous en sommes au stade où seule la prise de vues semble attirer toutes les exigences, celles des fabricants mais aussi des vidéastes. La qualité des images, sans cesse améliorée, la maniabilité toujours plus grande des caméras vidéo ont de quoi susciter l’enthousiasme, même si d’aucuns se plaignent que tout va trop vite. Reste que nos images réalisées sur le vif exigent, pour être présentables, d’être ensuite triées et habillées. Autrement dit, le montage n’est pas un mal mais un bien nécessaire.
Encore faut-il qu’il soit de la portée de tous. Et c’est là que le bât blesse. Car un système de montage destiné au grand public doit être à la fois précis et d’un maniement simple. Deux conditions difficiles à remplir au vu des rares modèles existants. Mais ne soyons pas trop pessimistes, et reconnaissons que bien des progrès ont été réalisés dans ce domaine. La sortie du Videonics VCU1 constitue à cet égard une mini-révolution.
Mais au fait, sur quel principe fonctionne donc une table de montage ? Il s’agit, ni plus ni moins, d’asservir un appareil lecteur (camescope ou magnétoscope) et un appareil enregistreur à un procédé électronique de commande et de synchronisation ; le téléviseur jouant le rôle d’écran de contrôle. Et c’est justement pour faciliter ce contrôle que les concepteurs du VCU1 ont imaginé un système interactif permettant à l’utilisateur de dialoguer à chaque instant avec la machine, via l’écran du téléviseur.
On pense tout de suite à l’ordinateur, type Mac-intosh, et ce n’est pas tout à fait un hasard puisque ses inventeurs sont des transfuges de la célèbre firme Apple. Cette particularité ne doit pas pour autant rebuter tous ceux que le seul mot « informatique » effraie. Il faut insister sur ce point, aucune connaissance particulière des micro-ordinateurs n’est requise pour manipuler un tel appareil.
A quoi ressemble t-il ? Le Videonics VCU1 présente une petite unité centrale (format 21 × 24 cm) à connecter au magnétoscope enregistreur, complétée d’un petit prisme noir destiné à recevoir les ordres émanant de la télécommande infrarouge. Le raccordement au moniteur (ou téléviseur) passe par des prises BNC, RCA ou Péritel. Quant à la connexion du magnétoscope, les câblages audio et vidéo possèdent chacun une couleur distincte pour éviter toute confusion.
Sitôt les appareils mis sous tension, le voyant START apparaît. Les magnétoscopes seront bien sûr réglés sur la vitesse de défilement standard. Pour réaliser ce test, nous avons utilisé, côté enregistreur, le magnétoscope S-VHS JVC HR-S5000 ; côté lecteur un magnétoscope 8 mm Sony EV-S800 ; enfin un téléviseur Sony KV-27.
Premier geste : introduire la « cassette-programme », exactement comme on le ferait d’une disquette dans l’ordinateur. Il s’agit d’ailleurs d’un authentique programme informatique (ou logiciel), stocké en numérique sur cassette vidéo. Le magnétoscope se met en lecture et les signaux ainsi réceptionnés vont permettre à l’unité centrale d’en contrôler toutes les fonctions.
Si la phase de chargement automatique s’avère un peu longue, sachez que le programme, lui, reste valable une fois pour toutes, pour peu que l’on travaille toujours avec le même matériel.
Le programme « Directed » – c’est son nom – est chargé, toutes les opérations vont pouvoir se dérouler en complète interactivité avec l’écran TV. La machine affiche au fur et à mesure toutes les données en interrogeant l’utilisateur sur ses choix. Ainsi les manœuvres à préparer s’inscrivent sur l’écran à l’intérieur d’un bandeau de couleur jaune. Par exemple: « regarder le film », « faire son film », « ajouter titres ou effets spéciaux », « éditer et changer les scènes», « procéder au montage final », etc.
Chaque ordre validé est transmis par la télécommande à l’unité centrale. Sur un bandeau de couleur verte cette fois, s’affiche l’opération en cours. Avec, à tout moment, la possibilité de retourner au menu qui indique la marche à suivre (touche HELP).
Le Videonics autorise le montage séquence par séquence comme une table de montage traditionnelle, mais offre d’autres fonctions créatives. Il intègre, par exemple, un générateur de caractères et de graphismes, une « point box » ou boîte de couleurs électronique, et un choix de volets. Dix-neuf effets, dix-sept dessins mémorisés, une palette de soixante-quatre couleurs : le monteur profite d’une véritable banque d’effets.
Après lecture de la cassette-programme, l’utilisateur est invité à réaliser une copie de sa cassette originale. C’est cette copie « de travail » qui va recevoir le montage. Il suffit, à partir du menu, de retenir, dans l’ordre, les propositions « réaliser film avec Directed » et « copier original » pour déclencher cette opération, qui s’écoule en temps réel. Puis la machine exigera de connaître deux informations : l’intitulé de la cassette et sa durée maximale.
Dès les premières secondes de bande s’inscrit un codage informatique contenant les caractéristiques du magnétoscope enregistreur. Si la cassette-programme venait, pour telle ou telle raison, à être endommagée, toute la programmation serait de la sorte sauvegardée. Sécurité donc.
Le menu propose ensuite de visionner la copie pour procéder au repérage des scènes à monter. Une commande permet de marquer les points d’entrée et de sortie de chaque séquence et de leur attribuer un intitulé. L’utilisateur obtient ainsi un pré-montage composé de scènes extraites de sa copie de travail et cela dans l’ordre chronologique. Cette « matière » pourra être retravaillée : réorganisation des séquences, ajout de titres, de dessins, de volets. Là encore, le monteur peut contrôler les opérations en appelant la fonction « lister les scènes du film ».
Tout l’intérêt de cet « ordinateur » réside dans la possibilité de personnaliser le montage brut en l’agrémentant de titres, de dessins et d’effets. Ceci avec une grande variété de mises en page possibles. Titres et graphismes peuvent faire l’objet de séquences autonomes ou être incrustés à l’image. Le menu précise : « monter film, ajouter titres et graphismes » ou « relever scènes avec titres et graphismes ».
La mémoire du Videonics stocke en mémoire un choix de logos et de symboles, mis à la disposition de l’utilisateur. L’un figure un clap de cinéma, l’autre l’espace, un autre encore un coucher de soleil ou un gâteau d’anniversaire… La fonction COULEUR appelle à l’écran une superbe palette: soixante-quatre teintes en dégradé, la sélection s’affichant dans le menu. Le dessin peut apparaître en couleur ou en incrustation.
Le titrage, quant à lui, s’effectue à partir de la télécommande. Choix d’un caractère (d’imprimerie ou de machine à écrire par exemple), de sa taille, plus curseurs et touches de placement pour leur mise en page. Celle-ci s’effectue par incrustation sur graphisme, fond de couleur ou sur l’image avec mise en couleur et dégradé possible.
Autre forme d’habillage, les effets de volets. Volets horizontaux, verticaux, à partir du centre de l’image, volet transparent ou à effet « store vénitien », etc. Comme pour les titres et les dessins, ces volets viendront, au choix, en eut ou en fondu en programmant les temps d’ouverture et de fermeture.
Le Videonics procède également au montage son. Par exemple en insérant des plages de silence en début et en fin de séquence, en réalisant des fondus sonores, des coupures et des changements d’ambiance. Enfin tous ces effets une fois générés n’empêchent pas l’utilisateur de restructurer son montage, en modifiant à nouveau l’ordre des séquences, voire en les enrichissant avec d’autres.
Lorsque toutes les scènes sont identifiées, repérées dans l’ordre voulu, que les titres, les dessins, les volets sont exécutés, il ne reste plus qu’à demander au VCU1 de procéder au montage final. Celui-ci sera enregistré sur la cassette de travail ou, mieux, sur une cassette vierge. Au moment voulu, l’appareil remet les scènes dans l’ordre puis les appelle, une à une, par leur nom.
Dès que le Videonics enregistre un ordre (copier l’original ou procéder au montage final), il met automatiquement en route-son dispositif de mémoire. Ainsi toutes les informations sont enregistrées sur la cassette, qui conserve la trace des originaux, des copies et des montages. Et comme plusieurs précautions valent mieux qu’une, ces informations seront enregistrées à plusieurs reprises, pour parer à un défaut de la bande. Il est même possible d’en réaliser un duplicata pour s’assurer une double sauvegarde. Cette mémoire reste d’ailleurs accessible dans le temps. Pour retrouver une scène, la demander à l’ordinateur. Sa capacité mémoire RAM de 256 kbytes le préserve de tout « oubli ».
Le Videonics VCU1 ne demande aucun entretien particulier. Le constructeur conseille toutefois de le laisser toujours branché sur le magnétoscope, dans un endroit aéré. Aucun souci à se faire, les fonctions traditionnelles du magnétoscopes restent disponibles.
Après maintes manipulations, le VCU1 apparaît à la fois complexe et simple à utiliser, selon que l’on rentre ou non dans la logique du système qui est celle des micro-ordinateurs. Un obstacle qui se franchit aisément ; il suffit pour cela d’un brin de curiosité et de se laisser guider par le menu affiché en permanence sur l’écran du téléviseur. Ne pas chercher, donc, à griller les étapes.
Les montages fournis sont d’une facture professionnelle. Le mélange des titres et de dessins, la programmation très précise des fondus audio et vidéo, les coupures, franches, sont des« plus » très appréciables. L’absence du symbole de Copyright ou la signature automatique de la machine ( « réalisé par Videonics ») enfin de montage (et du reste simple à effacer à l’aide de la pause d’enregistrement du magnétoscope) sont des détails sans importance.
Plus ennuyeux, en revanche, l’absence de time-code. Le codage des signaux de synchronisation fonctionne en effet à l’aide de tops. En clair, le magnétoscope lecteur n’étant pas asservi au système, le montage a lieu en temps réel, pendant le défilement de la bande de travail. D’où l’imprécision des points de montage (entre 6 et 8 images en moyenne).
Autre reproche maintes fois entendu au sujet des tables de montage : la lenteur de la procédure. Mais c’est le montage proprement dit, dérushage inclus, qui prend du temps. Toujours est-il qu’on se facilitera la tâche en gardant l’appareil installé à demeure. Pour la suite, seule la pratique compte.
Comme toutes les régies d’effets ou de montage disponibles sur le marché, le Videonics fonctionne en Pal. Impossible par exemple de générer couleurs et dessins en Sécam. Et l’utilisation d’un transcodeur dégraderait de manière trop importante la définition. Il est en revanche compatible avec tous les formats VHS, S-VHS, Beta, 3/4 et 8 mm. Il peut aussi être connecté à deux magnétoscopes ou à un magnétoscope et à un camescope de marques et de formats différents.
L’enregistreur doit posséder une télécommande infrarouge de pause, un système de recherche visuelle rapide et des connecteurs d’entrées/sorties audio-vidéo.
Distribué par FVS à un prix accessible (7.850 F environ), le Videonics est un appareil tout à fait compétitif.
CV 20